CADAMARTORY Vincent, Simon

Par Jacques Girault

Né le 12 octobre 1909 à Toulon (Var), mort le 12 avril 1973 à Paris (XIIIe arr.) ; ajusteur ; militant socialiste du Var.

Fils d’un marin vétéran, Vincent Cadamartory fréquenta l’École Rouvière. Il entra à l’Arsenal maritime (direction de l’Artillerie navale) comme ajusteur le 10 novembre 1925. Il effectua son service militaire dans la Marine (octobre 1930-octobre 1931) comme matelot armurier et réintégra l’Arsenal à la section du matériel.
Militant sous le nom de Vincent, il s’engagea très tôt dans la vie politique. Ainsi un Vincent, place Louis Blanc, faisait partie du comité central qui soutenait la candidature de Risterucci* aux élections législatives de 1928. Il prit la parole avec Toesca* et Albertini* à la suite du banquet du groupe d’Études sociales et de « Germinal », le 11 mai 1931, et, l’année suivante, était le secrétaire du comité central qui soutenait le candidat SFIO pour les élections législatives. Il participait aux bureaux de nombreuses réunions publiques à Toulon. Secrétaire de la fédération des Jeunesses socialistes, il animait certaines initiatives en direction des jeunes dans le département. Il était aussi régulièrement délégué aux congrès nationaux de l’organisation.
Toutefois, c’est en tant qu’animateur et que secrétaire du groupe des « Amis de la Vie socialiste » qu’il apparut au premier plan en 1933. Il prononça par exemple une conférence sur « Socialisme et pouvoir municipal » en août 1933. Membre du conseil d’administration de la section SFIO de Toulon, il était pourtant minoritaire dans la section. Dès le début du mois de novembre, il faisait partie des six membres de la commission provisoire de la fédération socialiste varoise. Délégué à Toulon pour organiser les cercles « Jean Jaurès » pour les jeunes, il signa dans la presse, le 17 novembre 1933, l’appel aux socialistes leur demandant de suivre leurs élus hors de la SFIO. Aussi au premier congrès du Parti socialiste de France, le 26 novembre 1933, devint-il secrétaire fédéral.
Le 8 février 1934, il faisait partie du bureau de la réunion interorganisation à la Bourse du Travail de Toulon.
Vincent Cadamartory se présenta aux élections municipales le 5 mai 1935 sur la liste conduite par Victor Brémond*. Il arrivait en dernière position de la liste avec 4 106 voix sur 29 381 inscrits. Il habitait alors rue des Savonnières. Parallèlement, il était membre de la commission administrative du syndicat CGT des Travailleurs réunis de l’Arsenal. Il avait fait partie de la commission préparatoire à l’anniversaire du 12 février en 1935.
Vincent Cadamartory bénéficia en 1935 de très nombreux congés supplémentaires non payés. Le sénateur Fourment* écrivit au préfet maritime en juillet 1935 pour lui permettre d’en obtenir d’autres. Il sollicita alors un emploi d’ouvrier aux écritures qui lui fut refusé en dépit d’une nouvelle recommandation. Quand se créa à Toulon le Parti d’union socialiste issu de la fusion du Parti socialiste de France et du cercle Victor Brémond*, il en assura le secrétariat en janvier 1936. Membre du comité local du Front populaire, il fut le porte-parole de son parti et n’hésita pas à adopter des positions minoritaires qui inquiétèrent socialistes SFIO et communistes. Ainsi, le 3 septembre 1936, un socialiste SFIO proposa de demander l’interdiction d’un meeting de Doriot. Vincent Cadamatory s’opposa à cette idée. Lors de la formation de l’Union socialiste et républicaine au début de 1936, il assura le secrétariat fédéral sous le pseudonyme de « Vincent ». Membre de la commission administrative du comité départemental du Front populaire, il intervint dans plusieurs réunions publiques à Toulon en 1937 et y défendit trois idées résumées ainsi dans un rapport de police : « Ordre, autorité, nation. » Il devint secrétaire adjoint au comité de Front populaire de Toulon, le 10 décembre 1937. Il dut passer ouvrier aux écritures dans le courant de 1937. Membre des « Amis de Syndicats », il participa à la campagne pour l’indépendance du syndicalisme. À la suite de la grève des bras croisés du 30 novembre 1938, il fut mis à pied un jour et eut trois mois de retenue de salaire horaire de 0,10 francs.
À la fin de 1938, il fut désigné comme secrétaire du comité de Front populaire de Toulon. Il aurait adhéré à la SFIO en même temps que Victor Brémond.
Mobilisé en 1939, prisonnier, évadé à la suite de la mise à l’écart des syndicalistes communistes, membre du nouveau conseil d’administration du syndicat des Travailleurs réunis dans l’Arsenal, il fut pressenti pour être le secrétaire de l’organisation. Mais ses activités politiques augmentèrent après la défaite et, vers septembre 1940, il était à la tête du comité de Révolution nationale et secrétaire adjoint de la section de Toulon des « Amis du Journal l’Effort » de M. Déat (mai 1941). En avril 1943 (délégué départemental en septembre 1942, puis délégué régional en juillet 1943), il écrivait au préfet du Var en tant que « chargé de mission par le Rassemblement national populaire dans la région Provence-Languedoc ». Il faisait alors « quelques suggestions pour la formation de la future Commission départementale ». Installé à Marseille en mars 1944, il partageait son temps entre Marseille et Toulon. Le 1er juin 1944, il demandait l’autorisation « de publier un journal de propagande » pour le RNP. En outre, depuis novembre 1943, il était le vice-président à Toulon du COSI ; mais son activité débordait la seule ville.
Selon le registre de matricule de l’Arsenal, redevenu ajusteur à l’Atelier central en août 1940, il avait été absent à partir du 5 janvier 1943. Aussi fut-il révoqué pour « abandon de travaux », le 18 janvier 1945. Un rapport de police signalait qu’il avait quitté le Var depuis avril 1944. Le motif du congédiement fut modifié en août 1945, il était congédié pour « avoir appartenu à des groupes antinationaux ou exercé une activité antinationale ». La Chambre civique du Var, le 16 juin 1945, le condamnait par contumace « à la peine de dégradation nationale à vie, de la confiscation de tous ses biens présents et interdiction de résidence dans les Alpes-Maritimes, le Var et les Bouches-du-Rhône ».
Célibataire, il écrivit de Paris en octobre 1946 au directeur du personnel pour lui demander une attestation de travail. Il indiquait avoir été employé à l’Arsenal jusqu’en 1943. Toujours à Paris, il obtint en février 1955 une pension proportionnelle. Il s’était marié à Paris (XIe arr.) en septembre 1962,

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18302, notice CADAMARTORY Vincent, Simon par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13085. — Arch. Dép. Var, 1 M 1.3 ; 2 M 7.35.4 ; 4 M 47 ; 4 M 49.4.3. ; 4 M 50 ; 4 M 54 ; 4 M 59.2 ; 4 M 59.3 ; 4 M 59.4.4 ; 18 M 4 ; 18 M 12 ; 18 M 60 ; 3 Z 4.21 ; 3 Z 4.31 ; 3 Z 6.16. — Arch. Troisième Région mar. 2 A1 2104 ; 2 G2 487 (dossier individuel, registre de matricules). — Presse locale. — Sources orales : J. Toesca. — Renseignements fournis par J.-M. Guillon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable