BERTRAND Henri

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

Né le 12 février 1922 à Saint-Loubès (Gironde), exécuté sommairement le 4 août 1944 au Vigeant (Vienne) ; employé SNCF à Bordeaux (Gironde) ; résistant, maquis AS de la Vienne.

Henri Bertrand était le fils d’Émile Bertrand et de Marie Louise Proust, gardes-barrière à Saint-Loubès. Il entra lui-même à la SNCF et était au début des années 40, facteur à Bordeaux-Bastide (ancienne gare de Bastide-Orléans, sur la ligne Paris – Bordeaux et aujourd’hui disparue). Requis en juin 1943 pour le STO, il dut partir en Allemagne, affecté dans une gare de Berlin au service de la Reichsbahn. Il rentra clandestinement à une date inconnue, caché sous un train (souvenirs de sa sœur, cités dans mémorial genweb, op. cit.). Devenu réfractaire STO, il se réfugia chez sa tante (la sœur de son père) à l’Isle-Jourdain (Vienne).
Il s’engagea dans la Résistance et rejoignit un maquis de l’Armée Secrète de la Vienne, vraisemblablement le maquis « Adolphe B » de l’AS installé autour de l’Isle-Jourdain rattaché au Groupement « Michel » ou « secteur D » (commandant Blondel) de la Vienne. Il faisait partie d’un détachement de renfort qui se heurta à une colonne allemande (la section rapide SS n° 608 du 80e corps d’armée de la Wehrmacht, renforcée par des Feldgendarmes et des miliciens) à la sortie du Vigeant le 4 août 1944. En fin de matinée, vers 11h, la colonne allemande de répression fut attaquée par la Résistance à 3 km au sud du Vigeant au bois de Larreau. Peu après, deux sections des maquis locaux de l’AS envoyées en renfort à partir de l’Isle-Jourdain, furent interceptées lors de leur arrivée au Vigeant vers 13 heures 45. Les maquisards surpris, sautèrent des camions et ouvrirent le feu mais six d’entre eux pris sous le feu de l’ennemi furent tués presque immédiatement dans le combat. Alors que les occupants du deuxième camion, arrêté avant l’entrée du bourg, parvinrent pour la plupart en combattant à se replier vers les bois proches, plusieurs maquisards du premier camion immobilisé dans le bourg, parfois blessés, tentèrent de s’y disperser et de s’y cacher. Les unités allemandes procédèrent alors à des perquisitions et des fouilles d’une grande violence, arrêtant et exécutant sur le champ les maquisards ainsi que des civils, incendiant des maisons (23) et regroupant des civils pris en otages avant de les fusiller en représailles avec plusieurs résistants près du cimetière. Le sort d’Henri Bertrand reste imprécis : il fut vraisemblablement exécuté sommairement après avoir été capturé. Selon le témoignage de sa sœur (fiche associée à la plaque SNCF de Bordeaux, mémorial genweb op. cit.), caché dans des bottes de paille, il aurait été découvert et brûlé dans l’incendie de celles-ci, allumé par les soldats allemands (cependant le témoignage ignore le contexte des événements du Vigeant et construit un récit sans rapport avec les faits et l’acte de décès, seules les circonstances de la mort paraissent pouvoir être envisagées comme probables).
Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué FFI par décision du 27 novembre 1946. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Millac, commune limitrophe de l’Isle-Jourdain, où Henri Bertrand était vraisemblablement caché dans la clandestinité. Il figure aussi sur la plaque commémorative du Vigeant, face au cimetière, dédiée aux « Résistants et victimes civiles du 4 août 1944 ». Son nom est inscrit sur la plaque commémorative à Bordeaux, gare Saint-Jean dans le Hall des départs, dédiée aux « Agents de la SNCF de la Résistance de Bordeaux morts pour la France en 1939-1945 ». L’avenue qui conduit à la gare de Saint-Loubès, sa commune natale, porte son nom.
Voir Le Vigeant (4 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183161, notice BERTRAND Henri par Dominique Tantin, Michel Thébault, version mise en ligne le 8 août 2016, dernière modification le 29 janvier 2022.

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

SOURCES : Thomas Fontaine (sous la direction de…), Cheminots victimes de la répression 1940-44, Paris, Perrin/SNCF, 2017, p. 845-846. — Site de la mairie du Vigeant Le 4 août 1944 — État civil, mairie du Vigeant (acte de décès registre 1944, n° 43) — Mémoire des Hommes — mémorial genweb, en particulier SNCF - Bordeaux.

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