LIU Ningyi 劉寧一

Par Jean-Luc Domenach

Né en 1905 ou 1906 au Hebei. Vieux cadre ouvrier devenu l’un des plus importants responsables des syndicats chinois, qu’il a dirigés entre 1958 et 1966. A aussi joué un rôle notable dans les liaisons internationales. Démis au cours de la Révolution culturelle, il a été réhabilité en 1979.

Après des études à l’École normale du Hebei, Liu Ningyi est entré au P.C.C. à l’époque du mouvement du 30 mai 1925 (voir Liu Hua (劉華)), puis a milité dans les bassins houillers de Chine septentrionale. Emprisonné en 1932, il est libéré lors de l’invasion japonaise et poursuit son activité syndicale à Shanghai avant de se rendre dans les zones libérées du Nord où il aide Deng Fa (鄧發) à organiser des syndicats. A la mort de Deng Fa (1946), Liu prend la direction de ce secteur. Lors du VIe congrès du Syndicat général pan-chinois à Harbin en août 1948, il ne reçoit qu’une vice-présidence, sans doute parce qu’on préfère l’affecter aux liaisons internationales. Il paraîtra même abandonner ses fonctions syndicales en 1957, puisqu’il ne sera pas réélu à ce poste par le congrès de la Fédération pan-chinoise des syndicats. Mais la mort de Lai Ruoyu (賴若愚), le président en titre, change tout. Pour le remplacer, l’expérience de Liu Ningyi est jugée indispensable. Il conservera jusqu’à la Révolution culturelle la direction des syndicats chinois et, à ce titre, jouera un rôle dans le rétablissement de méthodes de gestion industrielle plus classiques après l’échec du Grand Bond en avant. Cela lui vaudra d’être démis et vivement attaqué au cours de la Révolution culturelle.
Son passé militant et ses fonctions syndicales ont valu à Liu Ningyi d’occuper des postes d’importance dans l’appareil de l’État et du Parti : membre du comité permanent de la C.P.C.P.C. (1949-1954) puis de l’A.N.P. (dont il deviendra secrétaire-général en 1965, succédant à Peng Zhen (彭真)) et membre du C.C. depuis le VIIIe congrès du P.C.C. (septembre 1956).
C’est cependant par son activité internationale qu’il s’est fait le plus remarquer. Dès 1946 il représentait les travailleurs chinois aux réunions de la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.), dont il a occupé une vice-présidence de 1949 à 1957. Il a également dirigé de 1949 à 1955 le Département des liaisons internationales de la Fédération pan-chinoise des syndicats. On retrouve aussi son nom parmi les dirigeants de nombreuses « organisations de masse » spécialisées dans les relations avec l’étranger, par exemple le Comité chinois pour la paix, l’Association des amitiés sino-soviétiques (qu’il a présidée de 1954 à 1968) et le Comité chinois de solidarité afro-asiatique. En raison de ses multiples fonctions, Liu Ningyi est l’un des dirigeants chinois qui ont le plus voyagé à l’étranger : au rythme d’une mission par an au moins, il a visité plus de trente pays de 1946 à 1965. Il a également participé à d’importantes rencontres comme les conférences de solidarité afro-asiatiques et, à Moscou, les conférences du mouvement communiste international de 1957, 1960 et 1963. Dans toutes ces occasions, il a défendu fidèlement la ligne officielle du P.C.C. : aussi, après avoir été l’infatigable instrument de l’alliance avec le camp soviétique, est-il devenu l’un des interprètes les plus en vue d’une stratégie de rupture avec le « révisionnisme ».
Éliminé par la Révolution culturelle, il n’a été réhabilité qu’en 1979, et n’a retrouvé que des postes secondaires : en 1979-1980, directeur adjoint du Département du front uni du C.C. (dont il n’est plus membre) et secrétaire général adjoint puis secrétaire général (1980) de la C.P.C.P.C.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182754, notice LIU Ningyi 劉寧一 par Jean-Luc Domenach, version mise en ligne le 18 novembre 2016, dernière modification le 16 novembre 2016.

Par Jean-Luc Domenach

SOURCES : Outre KC et WWCC, voir : Bartke (1981).

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