GARCIA TALTAVULL Carmelo

Par Jean-Sébastien Chorin, Robert Serre

Né le 17 novembre 1903 à Carthagène (Espagne), exécuté sommairement le 17 juin 1944 à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967) ; bûcheron ; résistant FFI-FTPF.

Carmelo Garcia Taltavull était le fils de Joseph Garcia et de Catherine Taltavull. Il avait épousé Léa Damulot. Le couple n’avait pas d’enfant. Réfugié espagnol dans la Drôme, il demeurait à Taulignan. Il exerçait la profession de bûcheron.
Engagé dans la Résistance, Carmelo Garcia fit partie du 1er Régiment FTPF Drôme (9e compagnie du 3e Bataillon). Il fut capturé à Salles-sous-Bois (Drôme) lors du combat qui eut lieu contre les Allemands le 12 juin 1944, puis il fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône).
Le 17 juin 1944, il fut extrait de Montluc avec neuf autres détenus. Les Allemands transportèrent les dix hommes dans une camionnette jusqu’à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967). Eugène Lacombe, forgeron à Saint-Laurent-de-Mure, les aperçut vers 18h40 : « Mon atelier se trouve à environ 50 mètres de la route Nationale N°6. […] j’ai vu passer un convoi composé d’une camionnette et d’une voiture de tourisme de couleur noire et semblant être une Peugeot 301. Suivant ces deux véhicules j’ai entendu mais pas vu une motocyclette. [...]  » Le convoi s’arrêta au lieu-dit les Glandiers, en bordure du chemin menant de la route nationale 6 (aujourd’hui Départementale 306) à Colombier-Saugnieu. Les Allemands firent descendre les dix prisonniers et les exécutèrent dans le champ au bord du chemin. David Roy, cultivateur au lieu-dit Poulieu à Saint-Laurent-de-Mure, fut partiellement témoin de la scène : «  […] vers 19h15, je me trouvais dans un champ situé à proximité de la route menant de St-Laurent-de-Mure à Colombier (Isère). A un moment donné j’ai entendu des coups de feu semblant provenir de la direction de Poulieu. Tout en continuant mon travail j’ai regardé dans cette direction, et, ai aperçu, à environ quatre cents mètres du lieu où je me trouvais, toujours sur la route indiquée ci-dessus, un homme qui se promenait, un fusil à la main. A quelques mètres était arrêtée une camionnette couleur gris foncé. Environ une heure après, lorsque mon travail fut fini, je suis retourné à Poulieu, et en cours de route j’ai constaté la présence de dix cadavres au lieu dit Glandier. A cet endroit j’ai rencontré M. Chavret Clément qui se trouvait à passer. Je lui ai conseillé de prévenir les autorités de St-Laurent-de-Mure. [...]  ». Informé vers 21 heures, Marcel Baconnier, maire de Saint-Laurent-de-Mure, fit porter les corps dans un hangar.
Le 18 juin 1944, la police judiciaire de Lyon se rendit sur les lieux. L’inspecteur de police examina brièvement les victimes et constata qu’elles avaient été tuées d’une ou plusieurs balles dans la tête. Il se rendit dans le champ de blé où les cadavres avaient été découverts. Il observa les traces de sang et nota qu’elles étaient situées à intervalles réguliers. Il remarqua également que les flaques de sang étaient « jumelées ». De retour dans le hangar, il découvrit des traces de menottes sur les poignets des cadavres. Le policier trouva par ailleurs du pain bis (pain militaire allemand) dans les poches de quelques victimes. Il conclut que les dix hommes avaient été exécutés par les «  autorités allemandes », deux par deux, à « presque bout portant  » d’un coup de fusil tiré dans la tête.
Les victimes ne portaient pas de pièces d’identité. Il fut donc impossible de les identifier immédiatement. La police attribua le numéro quatre au corps de Carmelo Garcia et releva son signalement : « Le quatrième : âgé de 35 ans environ et mesurant 1 m 72 avait le type nord-africain et était vêtu d’une veste noire usagée, d’un pantalon velours à côtes. […] Il était chaussé de souliers bas jaunes à semelle "Flex". Il avait avec lui une serviette marqué "C.B.". » Il portait une chemise et un béret. Il avait les cheveux de couleur châtain foncé. Le médecin appelé sur place pour examiner les corps précisa que le « N°4 Type nord-africain 40 ans environ taille 1m72  » portait une blessure par balle à la base du nez.
Le corps de Carmelo Garcia fut inhumé au cimetière de Saint-Laurent-de-Mure. Le 13 mars 1945, il fut identifié par sa femme qui demeurait à Taulignan.
Il obtint le titre d’interné résistant et fut reconnu « Mort pour la France ».
Exhumé, son corps fut enterré à la nécropole nationale de la Doua (Villeurbanne, Rhône), carré A, rang 10, numéro de sépulture 59. Son nom apparaît sur la stèle des fusillés située square du 11 Novembre 1918 à Saint-Laurent-de-Mure et sur la plaque commémorative 1939-1945 à Taulignan.


Voir : Saint-Laurent-de-Mure, 17 et 26 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183176, notice GARCIA TALTAVULL Carmelo par Jean-Sébastien Chorin, Robert Serre, version mise en ligne le 8 août 2016, dernière modification le 30 novembre 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin, Robert Serre

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W605, 3335W22, 3335W17, 3460W2, 3460W4, 31J1F4.— Arch. Dép. Drôme, 1920W, 132J1.— Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Peuple Libre, Valence, 1989, p. 256.— Joseph La Picirella, Témoignages sur le Vercors, 14e édition, 1991, p. 169.— Collectif Valréas, 12 juin 44 : 53 fusillés à Valréas, p. 41.— Cdt Pons, De la Résistance à la Libération, rééd. 1987, p. 278.— Monument aux morts de Taulignan.— Réponse de Thomas, instituteur de Taulignan au questionnaire du CH2GM, 10 avril 1960.— Mémoire des hommes.— Mémorial Genweb.

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