COËFFÉ Vincent (parfois orthographié COIFFÉ)

Par Notice revue et complétée par M. Cordillot

Né à Aulude, dans la région de Lyon (Rhône) le 1er janvier 1789, mort à Saint Louis (Missouri, USA) en avril 1874 ; maître formier (fabricant de formes pour chaussures) ; marié ; communiste cabétiste parti aux États-Unis rejoindre la colonie icarienne ; membre de l’Union Républicaine de langue française et de l’AIT.

Ouvrier, puis maître formier, gagné au socialisme, il devint vers 1840 un adepte du communisme réformiste de Cabet. Coëffé en organisa la propagande d’abord à Lyon, puis à Vienne (Isère) où il se fixa en 1842. Ses relations personnelles avec Cabet ne commencèrent toutefois qu’en 1844, date à laquelle il devint le correspondant du Populaire et le dirigeant incontesté des icariens viennois. Il était alors en correspondance avec les icariens de Lyon, Grenoble, Givors et Annonay. Grâce à son action militante, Vienne devint rapidement un des bastions du communisme icarien. En juin 1846, il fut arrêté et incarcéré pendant 10 jours, comme prévenu de faire partie d’une association non autorisée, c’est-à-dire pour avoir constitué en France le plus fort groupe de communistes réformistes connu, puisqu’il comptait de quatre à cinq cents membres, avec soixante-deux abonnements au Populaire. En août 1848, la police le soupçonnait d’être parmi les instigateurs de la grève des drapiers de Vienne.

Le 28 novembre 1848, il embarqua au Havre sur le Pie IX avec les 112 autres icariens qui composent le 3e Grand départ. Il figurait d’ailleurs parmi les membres du conseil de gérance de ce départ.

Arrivé à La Nouvelle-Orléans, confronté aux désastre subi par les deux premières avant-gardes, il décida néanmoins de continuer et suivit le fondateur d’Icarie à Nauvoo. En 1850, il y résidait avec son épouse Spicaris, née en France vers 1793 (Federal Census, 1850).

En 1851, il figurait parmi les signataires de la "Lettre des Icariens viennois" à propos des dissensions qui se manifestaient au sein de la colonie (Le Populaire, 21 février 1851), puis celle des "Icariens lyonnais de Nauvoo" (Le Populaire, 7 mars 1851).

Le 30 juillet 1852, il demanda la citoyenneté américaine et fut effectivement naturalisé citoyen américain en mars 1855 (Naturalization Records, Hancock County, Ill.).

En 1854, il était le sabotier de la communauté (Colonie icarienne, 27 septembre 1854). Lors de l’éclatement de la colonie en 1856-57, il soutint Cabet et partit avec lui pour Saint-Louis.

Lorsqu’éclata la guerre de Sécession, il était encore membre de la colonie de Cheltenham, et figura au nombre des icariens dont l’engagement dans les rangs nordistes allait sauver financièrement la colonie. Fin 1862, mécontent du peu de reconnaissance que lui témoignaient les autres icariens, il suivit J. Loiseau dans sa dissidence et décida de se retirer, demandant alors le remboursement de son apport. Renvoyé au Bureau de Paris, il se retourna contre ce dernier et déposa plainte (de même que Leitzellmann) pour escroquerie, geste qui précipita la décision de J.-P. Béluze de se retirer définitivement.

En 1870, à 82 ans, Vincent Coëffé, membre de l’Union Républicaine de Langue Française (dont il avait sans doute été l’un des membres fondateurs avec ses amis ex-icariens ; voir G. Bauer, J. Loiseau, B. Mercadier) présida le banquet de 600 personnes organisé à Saint-Louis par l’Union Républicaine de Langue Française pour commémorer l’anniversaire du 24 février 1848 (Bulletin de l’Union républicaine, 31 mars 1870).

En 1872, il était président de la section n° 14 de l’AIT (Le Socialiste, 21 août 1872). Cette année-là et les deux suivantes, on retrouve son nom à plusieurs reprises sur les listes de souscriptions au profit des veuves et orphelins de communards, des grévistes monthésans, ou encore du Bulletin. En 1873, il publia une brochure anticléricale intitulée Les Jésuites et l’Amérique (La Commune de La Nouvelle-Orléans signalait à ses lecteurs qu’elle venait de la recevoir et la tenait à la disposition des souscripteurs intéressés le 27 décembre 1873).

Le 16 avril 1874, le Bulletin de l’Union républicaine annonça que Vincent Coëffé venait de mourir « sur la brèche », signalant qu’il était aussi l’auteur d’un Projet de constitution égalitaire.

Les groupes icariens de l’Isère comprenaient entre autres les militants suivants : Baër, Boile S., Boussu V., Crétinon Jean, Gagnière, Lacour F., Lacour F.-M., Ravat E., Therme, Therme C.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182658, notice COËFFÉ Vincent (parfois orthographié COIFFÉ) par Notice revue et complétée par M. Cordillot, version mise en ligne le 19 juillet 2016, dernière modification le 17 février 2019.

Par Notice revue et complétée par M. Cordillot

SOURCES : Le Populaire de 1841, n° du 26 juillet 1846. — Le Socialiste, année 1872. — Bulletin de l’Union républicaine, années 1870 et 1874. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet. Contribution à l’étude du Socialisme expérimental, 2e éd., Paris, 1926, p. 399 et p. 462. — F. Rude, Voyage en Icarie. Deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, Paris, 1952, pp. 20 et sq. — F. Rude, « L’arrondissement de Vienne en 1848 », dans La Révolution de 1848 dans le département de l’Isère, Grenoble, 1949, p. 236-241.

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