LE FORESTIER Roger

Par Laurent Cardonnet, Dominique Tantin. Compléments par Eric Panthou

Né le 8 juillet 1908 à Montpellier (Hérault), exécuté sommairement le 20 août 1944 au fort de Lorette à Saint-Genis-Laval (Rhône) ; médecin, chirurgien ; résistance aide et sauvetage.

Roger Le Forestier
Roger Le Forestier
Mémorial GenWeb.

Fils de Félix, Etienne et de Lydia Mazel, Roger Le Forestier épousa Danielle, Louise Vérine.
Il a commencé ses études de médecine à Montpellier (il a été lauréat) puis continué à Marseille, faculté spécialisée en médecine coloniale (vocation d’exercer comme médecin missionnaire en Afrique) fait son internat à Grenoble (qui dépendait de Marseille) et étudié un an à l’Institut Pasteur à Paris avant de soutenir sa thèse (« Le problème de la lèpre dans les colonies françaises et en France. ») à Marseille en décembre 1932 (il n’avait que 24 ans).
En 1934 après son service militaire il partit travailler à l’hôpital Albert Schweitzer (Lambaréné, Gabon) puis à Foumban (Cameroun) avant de rentrer en France en juillet 1935 pour se soigner d’une bilharziose hépatique. Pour sa convalescence il séjourna à la Chartreuse de Valbonne et à Dieulefit. Ensuite il exerça à la Tronche (hôpital de Grenoble) l’hiver et au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) pendant l’été. Lui-même était protestant. Il s’installa définitivement au Chambon en 1939 après son mariage en novembre 1938 et son voyage de noces au Cameroun.

Au Chambon, pendant la guerre, il fut un acteur majeur de la résistance civile : Association "La petite Amérique" avec André Philip, soins aux maquisards, discours aux appelés du STO, au Chambon, à Fay et dans tout le plateau Vivarais-Lignon, pour les dissuader de partir. Il prodigua des soins aux réfugiés juifs cachés par la population du village. Avec son épouse, Danielle, il hébergea des Juifs, à l’instar de Rachel Barsam, adolescente juive hollandaise, qui y a vécu de novembre 1942 à juin 1943. En juillet 44 il était médecin commandant pour tous les groupements (AS, FTP ORA).

Cet engagement provoqua son arrestation le 4 août au Puy (Haute-Loire). Ce jour là, il s’était rendu au Puy avec M. Martin-Binachon, industriel à Pont-Salomon (Haute-Loire) dans le but d’intervenir auprès du préfet Bousquet pour obtenir la libération d’un instituteur réfractaire du STO, M. Debard. A l’intérieur de son véhicule se trouvaient deux revolvers dont un parabellum pris sur un officier allemand tué au Mont-Mouchet peu avant. Ce même 4 août, 10 millions de francs avaient été soustraits de la Banque de France par les FFI ce qui suscita des contrôles de police immédiats par la Feldgendarmerie. sa voiture ayant été vraisemblablement repérée au Mont-Mouchet, le docteur et les quatre autres personnes l’accompagnant furent appréhendés. Une fois les armes découvertes, il fut conduit à la feldgendarmerie du Puis puis incarcéré à Taulhac.
Il passa la nuit du 4 à la prison, puis fut transféré le 5 à la Kommandantur du Puy commandée par Julius Schmähling. Selon certaines sources, il aurait été condamné à mort et il put écrire sa dernière lettre avant son puis transfert le 10 à Montluc. Ses derniers mots pour sa femme furent : "Embrasse les enfants tous les matins de ma part. Garde tes cheveux en tresse en souvenir car je t’aime ainsi coiffée..."
Il fit partie des 120 victimes du massacre perpétré par les Allemands le 20 août 1944 au fort de Lorette à Saint-Genis-Laval (Rhône).
Il obtint la mention « mort pour la France. » Son dossier aux archives de Vincennes établi par la Commission Régionale de Clermont-Ferrand avec comme référents André Philip, Léon Eyraud, Pierre Fayol et Pierre Brès fait état des diverses homologations : capitaine à titre posthume, médaille de la Résistance avec rosette, appartenance aux FFI, état-major des MUR.
Son nom figure à Montpellier sur une plaque commémorative de la Faculté de Médecine, au Chambon-sur-Lignon sur une plaque commémorative de la mairie, à Paris VI° ar. sur la plaque commémorative 1939-1945 de la Faculté de Médecine Paris-Descartes et à Saint-Genis-Laval sur le Caveau des Martyrs.

Voir Saint-Genis-Laval, fort de Côte-Lorette (20 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183638, notice LE FORESTIER Roger par Laurent Cardonnet, Dominique Tantin. Compléments par Eric Panthou, version mise en ligne le 17 août 2016, dernière modification le 9 février 2022.

Par Laurent Cardonnet, Dominique Tantin. Compléments par Eric Panthou

Roger Le Forestier
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SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 474 762, dossier Roger Le Forestier (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 187 : crimes de guerre au Chambon-sur-Lignon .— SHD Vincennes, GR 16 P 354108. Dossier de résistant de Roger Le Forestier (non consulté) .— Laurent Cardonnet, Contribution à l’étude des étudiants de médecine et des médecins Morts pour la France pendant la seconde guerre mondiale, thèse pour le doctorat de médecine, Paris Descartes, 2010, p. 78-79. — Jean-Philippe Le Forestier : mon père, ce héros ordinaire. — Mémorial GenWeb. — Témoignage de son fils, Jean-Philippe Forestier. — Mémorialgenweb.

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