GOURENTZEIG Jacob

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 10 mars 1883 à Varsovie (Pologne), naturalisé français, massacré le 17 ou 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; négociant ; victime civile.

Jacob Gourentzeig était le fils de Nouisan et d’Esther Fetermann. Il eut six enfant avec Léa Samsonovitch. Leurs aînés naquirent à Varsovie (Pologne) puis les Gourentzeig s’exilèrent en France avant le 20 avril 1909. Ils s’installèrent à Paris où ils demeurèrent 126 boulevard Richard Lenoir (XIe arr.). Le 16 décembre 1920, Jacob Gourentzeig épousa Léa Samsonovitch à Paris (IIIe arr.). Il fut naturalisé français par décret du 13 janvier 1927. Jacob Gourentzeig était négociant.
Après la déclaration de la guerre, il se réfugia à Pusignan (Isère, Rhône). Le 7 ou le 9 août 1944, soit à Pusignan soit à Lyon (Rhône), Jacob Gourentzeig fut arrêté par la Gestapo parce qu’il était juif. Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le matin du 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent extraits « sans bagage » de la prison et conduits dans des camions au camp d’aviation de Bron. Surveillés par des soldats allemands, ils durent reboucher les trous d’obus et déterrer et désamorcer des bombes non éclatées toute la journée. A midi, on leur donna une portion de soupe claire. A 18h, l’adjudant-chef Brau demanda à 20 soldats de se porter volontaires pour accompagner les détenus. A 18h30, ils chargèrent les prisonniers sur un camion en les battant à coups de cravaches et de crosses de fusils. Les prisonniers furent conduits près d’un grand trou de bombe. On les fit mettre en cercle autour de la fosse qu’ils commencèrent à reboucher. Les soldats portaient des bouts de tuyau en fer entourés de caoutchouc. Les détenus furent vraisemblablement battus (assommés peut-être ?) et ils reçurent chacun une balle dans la tête ou dans le corps. Le lendemain, l’adjudant-chef Brau fit recouvrir de terre et de blocs de maçonnerie la fosse dans laquelle gisaient pêle-mêle les corps des victimes.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers juifs de la baraque aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Jacob Gourentzeig fut retrouvé le 21 septembre dans le charnier C, situé au nord du hangar numéro 13 et contenant 25 cadavres. Nous pouvons déduire grâce à différents témoignages que la fosse C contenait vraisemblablement les cadavres de 22 victimes du 18 août, les cadavres de 2 victimes du 17 août et le corps d’une femme exécutée probablement le 21 août. Il est donc difficile de déterminer à quel moment Jacob Gourentzeig fut exécuté. D’après le rapport du médecin légiste, il fut blessé par balle à l’épaule gauche puis enseveli vivant. Il mourut asphyxié par la terre qu’il absorba en tentant désespérément de respirer. Son corps fut décrit comme suit : 1m70, cheveux grisonnants, lunettes à verres biconvexes. Il fut d’abord enregistré sous le numéro 61 puis identifié le 12 octobre 1944 par sa fille. Son acte de décès fut dressé le 13 octobre à Bron sur la déclaration de son gendre Georges Edberg. Jacob Gourentzeig fut inhumé à Bron.
Il obtint le titre d’interné politique en 1965 et la mention Mort pour la France en 2015. Son nom apparaît sur le monument commémoratif de Bron rendant hommage aux fusillés du mois d’août 1944.

Voir Bron (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183635, notice GOURENTZEIG Jacob par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 17 août 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : AVCC, Caen, dossier de Jacob Gourentzeig.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3460W4, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Note de Dominique Tantin.— Site Internet de Yad Vashem.— Mémorial Genweb.

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