CAGNE Jean, André, Pierre

Par Claude Pennetier

Né le 24 août 1907 à Beaune (Côte-d’Or), mort le 14 octobre 1958 à Lyon (Ve arr.) ; ajusteur ; secrétaire de la fédération communiste du Rhône, membre du comité central du PCF (1950-1958) ; député du Rhône (1951-1958).

Jean Cagne était le fils de Paul Cagne, forgeron en voitures (ferronnier d’art dit-on parfois) et de Louise, Jeanne Forcy, ménagère, qui seront sympathisants du Parti communiste. Son frère devint représentant de commerce. Sa scolarité n’est pas connue mais il obtint le certificat d’études primaires et commença à travailler comme apprenti mécanicien à l’âge de quatorze ans, à Lyon où vivait sa famille. Il entra à l’usine Lumpp (fabrication de machines pour les industries de la tannerie et de la teinture) en 1924. En 1927-1929, il fit son service militaire dans l’artillerie comme brigadier pointeur. Il sera mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale.

Marié à Francheville (Rhône) en juin 1931 avec Louise Giraud, employée, fille d’un forgeron, Paul Cagne adhéra d’abord au Secours rouge international et quelques mois plus tard au Parti communiste en 1936, à Lyon (d’autres sources donnent la date de 1934), sans occuper de responsabilités avant 1939. Sur le plan syndical, affilié à la CGTU en 1934, il s’affirma comme dirigeant métallurgiste CGT en 1938-1939. Il fut responsable du secteur de Vaise, membre de la commission exécutive et ensuite du bureau de l’Union syndicale des métallos de la Région lyonnaise. Les Établissements Lumpp le licencièrent pour participation à la grève du 30 novembre 1938. Il travailla alors dans une entreprise fabricant des pièces d’avion.

Mobilisé, il fit la campagne comme brigadier d’artillerie dans l’Aisne, puis se retrouva dans la Loire, et enfin à Toulouse (Haute-Garonne).
Selon son témoignage, le Pacte germano-soviétique ne le troubla pas : « J’ai été en complet accord avec la position du parti. » (autobiographie d’avril 1945). Revenu à Lyon dès sa démobilisation, il fut en rapport avec les militants du PC et du syndicat CGT, en particulier avec Antonin Dumas, secrétaire général des métaux. Celui-ci l’orienta vers l’action clandestine syndicale. Il fut responsable intercorporatif d’une partie de Lyon (Croix-Rousse, Vaise, Lyon-Ville, Perrache) jusqu’à 1942. L’année suivante, il devint responsable du parti pour le syndicat légal des métaux. Il avait la liaison avec la direction régionale du parti, le bureau illégal des métaux et la fédération. Il joua un grand rôle dans la mise en place de la manifestation patriotique du 14 juillet 1942 dans le quartier Perrache.

Début 1943, une perquisition eut lieu à son domicile, en son absence mais en présence de sa femme. Les policiers trouvèrent parmi les vieux journaux à brûler un journal de la résistance : Libération. Le couple fut convoqué par les policiers et Cagne interrogé sur son action militante, notamment sur les réunions syndicales des métaux à Lyon et en banlieue. « J’ai donc déclaré avec force que j’étais un syndicaliste actif, syndicaliste convaincu et voulais convaincre les autres que c’était mon droit le plus strict puisque la Bourse du travail était ouverte, que les syndicats n’étaient pas illégaux. » Il ne fut pas inquiété mais il entra dans une clandestinité totale. Il participa à des sabotages et aida les milices patriotiques.

À la Libération, il fut membre du comité de grève insurrectionnel et un des responsables de la métallurgie à Lyon. Dès septembre, il devint secrétaire de l’union syndicale des métallurgistes de cette ville et secrétaire général de l’Union des syndicats des métaux du Rhône.

Membre du bureau fédéral depuis septembre 1944, militant de la section du Vieux Lyon, il devint secrétaire fédéral en 1950, mais il semble bien avoir pris le pas sur Julien Airoldi* dès 1947. Cette même année 1950, en avril, il fit partie de la nouvelle vague ouvrière qui entra au comité central du PCF (XIIe congrès, Gennevilliers), comme suppléant, avant de devenir titulaire en juin 1954 (XIIIe congrès, Ivry). Il fut critiqué à la commission politique du XIVe congrès (Le Havre, juillet 1956) par Léon Mauvais* et Marcel Servin* pour manque de vigilance sur l’affaire Yougoslave mais il fut réélu.

Tête de liste communiste aux élections législatives du 17 juin 1951, avec en second Pierre Cot, dans la 1re circonscription du Rhône, il fut élu ainsi que Cot. Il fut réélu le 2 janvier 1956. Très actif au Palais-Bourbon, il participa notamment à la commission de la presse et intervint à de nombreuses reprises sur les questions concernant la radio et la télévision.

Gravement malade (cœur et nerfs, angine de poitrine, il avait fait un infarctus en 1947), il mourut à l’âge de cinquante et un ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18340, notice CAGNE Jean, André, Pierre par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 18 octobre 2010.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — DPF, 1940-1958, t. 3. — État civil de Beaune.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable