COLIN Thomas, Nicolas

Né à Poussay (Vosges) le 31 mai 1811. Ajusteur mécanicien à Paris, secrétaire de la Société fraternelle des ouvriers mécaniciens et serruriers, conseiller prud’homme. Participant de la Commune de 1871.

Colin fut d’abord employé dans les bureaux de l’usine Gouin, comme copiste. Il était contremaître chez Gouin, quand, en 1851, il se mit à son compte, sans doute pour faire du travail à façon.

Délégué au Luxembourg en 1848 pour les ouvriers mécaniciens, il se signala en premier lieu en signant avec Drevet et Lavoye, également délégués des mécaniciens, la déclaration de la Commission des délégués ouvriers pour l’Organisation du Travail, parue dans La Voix des Clubs du 19 mars, et où la délégation ouvrière au Luxembourg prenait entièrement à sa charge la puissante manifestation des corporations du 17.

Signataire, comme vice-président de son bureau provisoire, du règlement de la Société générale politique et philanthropique des mécaniciens, serruriers et de toutes leurs subdivisions, il fut l’un des fondateurs, le 1er mai 1848, de la Société fraternelle des ouvriers mécaniciens et serruriers en général du département de la Seine, qui en fut la seconde forme et qui se manifesta aussitôt par une grève chez Gouin, dont les ouvriers demandèrent une augmentation de salaire d’un franc par jour. La Société fraternelle soutint la grève par des secours de chômage qu’elle avait pour but d’assurer à ses membres en même temps qu’elle prévoyait la création d’ateliers de garantie contre le chômage.

Le 9 juin, Colin attira l’attention comme secrétaire de la Société fraternelle, par un appel aux ouvriers pour l’organisation par sections d’arrondissement du Comité central de la société et invita ceux qui étaient sans travail à s’inscrire au bureau central permanent, 171, rue du Faubourg-Poissonnière, où les patrons pouvaient s’adresser pour trouver des ouvriers. Le contrôle de l’embauche recherché fut effectif sur l’ensemble de l’industrie métallurgique parisienne. Son élection comme conseiller prud’homme, en mai 1848, donna la mesure de son influence.

Arrêté en Juin, Colin fut relaxé après interrogatoire, quoique ce fût lui qui, d’après Gouin, « eût dans les insurrections débauché ses ouvriers ». Demeurant rue des Moines, aux Batignolles, Colin se trouvait, comme nombre d’ouvriers des entreprises de constructions mécaniques établies dans l’Ouest de Paris, trop éloigné du théâtre de l’insurrection pour y participer.

En décembre 1848, il regroupa les anciens délégués du Luxembourg en une Commission dont il fit partie.

Il demeurait encore aux Batignolles, rue Lemercier, quand, en 1851, le 5 décembre, il organisa une délégation des ouvriers des ateliers du chemin de fer de Saint-Germain pour aller demander avec l’élargissement de l’un de leurs camarades, arrêté dans un rassemblement, des explications à la mairie sur l’attitude de la garde nationale à leur égard. Ce faisant, il cherchait à organiser et à contenir l’action ouvrière, puisque l’échec de l’insurrection était patent depuis la veille. Le 3 décembre, ses instructions pour construire une barricade à la Fourche n’avaient pas été suivies, ni non plus, le 4, ses appels aux ouvriers de Gouin, avenue de Clichy, en compagnie de Berru. Arrêté, il fut, compte tenu de son action modératrice, libéré mais recommandé à la surveillance policière. Voir Berru C., Drevet J.-P., Lavoye.

En 1871, lié à Combault, Colin exerça, pendant la Commune de Paris, les fonctions de percepteur du XVe arr. de Paris. « Pour usurpation de fonctions », il fut condamné le 29 juillet 1871 à deux ans de prison.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182659, notice COLIN Thomas, Nicolas, version mise en ligne le 19 juillet 2016, dernière modification le 18 février 2019.

SOURCES : Arch. Min Guerre, B 185.— Arch. Nat., BB 24/770 (état n° 1).

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