COMMISSAIRE Sébastien

Né le 10 septembre 1822 à Dôle (Jura), mort en 1900 à Lyon. Ouvrier en soie, puis sous-officier d’infanterie. Représentant du peuple sous la Seconde République (1849). Démocrate-socialiste.

Fils de tisserand, après une année d’école primaire, il devint apprenti chez son père. A 14 ans, il alla travailler à Lyon comme ouvrier tisseur en soie. Son père ayant abandonné sa famille, il en devint l’unique soutien. Il appartint à la société secrète, de tendance communiste, des Égaux — voir Blanc Antoine et Maurin. Il avait adopté les doctrines de Cabet et avait recueilli des signatures pour la pétition qui réclamait une enquête sur la situation des ouvriers. Après avoir assuré le sort des siens, il s’engagea en 1846 au 2e bataillon de chasseurs à pied, y continuant sa propagande républicaine. En 1848, il était sergent au 2e bataillon de chasseurs à pied, en garnison à Metz (ou peut-être à Strasbourg ?). Il y observait les effets de la crise économique sur les classes populaires, et il écrivait à ses parents : « Il faut remonter à 1817, pour trouver une année où les vivres soient aussi chers que maintenant. » De caractère jovial, il avait épousé une femme très dévote.

Le 13 mai 1849, il fut élu député dans le Rhône (10e sur 11) et dans le Bas-Rhin (12e et dernier). Il opta pour ce dernier département. Il fut, avec Rattier et Boichot, l’un des trois sergents de la Législative, où il siégea à la Montagne en uniforme de sergent-major. Le 28 mai 1849, il écrivait à un correspondant de Landau (Georges Ch.) : « La République française n’est point une République avide et veule comme on la veut en Bavière, c’est une République noble adaptée aux droits du peuple [...] La voix du peuple est la voix de Dieu [...] L’époque est arrivée où le présage de Siebenpfeifer va s’accomplir. Citoyen Georges, et vous tous, citoyens de Landau, qui avez toujours conservé des sentiments purs, soyez persuadés qu’une véritable fermeté ne laissera pas de sauver l’Europe ; la République introduite heureusement en France accueillera positivement avec l’aide du Dieu suprême, dans son ciel, (la Montagne), tous les nobles chevaliers, princes, ducs, comtes, barons, empereurs avec leur train de canaille, à moins qu’ils ne préfèrent se plonger eux-mêmes, et en général, dans un abîme profond pour être libéré (sic) de toute peine. Vive donc la République générale démocratique et sociale française ! »

Le 13 juin 1849, il participa, à Paris, à l’affaire des Arts et Métiers. Il fut arrêté à Saverne, le 19 juillet, alors qu’il se déplaçait sous le nom de Sébastien. Curieusement, comme pour Boichot, Timothée Larade dans l’Écho des employés de juillet 1849, alors que les acteurs de la journée du 13 juin n’étaient déjà plus présents, précise : « Les employés sont représentés dans l’Assemblée législative par quelques uns de leurs camarades ; nous ne les connaissons pas tous mais nous avons remarqué [...] trois sergents, MM. Bouchot [pour Boichot], Rattier et Comminaire [pour Commissaire]. »
Il fut transféré à Paris et, après jugement par la Haute Cour de Versailles, envoyé au bagne en Corse. Ceci dit, il était à Belle-Île en 1851 (Gazette des Tribunaux, 26 décembre 1851, p. 1255, 1ère col.). Il quitta la Corse en 1859, lors de l’amnistie, et retourna à Lyon où il s’établit mercier.

À la fin de l’année 1869, il adhéra, à Lyon, à un cercle libre-échangiste qui publia dans Le Progrès de Lyon un manifeste par lequel il se séparait nettement des républicains modérés. Il y rencontrait des militants du mouvement coopératif et quelques Internationaux. Le 4 septembre 1870, il fut nommé gouverneur des châteaux de Saint-Cloud, Meudon et la Malmaison. Il fit évacuer sur Paris, avant l’arrivée des Prussiens, les objets d’art que renfermaient ces résidences. Gambetta lui confia une mission en province. Il assista à la Commune sans s’y mêler. En 1878, il obtint, à Lyon, un bureau de tabac qu’il détenait encore le 28 février 1892.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182662, notice COMMISSAIRE Sébastien, version mise en ligne le 19 juillet 2016, dernière modification le 21 février 2019.

ŒUVRE : S. Commissaire, Mémoires et souvenirs, Lyon-Paris, 1888.

SOURCES : Arch. PPo., A a/427. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 4 M 74, 3 M 79. — G. Lefrançais, Souvenirs d’un Révolutionnaire. — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891. — J. Gaumont, Histoire générale de la Coopération en France, t. I, pp. 398 et 605. — I. Tchernoff. Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — G. Weill, Histoire du Parti républicain (2e éd.). — Guy Thuillier, « Aux origines du syndicalisme des fonctionnaires, la presse administrative en 1848-1849 », Revue administrative, s. l. n. d. (orthographié Comminaire). — Note de J. Risacher.

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