FALTOT Nicolas, Dominique, Victor

Né le 8 septembre 1815 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), mort le 5 mars 1891 à Paris (XIe arr.) ; caissier d’une maison de commerce ; membre actif de la Garde nationale et commandant du fort de Vincennes sous la Commune de Paris, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Plaque dans le fort de Vincennes.
La Commune, n° 82, 2e trimestre 2020

C’était un « républicain de vieille date », dit le rapport au conseil de guerre qui ajoute : « connu pour ses opinions exaltées », volontairement exilé après 1852, vétéran des guerres de Pologne et d’Italie. Depuis 1867, il était caissier chez un courtier de Paris ; il demeurait, 8, rue Beuret. Durant le Siège, son expérience du métier militaire — il avait été sergent d’infanterie — le fit élire commandant du 82e bataillon ; il reçut la Légion d’honneur après Buzenval.

Le 15 février 1871, il assistait à la réunion où s’organisa pour le XVe arrondissement le Comité central de la Garde nationale. Le 10 mars il donna sa démission de chef de bataillon, mais on le vit aux réunions du Comité central comme délégué par les chefs de bataillon. Lissagaray dit qu’il avait facilité les rapports entre le Comité central et les groupes de la Corderie : « Moi, je vais au peuple. »
Le 18 mars, il conduisit au Luxembourg les bataillons du XVe arrondissement, et, à la fin du mois, il commandait le 7e bataillon. « Homme dévoué corps et âme aux principes révolutionnaires », il fut nommé, le 24 mars, gouverneur de Vincennes, où il vécut avec sa famille ; arrêté un moment, du 21 au 27 avril, sur l’ordre de Cluseret et parce qu’il avait protesté lorsqu’on avait arrêté son fils Ludwig, il s’entendit reprocher en outre d’avoir laissé disparaître de Vincennes 300 chevaux. Il fut relâché sans jugement, et Delescluze lui rendit, le 11 mai, le commandement du fort. Le 25, des négociations s’engagèrent avec les Prussiens : l’armistice prévoyait une garnison de 200 hommes à Vincennes, et la Garde nationale excédait largement ce nombre. Faltot, qui parlait bien l’allemand, obtint d’en conserver 500, avec un mois de vivres ; son appartenance à la franc-maçonnerie (en 1877 et 1879 il signe encore N... Faltot) avait-elle facilité l’accord ? (voir Thirifocq Eugène). Il essaya, dans les jours suivants, par l’entremise des Prussiens, d’obtenir pour les officiers des passeports leur permettant de gagner la Suisse. Son rôle ne semble pas avoir été facile à Vincennes, à proximité des Versaillais et des Prussiens. Dans un rapport à ses chefs, il disait avoir essayé de garder les ressources militaires qui devaient servir « à la défense des institutions auxquelles j’ai consacré ma vie entière dont je fais volontiers encore le sacrifice, me mettant entièrement à la disposition de la Commune ».

Le 3e conseil de guerre le condamna, le 13 juin 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée ; peine commuée en déportation simple dès le 18 janvier 1873. À La Grande-Terre, il travailla comme comptable et, d’après le surveillant, « se conduit bien [...] quoique ses opinions soient très avancées. » Libéré en 1879, ramené par la Picardie, il fut accueilli à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) par son fils Ludwig Faltot (voir ce nom) qui l’accompagna à Genève.

Un autre fils de Nicolas Faltot, Romuald, Désiré, né le 4 janvier 1843 à Lons-le-Saunier (Jura), adjudant de place au 15e bataillon durant le Siège, vint s’installer avec sa famille au fort de Vincennes à partir du 27 mars. Il y exerça les fonctions de capitaine-trésorier. Le 3e conseil de guerre l’acquitta le 13 juin 1872 ; il avait protégé des employés demeurés à Vincennes bien que fidèles à Versailles.
Il était marié et père de trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182693, notice FALTOT Nicolas, Dominique, Victor, version mise en ligne le 20 juillet 2016, dernière modification le 6 juin 2021.
Plaque dans le fort de Vincennes.
La Commune, n° 82, 2e trimestre 2020

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/766. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil. — Arch. PPo., B a/468 et B a/469. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable