Par Alain Roux
Né le 25 septembre 1908 à Tokyo (ou San Francisco) ; mort en juin 1983. Fils de Liao Zhongkai et de He Xiangning. Ancien président de l’Association d’amitié sino-japonaise, chef du comité des Chinois d’outre-mer du Conseil des affaires d’État, vice-président de l’A.N.P. et membre du B.P.
Avant 1949, Liao Chengzhi, étudiant au Japon puis à Canton, membre du G.M.D. dès 1924, connaît surtout la dure expérience de la vie clandestine. En effet, de 1928 à 1932, il milite parmi les marins chinois (il y en a 30 000 à cette date) de Hambourg, Marseille, Anvers, Rotterdam. Il est alors un des « contacts » entre le Bureau de l’I.C. à Berlin et la Chine. Une grève qu’il organise parmi les marins chinois à Rotterdam lui vaut d’être arrêté puis expulsé. Après un bref séjour à Moscou, Liao Chengzhi milite clandestinement à Shanghai où il est responsable de la fraction communiste au sein du syndicat des marins chinois. Arrêté à nouveau en mars 1933, il est relâché grâce aux puissantes relations de sa mère. Il rejoint alors le soviet d’Eyuwan (voir Zhang Guotao (張囯燾)), participe à la Longue Marche et après 1936 se spécialise à Yan’an dans les relations avec la presse tout en étant lui-même responsable de diverses publications communistes. En juillet 1937, il est de retour dans le Sud : d’abord responsable du recrutement pour la 8e Armée à Hong Kong, il anime aussi le P.C.C. local. Arrêté en mai 1943 par le G.M.D. au nord du Guangdong, il demeure en prison jusqu’en janvier 1946. Élu au C.C. du P.C.C. lors du VIIe congrès en avril 1945, il est libéré lors des tentatives de trêve entre le P.C.C. et le G.M.D. en 1946 et devient en 1947 secrétaire du P.C.C. pour la Chine du Sud. Il séjourne alors à Hong Kong.
Après 1949, Liao Chengzhi s’affirme comme un responsable de premier plan des organisations de jeunesse : il est deuxième secrétaire de la Ligue des Jeunesses néo-démocratiques, devenue ensuite Ligue des Jeunesses communistes, président de la Fédération pan-chinoise de la Jeunesse démocratique. Il est réélu au C.C. lors du VIIIe congrès en septembre 1956. D’autre part, ses exceptionnelles connaissances linguistiques (il parle anglais, japonais, allemand, français et russe), ses liens personnels et familiaux avec l’étranger le rendent indispensable dans les relations internationales : responsable chinois au Conseil mondial de la paix, il participe aussi aux conférences de Bandung (avril 1955) et du Caire (1957). Il n’est pas surprenant qu’il soit également chargé des rapports avec les Chinois d’outre-mer : partageant la direction du comité ad hoc du Conseil des affaires d’État avec sa mère He Xiangning (何香凝) à partir de 1959, il préside l’Université établie en 1960 à Quanzhou (Fujian) pour les préparer à la nouvelle vie chinoise et il est le représentant des Chinois d’outre-mer à l’A.N.P.
Liao Chengzhi est particulièrement précieux dans les rapports avec le Japon. Dès 1952, conseiller de la Croix rouge chinoise, il s’occupe du rapatriement des ressortissants japonais capturés en Chine en 1945. Il séjourne à ce titre au Japon en 1954 et 1958. A partir de 1962, il s’occupe des relations commerciales entre le Japon et la Chine et ouvre même un bureau à Tokyo en 1964. Depuis 1963, il préside l’Association d’amitié sino-japonaise. La Révolution culturelle est pour lui une épreuve difficile : son évident cosmopolitisme, ses goûts de luxe l’exposent aux attaques des Gardes rouges (1967). Il disparaît du C.C. du P.C.C. lors du IXe congrès en avril 1969. Mais il reparaît dès 1971. En janvier 1972, il préside à nouveau l’Association d’amitié sino-japonaise, pour laquelle sa femme Jing Buchun travaille également. Au printemps 1973, il dirige une importante délégation de cette association à Tokyo qui fait suite à la visite à Pékin en septembre 1972 du premier ministre japonais Tanaka. Conseiller au ministère des Affaires étrangères, Liao Chengzhi est élu au C.C. du P.C.C. par le Xe congrès en août 1973 et réélu lors du XIe congrès en août 1977. Depuis lors, parmi de nombreuses activités, celles de conseiller diplomatique dans le domaine des rapports avec le Japon et les communautés chinoises d’outre-mer ont été les plus importantes. La signature d’un traité de paix et d’amitié avec le Japon (1978), l’établissement de relations diplomatiques normales et d’une coopération technologique très active avec les États-Unis (1979) ont été en partie l’œuvre de Liao Chengzhi. Élu vice-président du comité permanent de l’A.N.P. en mars il a été élevé au B.P. à l’issue du XIIe congrès du P.C.C. (septembre 1982). Sa mort, en juin 1983, l’empêche de recevoir la vice-présidence de la République pour laquelle il avait été pressenti. Elle fut regrettée dans les communautés chinoises d’outre-mer, car elle privait Pékin d’un négociateur compétent et rassurant dans la délicate affaire du statut de Hong Kong pour laquelle Ji Pengfei (姬鵬飛) a pris sa relève.
Par Alain Roux
SOURCES : Outre BH et KC, voir : Hudson in CQ, n° 56, octobre-décembre 1973. — Nym Wales (1952). — Beijing Information, 4 juillet 1983.