CAMPAGNOLE (nom usuel CAZAVANT), Barthélémy, Justin (prénom usuel), Charles, Gérard

Par Michel Cordillot, Jean-Louis Robert

Né le 21 octobre 1822 à Orincles (Hautes Pyrénées), professeur, quarante-huitard, blanquiste, communard

La naissance de Barthélémy Cazavant fut déclarée à Orincles-les-Bains par sa seule mère, Jeanne Campagnole, lors de sa naissance. Il ne fut pas reconnu par son père l’avocat Gérard Cazavant (qui fut aussi juge d’instruction), à la différence de sa sœur Amphrosine née quelques années plus tard. Il prit cependant le nom de son père.

Cazavant monta faire des études de droit à Paris à la fin de la Monarchie de juillet. Après avoir participé activement à la révolution de février 1848, il devint l’un des rédacteurs de la Commune de Paris de Joseph Sobrier. Il habitait alors place de l’Odéon. Il fut un actif participant aux journées de juin 1848. Arrêté le 24 juin, il put s’évader du fort d’Aubervilliers le 29 août, commençant ainsi une longue série d’évasions ou de tentatives d’évasion. Il fut contraint de s’exiler à Londres et fut condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité pour sa participation à l’insurrection de juin.
À Londres, il se rapprocha des blanquistes et devint secrétaire de la société des proscrits démocrates socialistes de Londres, présidée par Louis Blanc. Mais les tensions personnelles et politiques se multiplièrent dans l’émigration. Lors d’un grand banquet des proscrits à Londres en mars 1849, il se distingua de Louis Blanc qui porta un toast « Aux délégués au Luxembourg » en portant lui un toast « À l’abolition du prolétariat. »
Mis au ban de l’émigration par suite des accusations de d’Emmanuel Barthélemy qui l’accusait d’être un mouchard, il prit le parti d’imposer le silence à ses diffamateurs en se constituant prisonnier le 24 novembre 1849 entre les mains du procureur de la République de Bordeaux.
Écroué à la prison départementale de la Gironde, il passa de nouveau devant un conseil de guerre, et fut condamné à dix ans de forteresse le 5 mars 1850. Il se conduisit avec courage lors du procès, répondant au juge qui lui demandait sa profession, « Forçat. Sous la République modérée, les vrais républicains n’en ont pas d’autre ! » Il défendit le droit à l’insurrection.
Il entra au pénitencier de Belle-Île-en-Mer (Morbihan) le 4 octobre 1850, précédé d’une réputation de détenu à surveiller de très près, puisqu’il avait déjà réussi une fois à s’évader. En août 1851, il s’échappa avecFlotte de la prison du château Fouquet à Belle Isle. Ils furenttrahis par le pêcheur qui devait leur fournir un bateau. Flotte fut retrouvé dès le soir et Cazavant se rendit le lendemain. Flotte et Cazavant sont dès lors enfermés trente jours dans des conditions extrêmement dures pendant un mois.
Cazavant fut ensuite placé dans la cellule n° 15, adjacente à celle dans laquelle se trouvait Blanqui.. Les deux hommes n’eurent aucun mal à s’entendre et à sympathiser, et ils préparèrent de concert une tentative d’évasion qui se déroula les 4 et 5 avril 1853 et échoua finalement par suite d’une délation.
En 1854, une nouvelle tentative d’évasion en perçant un tunnel à partir de sa cellule fut découverte par ses gardiens (peut-être sur dénonciation de Sébastien Carbasse), et lui valut d’être mis au cachot.

Libéré à la fin des années 1850, il fut élu en mai 1863 président d’un comité des électeurs des neuf circonscriptions de Paris qui publia un appel au vote pour « le candidat s’éloignant le moins possible de nos opinions », et contre tout vote blanc. Il se déclarait alors professeur de mathématiques et habitait 7, square Clary, VIIIe arrondissement. En 1864 (résidant alors dans l’île Saint-Louis) il fut membre du noyau blanquiste constituant l’embryon du Parti (voir Casse Germain). Durant le séjour de Blanqui à l’hôpital Necker, il fit partie de ses visiteurs attitrés et fut l’un des organisateurs de son évasion en 1865. Sa très grande taille fut fort utile pour dissimuler Blanqui des yeux des gardiens. À la fin de l’Empire, il était, sous le pseudonyme de Vritz, l’un des membres de l’échelon supérieur des groupes de combat blanquistes.
Membre du club La Patrie en danger, il fut délégué, le 7 septembre avec Lacambre et Mabille pour demander au gouvernement la libération de Nourrit, condamné pour l’assassinat de Brea. Le 19 septembre 1870, il figurait parmi les anciens détenus politiques signataires d’une adresse au gouvernement de Défense nationale pour fustiger sa pusillanimité et sa mollesse, donnant ainsi le signal d’un conflit qui allait trouver son aboutissement ultime dans la Commune. Pendant la révolution, il accepta de diriger le dépôt central d’artillerie de Saint-Thomas d’Aquin. L’absence de toute information sur Cazavant ensuite pourrait laisser penser qu’il est mort pendant la Semaine sanglante.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182642, notice CAMPAGNOLE (nom usuel CAZAVANT), Barthélémy, Justin (prénom usuel), Charles, Gérard par Michel Cordillot, Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 19 juillet 2016, dernière modification le 10 janvier 2022.

Par Michel Cordillot, Jean-Louis Robert

SOURCES : M. Dommanget, Auguste Blanqui à Belle-Île (1850-1857), Librairie du Travail, 1935 (Collection faits et documents). — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire à la fin du Second Empire, Paris, Armand Colin, 1960. — J.-Y. Mollier, « Belle-Île-en-Mer, prison politique », Maintien de l’ordre et polices en France et en Europe au XIXe siècle, Société d’Histoire de la Révolution de 1848 et des Révolutions du XIXe siècle, colloque de 1983, Paris, Créaphis, 1987. — État-civil d’Orincles. — Norman Plotkin, « Les alliances des Blanquistes dans la proscription », 1848-Revue d’Histoire du XIXe siècle, 1951, n°189, p.116-121. — Insurrection de juin 1848-Affaire Cazavant, Rennes, Imp. De Leroy fils (sd), extrait de Le Droit. — Le débat social, jeudi 8 mars 1849. — Le sémaphore de Marseille, 24 mai 1863. — Le courrier français, 27 janvier 1867.

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