GAMONET Jean, Roger

Par Robert Serre, Francis Barbe, Jean-Marie Guillon (à partir du travail de Robert Pinel et de Mémoire Résistance HB)

Né le 17 septembre 1915 à Creysseilles (Ardèche), exécuté le 22 février 1944 à Séderon (Drôme) ; gendarme ; résistant (mouvement Combat, Armée secrète/AS).

Fils de Charles Gamonet et de Nancy Puaux, il était le deuxième d’une famille de six enfants, se partageant entre Privas (Ardèche) où elle résidait et le village de Creyselles dont son grand-père paternel avait été le maire. Jean-Roger Gamonet fut élevé dans les principes d’un milieu protestant et républicain et fut inscrit dans les Éclaireurs de France. Il effectua son service militaire en Algérie et voyagea en Orient, notamment en Syrie, pendant son service. Devenu employé à la préfecture de l’Ardèche, à Privas, il se maria avec Élise Aimé, le 29 juillet 1941. Le couple entra au mouvement Combat vers le 15 novembre 1942, distribuant journaux et tracts, Élise Gamonet faisant aussi de fausses cartes pour ceux qui avaient besoin d’entrer dans l’illégalité. Requis pour le STO, Jean-Roger Gamonet s’engagea le 11 mai 1943 dans la gendarmerie pour y échapper. Il suivit les cours de l’École préparatoire de la police de Pamiers (Arège) où il rentra le 15 juin et il fut vite bien noté. Son premier poste fut la brigade de Séderon dans la Drôme sud, le 15 septembre 1943. Il fut détaché à Annecy (Haute-Savoie) du 23 novembre au 29 janvier 1944. Resté un résistant, appelé à faire des enquêtes sur les maquis et notamment le Maquis Ventoux dirigé par Philippe Beyne, il s’était lié avec les réfractaires.
Les Allemands, Feldgendarmerie et police, arrivèrent à Séderon le 21 février 1944 au soir, coupant les communications et investissant la caserne de gendarmerie. Un policier civil questionna les gendarmes sur le capitaine Beyne et le camp de réfractaires des environs d’Eygalayes (Drôme), il ne reçut aucune réponse. Les gendarmes furent consignés. Perquisitions et contrôles commencèrent dès le soir et se prolongèrent dans la nuit et le lendemain. Les hommes furent rassemblés le lendemain matin. De retour de l’expédition meurtrière d’Izon-la-Bruisse (Drôme) qui fit trente quatre morts parmi les maquisards, le détachement allemand s’arrêta à Séderon. Le lieutenant Greve qui le commandait vint à la gendarmerie accompagné d’un policier en civil et d’un jeune en haillons, portant des lunettes noires, qui était vraisemblablement l’un de ceux qui avait trahi le maquis. Les Allemands accusèrent deux gendarmes d’avoir partagé un repas avec les réfractaires. Selon la rumeur, il se serait agi du repas du soir de Noël 1943 et des photos auraient été faites. Le traître désigna Gamonet. Interrogé à l’hôtel Bonnefoy, Gamonet ne parla pas et fut abattu à coups de mitraillette à côté du monument aux morts.
Il repose dans le cimetière de Charmes-sur-Rhône.
Sa famille, installée à Valence, tenta à la Libération de retrouver les auteurs ou l’auteur de sa dénonciation et une instruction par la Justice militaire fut engagée mais le juge d’instruction du Tribunal militaire permanent de Lyon rendit une ordonnance de non-lieu le 14 janvier 1950.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183173, notice GAMONET Jean, Roger par Robert Serre, Francis Barbe, Jean-Marie Guillon (à partir du travail de Robert Pinel et de Mémoire Résistance HB), version mise en ligne le 8 août 2016, dernière modification le 14 décembre 2019.

Par Robert Serre, Francis Barbe, Jean-Marie Guillon (à partir du travail de Robert Pinel et de Mémoire Résistance HB)

SOURCES : SHD, GR 28 P 2 233. — Arch. Nat., F/1CIII/1152, rapport préfet du 5 mars 1944. — Arch. dép. Drôme, 1920 W, fonds de l’AERD (dossier remis par le fils d’André Vincent-Baume). — Arch. Dép. Rhône, 3808 W 247. — site internet Mémoire des hommes AC 21 P 188730. — Association pour la Mémoire de la Résistance et de la Déportation dans les Hautes-Baronnies (Mémoire Résistance HB), La tragédie du maquis d’Izon-la-Bruisse, 22 février 1944, Eygalayes, 2013, p. 76-77. — Francis Barbe, « 22 février 1944, le drame d’Izon la Bruisse », Mémoire du Teil n°10, 2018. — Laurent Pascal, Maquis Ventoux, op. cit.— Joseph La Picirella, Témoignages sur le Vercors, 14e édition, 1991. 88. — Cdt Pons, De la Résistance à la Libération, rééd. 1987, p. 270. — Monument aux morts Séderon. — Mémoire du Teil, N° 10, 2018, Article : "22 février 1944, le drame d’Izon la Bruisse". — Robert Pinel, La tragédie du maquis d’ Izon la Bruisse, 22 février 1944.
wwwFrance-impression. 2013.

Iconographie : collection Association des familles de fusillés déposée au Musée national de la Résistance

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