THIOLLENT André, Arthur, Albert, Henri

Par Éric Belouet, Jean Limonet

Né le 5 juin 1931 à Yainville (Seine-Maritime), mort le 28 décembre 2006 à Rouen (Seine-Maritime) ; aide chimiste puis dans une centrale EDF puis contrôleur de charbon ; permanent JOC ; secrétaire général de l’URI- CFDT Haute-Normandie, membre du bureau national confédéral 1973-1982.

Fils de Marius Thiollent, manœuvre – camionneur au moment de sa naissance –, et de Marguerite Bénard qui s’occupait des travaux d’une ferme de 10 hectares loués par l’usine, André Thiollent a témoigné de son parcours militant dans Masses ouvrières en 1960 et en 1978. Il expliqua comment, aîné d’une fratrie de six enfants, il entra en 1944 à la centrale électrique de Yainville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) comme coursier et découvrit cinq ans plus tard la JOC : « J’en étais là, à dix-huit ans (la timidité, le doute et le repli sur soi l’emportaient), lorsqu’un jeune manœuvre de la centrale m’invitait à une journée d’études jocistes. Quinze jeunes réfléchissaient à leurs conditions de travail, ils affirmaient vouloir les changer. Ils parlaient du Christ Libérateur et de la mission à laquelle il nous appelait tous. J’ai été saisi à la fois par l’ambition de leurs projets et la faiblesse de leurs moyens. Ils m’ont invité à regarder autour de moi et à chercher avec d’autres. Ils m’ont fait confiance. C’est ce changement du regard et cette confiance qui amorcèrent un retournement de ma vie. »

Devenu militant jociste, ce fut à Aubervilliers, pendant le service militaire, qu’il prit le plus d’initiatives pour organiser les jeunes dans les casernes de la région parisienne. Ayant animé les grèves d’août 1953, il fut appelé six mois après au secrétariat de la JOC à Paris. En tant que permanent, il fut chargé de suivre et d’animer l’organisation des membres des mouvements de jeunes à l’armée. Il devint ensuite trésorier national (1955-1957), puis président (1957-1960) : « L’aventure et aussi la tâche la plus difficile ont été l’exercice d’une double responsabilité : assurer à Paris la conduite financière du mouvement (50 permanents et employés), l’organisation du déplacement de 5 500 jeunes à Rome en 1957 et pour cela la mobilisation de 200 millions, puis l’animation de la JOC en tant que président, tout en contribuant à l’animation de la province du Nord, puis de la région parisienne. »

Durant les années 1950, il fit le constat de la rupture de la JOC comme mouvement de masse organisé : « Les effectifs avaient fondu, on se repliait sur un militantisme individuel, on n’y croyait plus trop… Cette rupture avait été plus ressentie dans les grandes villes. On m’avait demandé d’aller sur le terrain. Ce fut pour moi l’expérience la plus exaltante. Dans les vieux quartiers et les faubourgs de Lille les jeunes se retrouvaient en masse pour préparer les premières veillées populaires internationales. Ils redécouvraient leurs relations pour susciter l’action de masse avec leurs camarades de bandes, d’ateliers et de transports. Mais ce fut aussi, comme plus tard dans les quartiers de Paris, la rencontre de la condition prolétaire de la jeunesse travailleuse. »

Dans son témoignage, André Thollent exprime combien il fallait maintenir à bout de bras la JOC pendant les années de la guerre d’Algérie, justifiant la mobilisation autour des problèmes des jeunes en Algérie : prise de position pour l’indépendance des peuples colonisés, dénonciation de la torture et de l’imposture des discours officiels, refus des tentatives de séduction du régime du général de Gaulle. Il souligna également l’attitude de l’Église avec « ses compromissions, ses ambiguïtés politiques et idéologiques ».

Il quitta la JOC et se maria avec Pierrette Ferrières, ancienne permanente jociste, le 9 septembre 1960 à Albi (Tarn) et refusa de suivre certains conseils l’invitant à militer d’un côté au MRP et de l’autre à la CGT ou à devenir manœuvre afin d’être présent parmi les plus pauvres. Il vécut à Rouen, embauché à l’EDF et milita à la CFTC puis à la CFDT.

En juin 1973, il fut élu membre du bureau national confédéral au congrès de Nantes au nom de l’Union régionale Haute-Normandie (URI) en juin 1973. Il succéda à Pierre Jeanne*. Réélu au congrès suivant, en mai 1976 à Annecy après être intervenu au nom de l’URI Haute-Normandie dans le débat sur le rapport général présenté par Edmond Maire. Son intervention porta sur l’affirmation qu’il convenait de se situer clairement à l’intérieur du mouvement unitaire qui peut porter la gauche au pouvoir, mais qu’il fallait éviter à la fois de se limiter aux problèmes revendicatifs immédiats et de s’en remettre à l’application du programme commun. Un rassemblement syndicalo-politique sur la base d’un programme minimum ne pouvait mener qu’à une impasse. Il se prononça également contre un amendement sur l’union des forces populaires, au nom de 19 syndicats de Haute-Normandie pour affirmer que l’union des forces populaire devait se faire avec ceux qui ont la volonté de l’union. L’amendement fut repoussé.

Au congrès confédéral de Brest en 1979, André Thiollent fut réélu au bureau national confédéral. En mai 1982, à Metz, il participa au congrès confédéral, mandaté de l’URI Haute-Normandie mais ne se représenta pas à l’élection au bureau national. Ariette Labrune candidate de l’URI Haute-Normandie fut élue et lui succéda. À ce congrès, André Thiollent fit le discours de clôture. Intitulé « Aujourd’hui la parole est aux actes », ce discours porta sur le chemin parcouru depuis vingt-cinq ans avec les apports de la CFDT au mouvement ouvrier et souligna que la présence de la CGT, de la CGC, et de la FEN au congrès était une provocation.

André Thiollent avait signé en juin 1974, avec sa femme, l’Appel pour participer au développement d’une grande force socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183025, notice THIOLLENT André, Arthur, Albert, Henri par Éric Belouet, Jean Limonet, version mise en ligne le 5 août 2016, dernière modification le 7 septembre 2016.

Par Éric Belouet, Jean Limonet

SOURCES : Archives confédérales CFDT, Syndicalisme, numéros spéciaux congrès confédéraux. — Arch. JOC (SG), fichier des anciens permanents. — Masses ouvrières, n° 167, octobre 1960, p. 94 ; n° 345, mai-juin 1978, p. 41-45. — Tribune socialiste, 623, 15 juin 1974.

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