CAHEN Gilberte, épouse LANDAU puis BESSET

Par Pascale Quincy-Lefebvre

Née le 15 janvier 1913 à Toul (Meurthe-et-Moselle), morte le 4 juillet 1997 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; enseignante ; résistante ; communiste, membre du Comité fédéral du PCF du Puy-de-Dôme ; militante de l’UFF, du Secours populaire et de l’ANACR.

Gilberte Cahen était la fille d’Isaac Cahen et de Laure Israël, tous les deux de confession juive. Après des études à l’École normale d’institutrices de Nancy, temps pendant lequel elle milita aux Jeunesses Socialistes, elle épousa en 1937 Léo Landau, ingénieur agronome, né à Yalta (Crimée) le 15 décembre 1915. Le couple eut deux enfants : Jacques, né le 11 juillet 1939, et Daniel, né en pleine guerre le 4 novembre 1940.

Repliée en Auvergne lors du déferlement des troupes allemandes, elle y retrouva son mari qui, en tant qu’officier de réserve d’artillerie, servait à Issoire. En octobre 1943, elle s’engagea aux côtés de son mari, responsable local de la Résistance. Léo Landau était chef d’un maquis de Haute-Lozère. Il trouva la mort le 18 juillet 1944 à Pradelles (Haute-Loire), lors de l’attaque d’un convoi de troupes nazies qui remontait sur la Normandie. Le capitaine « Martel » reçut la Légion d’honneur à titre posthume.

Après avoir été agent de liaison dans la résistance civile et avoir rejoint le maquis de Haute-Lozère, avec le titre de sous-lieutenant des FFI, le 22 juillet 1944, Gilberte Landau remplaça son mari et participa aux combats de la Libération en Lozère, puis s’engagea dans la première Armée et fit partie des auxiliaires féminins de l’armée de Terre (AFAT). Elle prit part à la campagne d’Alsace pendant l’hiver 1945 et revint avec le titre de lieutenant et la Croix de guerre (étoile de bronze).

De retour à la vie civile, veuve et mère de deux enfants, Gilberte Landau reprit son métier de professeur de français au centre d’apprentissage Sidoine-Apollinaire à Clermont-Ferrand. En 1946 – ou 1944 selon les archives des vétérans du Parti –, elle adhéra au Parti communiste et, parallèlement à son engagement politique, participa aux luttes syndicales. En 1951, elle se remaria avec Pierre Besset, grande figure de la fédération communiste du Puy-de-Dôme, ancien ouvrier travaillant dans le bâtiment, résistant et député PC de 1945 à 1958. De cette seconde union naquirent deux enfants, Jean Luc et Martine.

La militante communiste qu’elle fut siégea au comité fédéral du parti dans le Puy-de-Dôme à l’issue de la 6ème conférence fédérale des 28 et 29 janvier 1950. Elle n’effectua qu’un mandat jusqu’en 1952. Elle constitua une cellule dans son établissement scolaire. Membre du bureau départemental de l’Union des femmes françaises, organisation proche du PC, elle participa également avec Andrée Lenoble à la fondation, dans le Puy-de-Dôme, du Secours populaire français qui succéda à l’ancien Secours rouge en 1945. Militante active dans le contexte particulier des années qui suivirent la Libération, elle développa un engagement social et politique en lien avec des convictions nées pendant la guerre et sa situation d’épouse d’un député communiste. Dans les années 70, elle était membre de la cellule Sadoul à Clermont-Ferrand, membre également des vétérans du Parti.

Femme communiste mais avant tout « citoyenne », ce fut avec ces mots que Guillaume Laybros, au nom de la fédération du PCF, décrivit Gilberte Besset au moment de son décès en 1997.

Le combat citoyen de Gilberte Besset fut, plus particulièrement, celui de la défense, de l’entretien de la mémoire résistante et des valeurs associées à la lutte antifasciste auprès des jeunes générations.

Fondatrice avec ses camarades de l’ANACR de la zone 13 vers 1963, elle fut secrétaire départementale pendant de longues années et participa à la création et à la vie du journal Résistance d’Auvergne. Chevalier des Palmes académiques et membre de l’Université combattante, Gilberte Besset prit une part active à la fondation du prix de la résistance aux côtés d’Aimé Coulaudon*, « le colonel Gaspard ». En particulier, elle s’activa beaucoup pour obtenir que l’Université d’Auvergne crée une chaire d’enseignement de l’histoire de la Résistance. Pensionnée de guerre, elle fut candidate pour le tirage au sort des juges titulaires et suppléants au Tribunal des pensions des Anciens combattants et, à partir de 1974, y siégea à plusieurs reprises. Membre du conseil national de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance et élue au bureau national de l’association, elle siégea aux côtés du colonel Rol Tanguy*, chef des FFI de Paris, et du « Colonel André », Albert Ouzoulias*, chef national des FTPF.

Titulaire de la Croix de guerre, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance, de la Croix du combattant et des Palmes académiques, Gilberte Besset mourut le 4 juillet 1997 et fut incinérée au crématorium de Crouel (Puy-de-Dôme). Cérémonie symbole de ce que fut l’engagement de cette femme de conviction où, en présence de la famille, retentit le chant des partisans et pendant laquelle l’éloge funèbre fut prononcé par le communiste Guillaume Laybros.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18346, notice CAHEN Gilberte, épouse LANDAU puis BESSET par Pascale Quincy-Lefebvre, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 août 2021.

Par Pascale Quincy-Lefebvre

SOURCES : Documents officiels sur les activités résistantes de Gilberte Landau. — Regards 11 juillet 1997. — Résistance d’Auvergne, n° 107, octobre 1997. — Archives de la fédération PCF du Puy-de-Dôme. — Témoignage écrit de ses enfants Jean-Luc et Pierre Besset (printemps 2000).

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