LACHASSAGNE Charles

Par Michel Thébault

Né le 13 avril 1925 à Fresselines (Creuse), fusillé sommairement le 14 août 1944 à la carrière des Grises, commune de Prémilhat (Allier) ; ouvrier boulanger ; résistant, bataillon Anne (A.S.).

Charles Lachassagne était le fils de Charles, Albert Lachassagne, cultivateur et charron au village de La Chaise-Peignin (commune de Fresselines) et d’Augustine, Alice, Marie Jouanneau (née en 1896 à Crozant, Creuse). Son père (né le 22 juillet 1893 à Fresselines), ayant appris le métier de charron, fut convoqué en novembre 1913 pour le service militaire et fut dans la continuité mobilisé pour la première guerre mondiale, incorporé dans plusieurs sections successives de Commis et Ouvriers d’Administration (COA). Démobilisé le 4 septembre 1919, il se maria à Fresselines le 12 avril 1920 avec Augustine Jouanneau. Ils eurent deux enfants, deux fils, Pierre, Maurice né en 1923 et Charles en 1925. Au recensement de 1926, tous vivaient à Fresselines, au lieu-dit La Chaise-Peignin, au sein d’une famille élargie comprenant 8 personnes de quatre générations : Marie Lacchassagne née en 1843, Eugène son fils et Marie Lachassagne nés en 1895 et 1870 cultivateurs, leur fille Eugénie née en 1906 et Charles Lachassagne, également fils d’Eugène, exerçant toujours la profession de charron, sa femme et ses deux fils. Charles Lachassagne père mourut à Fresselines le 28 juillet 1926 alors que son fils Charles n’avait encore que 15 mois. Sa femme, devenue veuve, étant par la suite domiciliée à Paris, Charles Lachassagne, leur fils, célibataire, ouvrier boulanger, résidait en 1944 chez son oncle Louis Bigrat, cultivateur aux Petites Chapelles, commune de Saint Germain Beaupré (Creuse).

ll s’engagea dans la Résistance à partir du 6 juin 1944 vraisemblablement en même temps que son patron, Charles Auchatraire, sous les ordres de Jean Baptiste Rosier dit Victor, instituteur à La Chapelle Baloue, commandant la 1ère Compagnie CFL, compagnie Victor, du Bataillon Anne (Armée Secrète, Creuse-Nord)). Il participa, sans doute avec Charles Auchatraire et son groupe de résistants à des opérations de parachutages effectuées sur le terrain des Pierres Blanches, et au sabotage de lignes de transport d’énergie électrique, de voies ferrées et de matériel roulant en gare de Saint Sébastien. Ainsi le 13 juillet 1944, un train de marchandises transportant en particulier des produits alimentaires fut immobilisé en gare de Saint Sébastien (Creuse) par une coupure de la voie, et la locomotive détruite la nuit même par un sabotage de la Résistance. Les maquis locaux ouvrirent les wagons et s’emparèrent de marchandises pour leur ravitaillement (deux bons de réquisition émanant des FFI furent remis au chef de station : bon°1/ 10 sacs de sucre, 40 sacs de tabac, 4 sachets d’étoffes et 3 vélos ; bon n°2/ 500 kg de sucre...). Suite à des plaintes et dénonciations, les autorités d’occupation organisèrent les 2 et 3 août 1944, une vaste opération de perquisitions (sur listes établies à l’avance) et d’arrestations à Saint Sébastien et dans plusieurs communes voisines, dont La Chapelle-Baloue. Une unité de la Wehrmacht agissant sur ordre du SIPO-SD de Clermont-Ferrand procéda aux arrestations. Selon le témoignage de Jean Rosier responsable local (AS) de la Résistance (rapporté par l’historien du maquis Marc Parrotin, op. cit.) : « Dans le hangar de Charles Auchâtraire, les Allemands avaient découvert des cigarettes allemandes provenant du train immobilisé à Saint Sébastien ». Son ouvrier Charles Lachassagne fut arrêté avec lui dans le cadre de cette opération le 2 août, conduit à Guéret et incarcéré. Il fut transféré avec d’autres résistants creusois à la caserne Richemont à Montluçon (Allier). Il en fut extrait le 14 août 1944, vers 5 heures du matin, avec 41 autres civils également détenus au même lieu. Ils furent conduits en camion sur la route de Quinssaines jusqu’au lieu-dit Les Grises, sur la commune de Prémilhat (Allier). Ils furent fusillés, en représailles aux multiples attentats et actes de sabotages accomplis dans le secteur de Montluçon dans les premiers jours d’août 1944. Les corps furent jetés dans des fosses creusées à l’avance et couverts de chaux vive. Son oncle Louis Bigrat vint dès le lendemain reconnaître le corps qui fut inhumé au cimetière municipal de Fresselines.

Il fut déclaré Mort pour la France en juillet 1945 et le titre d’interné résistant lui fut attribué en juin 1955. Il reçut à titre posthume la Croix de guerre avec palme, et la Médaille de la résistance. Son nom figure sur la stèle commémorative de la commune de Prémilhat, sur la stèle de la carrières des Grises, sur le monument aux morts de Fresselines et sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret (Creuse).

Son nom est inséparable de celui de son frère aîné, Pierre Maurice (1923-2001), apprenti boulanger à Versillat chez Eugène Gaudon, résistant comme lui et membre du bataillon Anne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182909, notice LACHASSAGNE Charles par Michel Thébault, version mise en ligne le 30 juillet 2016, dernière modification le 26 août 2021.

Par Michel Thébault

Stèle de la carrière des grises.

SOURCES : Arch. Dép. Creuse (état civil, registre matricule, recensements) — SHD dossier AVCC Caen — Notes Raoul Vaugelade, ANACR de La Souterraine — Notes Jean-Claude Dugenest (mairie de Fresselines) — Marc Parrotin, mémorial de la Résistance creusoise éditions Verso 2000 — Mémorial genweb, Guéret Mémorial de la Résistance creusoise fiche n° : bp782167-. — Notes et photos fournies par Roland Platel.

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