CHAMPEME Louis

Par Michel Thébault

Né le 22 novembre 1903 à Bourganeuf (Creuse), exécuté sommairement le 9 juin 1944 à la Gasne-du-Clos, commune de Montboucher (Creuse) ; ouvrier électricien ; résistant AS.

Louis Champême était le fils de Louis Champême menuisier à Bourganeuf et de Françoise Parpeix couturière. Il se maria le 3 avril 1926 à Fontenay-sous-Bois (Seine, aujourd’hui Val-de-Marne) avec Madeleine, Simone Legrand (née en 1902 à Paris). Au recensement de 1936, il résidait avec son épouse et sa fille Ginette née en 1929, à Bourganeuf, 21 rue du Puy, où il exerçait la profession d’ouvrier électricien. Mobilisé en 1939, il fit la campagne de 1940.

Il s’engagea dans la Résistance rejoignant les maquis du sud de la Creuse, dans le secteur de Bourganeuf. Il intégra la compagnie Chaumeil de l’Armée Secrète y devenant sergent FFI. Cette compagnie était organisée par Maurice Chaumeil, instituteur à Montboucher, combattant de 1940 et capitaine de réserve. Elle participa le 7 juin 1944 à la première libération de Guéret. Repliée sur ses bases du secteur de Bourganeuf, elle tenta le 9 juin de ralentir l’avancée de la division Das Reich vers Guéret.
En effet la prise de Guéret avait amené le commandement allemand à modifier l’ordre de marche de la division qui remontait le long de la nationale 20. Le 8 dans la journée, le 3ème bataillon du régiment Der Führer reçut l’ordre de se diriger vers Saint Léonard de Noblat où il parvint le 8 au soir, pour le lendemain se diriger vers Guéret afin de boucler la ville par le sud. Le 9 juin au matin, le bataillon reprit sa progression vers Guéret, arrêté une première fois à Sauviat-sur-Vige, à la limite du département de la Creuse, par la destruction du pont et une première escarmouche avec les maquis creusois. Sous la menace de l’exécution d’otages et de destruction du village, les hommes de Sauviat-sur-Vige durent construire en urgence un pont provisoire pour permettre le passage des éléments lourds du bataillon blindé. Quelques kilomètres plus loin, une nouvelle opération de retardement avait été préparée dans les grands virages bloqués par des troncs d’arbres, de la Gasne-du-Clos (commune de Montboucher, Creuse). Louis Champême fut tué avec deux camarades, Raymond Chambinaud et Marcel Ridoux près du village du Frédoux, commune de Montboucher.

Selon le compte-rendu allemand (Michel Baury op. cit.) qui présente le fait comme la suite d’un combat : « l’adversaire, déjà en retraite, a été rattrapé par des éléments dispersés (un camion avec 12-15 hommes), près de la Besse et pris sous le feu d’une pièce motorisée de 7,5 cm. Le groupe de tête n’a pu que constater la présence de 3 tués près du camion et a pris trois pistolets mitrailleurs anglais. La plus grande partie de l’arrière-garde en fuite a réussi à se réfugier dans la forêt proche ». Un témoignage de Maurice Chaumeil a pu également être retrouvé (ADIRP 87 op. cit.) : « Le 9 juin 1944… une délégation de ma compagnie FFI, stationnée à Bourganeuf, devait rendre les honneurs aux obsèques à Saint-Pierre-Chérignat de Jacquet, ex PGA, tué à mes côtés, le 7 juin 1944, à Guéret, par les miliciens. Cette délégation a quitté Bourganeuf dans la camionnette au « gazo » de l’adjudant FFI Chautard Fernand qui la conduisait. Je devais effectuer le trajet en moto pour passer chez moi, prendre une autre tenue militaire plus présentable que celle que je portais tous les jours. En route je dépassai facilement la camionnette de Chautard. Quand je quittai la RN 141, à la Gasne du Clos, une colonne blindée allemande stationnait au chemin ferré, faisant mouvement vers Bourganeuf. A son arrivée au tournant de l’étang, elle vit sans doute la camionnette virer sur le CD 44 et quand elle fut à la hauteur de la grange de M. Bertrand, elle prit sous son feu le lent véhicule FFI qui montait péniblement la côte, et d’un tir direct elle l’immobilisa pendant que d’autres engins la rejoignaient immédiatement. On ne peut pas dire qu’il y eut combat, mais surprise totale. Des FFI blessés seul Chautard, la rotule du genou brisée, réussit à gagner le bois, les genêts et un champ de blé où il s’immobilisa hors de la vue de l’ennemi. Parmi les autres FFI quatre réussirent à se dégager mais les trois blessés Chambinaud, Champême et Ridoux ne purent se cacher assez vite et l’ennemi les découvrit. Ces FFI arrêtés furent ramenés près de la camionnette puis achevés et brûlés et quand un instant après les derniers coups de feu et après le départ des Allemands, je me trouvais sur les lieux, je ne vis que des cadavres horriblement calcinés à côté de la ferraille brûlée elle aussi. Ma version est véridique et les soldats FFI doivent être considérés comme achevés et carbonisés par les troupes d’opérations allemandes ». Il semble donc bien que les trois maquisards, blessés, aient été achevés par les troupes allemandes et leurs corps rassemblés, brûlés sans doute au lance-flammes.

Louis Champême fut inhumé à Bourganeuf et obtint la mention « Mort pour la France » en août 1945. Son nom figure sur le monument aux morts de Bourganeuf et sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret. Un monument commémoratif avec une stèle à son nom et à celui de ses deux camarades tués avec lui a été édifié au Fredoux sur la route qui mène de la Gasne-du-Clos au bourg de Montboucher.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183213, notice CHAMPEME Louis par Michel Thébault, version mise en ligne le 9 août 2016, dernière modification le 20 septembre 2021.

Par Michel Thébault

SOURCES : État civil — SHD Caen AVCC AC 21 P 41536 — ADIRP 87 (Archives privées de l’Association départementale des déportés et internés de la Haute-Vienne) Dossier Ridoux — Marc Parrotin Le temps du maquis éditions Verso 1981 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Mémorial genweb — Wikipedia. Massacre de Combeauvert — Michel Baury, collecteur de mémoire. Essais historiques.

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