PORNIN Raymond Eugène, Barthélemy

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 16 janvier 1921 à Cusset (Allier), fusillé le 23 mai 1944 à Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; meunier ; résistant du réseau SR Alliance.

Raymond Pornin était le fils d’Abel André Gaston, lieutenant d’artillerie et de Jeanne Constantine Gobert, le petit-fils d’un minotier du moulin de la Ville, Barthélémy Gobert, chez qui il résidait et le neveu d’Armand Gobert, membre du réseau Alliance.

Il était lui-même meunier. Il fut adopté par la Nation par jugement du Tribunal Civil de Moulins (Allier) le 13 novembre 1928.

Il fut exempté du STO grâce à son métier en rapport avec l’agriculture. Il intégra très tôt la Résistance dans le groupe de Roger Kespy, collecta des armes et réunit dans le moulin familial quelques camarades. En novembre 1942 ; il entra au réseau Alliance avec le matricule "V 13" sur la région Centre, secteur de Vichy "Asile", tout en continuant d’appartenir au maquis des Bois-Noirs de Pierre Boubet. Il participa dans la nuit des17 et 18 avril 1943 au premier parachutage dans la région de Boucé avec Roger Kespy, Armand Gobert et d’autres.

Il fut arrêté à Cusset le 19 avril 1943 sur dénonciation et interné d’abord à Vichy puis le 27 avril à la Mal-Coiffée, la prison militaire allemande de Moulins (Allier). Il fut ensuite envoyé à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). L’acte d’accusation du 18 novembre 1943 pour espionnage au profit d’une puissance ennemie fut transmis par le Tribunal du peuple au Tribunal de guerre du Reich et Raymond Pornin fut déporté le 16 décembre à la prison allemande de Kehl, puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne). Il fut jugé le 16 février 1944 par le 3e Sénat ou chambre du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser et condamné à mort.

Le jugement fut confirmé le 17 mars par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal et la grâce ayant été refusée la classification "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard) fut appliquée et la décision fut prise le 19 avril que les condamnés à mort seraient fusillés. Il fut transféré à la prison de Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg, Allemagne).

À l’aube du 23 mai 1944, 16 détenus dont Raymond Pornin furent donc réveillés plus tôt qu’à l’habitude et écoutèrent courageusement le jugement qui leur était lu en allemand et en français. Après avoir vu un prêtre et pour l’un d’eux, un pasteur protestant, ils burent un café avant d’être conduits en camion dans une clairière, à trois kilomètres de Ludwigsburg. Selon le Mémorial de l’Alliance pendant qu’ils étaient liés aux poteaux d’exécution ils firent preuve d’un extraordinaire sang-froid et s’interpellèrent en criant « À très bientôt au ciel » puis la salve retentit au moment de l’amen du Pater prononcé par le prêtre.

Leurs corps furent aussitôt placés dans des cercueils et inhumés dans la dignité au cimetière de Ludwigsburg.

Comme pour le général Raynal, le transport de sa dépouille et ses obsèques furent pris en charge par la municipalité de Cusset. Son corps est rapatrié de Ludwigsburg à Strasbourg le 2 juillet 1947 et inhumé au Cimetière Nord de Strasbourg-Robertsau le 10 juillet 1947.

Il obtint la mention "Mort pour la France" le 5 juin 1947, le titre de déporté résistant le 19 novembre 1952 et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 26 février 2013.

Il fut homologué sous-lieutenant de la Direction générale des études et recherches, chargé de mission de 5e classe.

Son nom figure sur le monument aux morts de Cusset.

Une rue de Cusset porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182971, notice PORNIN Raymond Eugène, Barthélemy par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 2 août 2016, dernière modification le 24 avril 2022.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1. — Jean Desborbes, "Vichy capitale à l’heure allemande", Paris 1998. — AFMD de l’Allier. — Site Cusset-mémoire. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial GenWeb. — État civil.

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