Par Frédérick Genevée
Née le 9 février 1910 à Toulon (Var), morte le 14 avril 1989 à Paris (VIIe arr.) ; avocate ; militante communiste.
Deuxième enfant d’Itte et Marcel Cachin, Marie-Louise Cachin fut très proche de son père politiquement et affectivement. Elle poursuivit des études de droit et prêta serment au début des années 1930. Inscrite au barreau de Paris, elle fit ses premières armes au cabinet de l’avocat Berthon*. Malgré l’appartenance politique de son père, Marie-Louise Cachin évoluait aussi dans les milieux des notables politiques de la IIIe République. En avril 1933, à Paris (XVIIIe arr.), elle épousa Marc Jacquier*, lui-même avocat et fils de Paul Jacquier, parlementaire et ministre radical socialiste. Marc Jacquier fut par ailleurs le secrétaire d’Anatole de Monzie. En 1935, elle fut reçue comme secrétaire de la conférence du stage. Dès le début des années 1930, elle doubla son activité professionnelle d’un engagement militant dans la sphère du Parti communiste. En décembre 1931, elle fit partie des avocats qui s’élevèrent contre la répression en Pologne. En 1937, lors des obsèques de Paul Vaillant-Couturier, elle fut signalée par l’Humanité comme avocate communiste. En décembre 1938, elle participa à la défense des ouvriers de l’usine Renault en grève. Quand survinrent la guerre et l’interdiction du PCF, elle semble avoir suivi les mêmes évolutions que son père. Ainsi, venue accueillir à la gare Marcel Cachin qui s’apprêtait à être entendu au Sénat et soupçonné d’opinions en contradiction avec les directives de l’Internationale communiste, elle déclara à l’envoyé de la direction clandestine du PCF : « Si ce qui reste du Parti veut envoyer mon père en prison, je m’y opposerai. » En mars 1940, elle participa auprès de Me Moro-Giafferi à la défense de sa sœur et de son beau-frère inculpés dans l’affaire du Winnipeg, bateau de la compagnie France-Navigation qui avait transporté des réfugiés espagnols au Chili. Bien que rendant souvent visite à ses parents pendant l’Occupation, elle passa le reste de la guerre à Annecy (Haute-Savoie) d’où était originaire sa belle-famille. Après la guerre, elle participa aux multiples procès liés à la guerre froide et aux guerres coloniales. En 1948, elle intégrait le comité de rédaction de la revue Le Droit ouvrier. Cette même année, suite à une décision du bureau politique du PCF, Marie-Louise Cachin se rendit à Saïgon pour défendre Duong Bach Maï. Par la suite, son engagement et celui de son mari se firent de plus en plus intenses. Marc Jacquier anima ainsi la campagne contre la guerre chimique pendant la guerre de Corée. Elle participa à la défense des militants poursuivis pendant la guerre d’Algérie.
En 1963, elle était membre du comité national du Secours populaire français (SPF). D’après le témoignage de sa petite-nièce, elle ne s’occupait que d’affaires politiques car le cabinet de son mari suffisait à leurs revenus. Après la guerre d’Algérie, atteinte d’une grave maladie, elle cessa peu à peu toute activité. Marie-Louise Cachin et Marc Jacquier avaient, pendant la guerre d’Espagne, adopté un fils qui fit une carrière de fonctionnaire international. Elle décéda en 1989, toujours membre du PCF.
Par Frédérick Genevée
SOURCES : Arch. PPo. S 32. — Arch. comité national du PCF. — RGASPI 539.3.1174, 495.10a.93. — Arch. Nat., F7 13516. — Carnets Cachin. — Entretien avec Sylvie Tahier. — État civil de Toulon.