CAILLE Marcel, Jérémie, César

Par Marie-Louise Goergen, Claude Pennetier, Guy Fontaine (IHS CGT Aisne)

Né le 22 novembre 1921 à Flavy-le-Martel (Aisne), mort le 14 octobre 2012 à Béziers (Hérault) ; cheminot ; syndicaliste et communiste, secrétaire général de l’Union locale CGT de Tergnier (Aisne) à partir de 1948, membre de la commission exécutive de l’Union départementale CGT de l’Aisne, membre du bureau confédéral de la CGT (1955-1981), membre du comité central du PCF (1956-1964).

Marcel Caille
Marcel Caille
Coll. IHS-CGT

Fils de Paul Caille (1895-1942, mort en déportation), titulaire du certificat d’études primaires, élève à l’école professionnelle de Saint-Quentin (Aisne) pendant trois ans, Marcel Caille obtint plusieurs CAP dont celui d’ajusteur. Il commença à travailler dans sa quinzième année comme ouvrier métallurgiste dans l’Aisne, et devint hautement qualifié dans la mécanique de précision. Peu après son entrée à l’usine, il se syndiqua à la CGT en juillet 1937. Il milita au club sportif de l’Union locale CGT de Tergnier (Aisne) de 1937 à l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale et fit sa première grève le 30 novembre 1938.
Commentant le pacte germano-soviétique dans une biographie rédigée en 1946, il écrivait : « Étant encore peu initié à la vie politique à cette date je fus étonné de cette situation mais le militant qu’était mon père eut vite fait de m’éclairer à ce sujet, je défendis le pacte du mieux que je pus. » Dès septembre 1940, il fut en contact avec des militants menant une action clandestine et il fit partie des organisations qui dépendaient du Front national, du printemps 1941 à la libération (septembre 1944). Son père Paul Caille fut arrêté le 30 mars 1941, et mourut à Auschwitz, déporté par les nazis. Au moment du STO (mars 1943), Marcel Caille passa dans la clandestinité, continua la résistance en Bretagne et adhéra aux Jeunesses communistes en octobre 1944.

Devenu secrétaire fédéral des Jeunesses communistes dans l’Aisne à la libération, Marcel Caille adhéra au Parti communiste en février 1945, puis y milita ainsi qu’à la CGT dans les organisations de base. Il fut licencié de son travail à cinq reprises pour ses opinions syndicales et politiques. Tous les ouvriers de l’usine Magnin (charrues) firent grève pour sa réintégration pendant quatre jours. Une grande campagne dans ce sens se déclencha dans tout le département de l’Aisne. Avec son épouse, ils perdirent un enfant au moment où arrivait une autre lettre de licenciement. Ils eurent malgré tout deux autres enfants.

Marcel Caille entra à la SNCF, exerça des responsabilités syndicales à la Fédération des Cheminots et, suite aux grèves de novembre-décembre 1947, prit la direction de l’Union locale de Tergnier (Aisne) vers 1948 ; il entra au secrétariat départemental en avril 1948.

Désigné au bureau fédéral du PCF de l’Aisne en 1947, il accéda en mai 1949 aux fonctions de secrétaire général de l’UD-CGT du même département. Il fut nommé au bureau confédéral de la CGT en juin 1955. De 1956 à 1959 et de 1961 à 1964, il siégea au comité central du Parti communiste français. Il dirigea le « secteur organisation » de la CGT pendant vingt ans (1955-1975) et fut secrétaire confédéral jusqu’au congrès de Grenoble en décembre 1978. De 1959 à 1969 il représenta la CGT au Conseil économique et social (vice-président du groupe CGT) et à ce titre exprima, face au général de Gaulle en novembre 1961, le « non » de la CGT au « 4e plan de réduction des conditions de vie des travailleurs ». Pendant cette période, il joua un rôle dans l’organisation de la lutte pour la paix en Algérie aux côtés de Benoît Frachon* et de Léon Mauvais* : « Je coordonnais au sein de la CGT toute l’activité des organisations confédérées dans la bataille pour la paix, avec les contacts extérieurs pour la riposte commune » (lettre du 25 janvier 1983). De 1965 à 1969, il fit partie du comité CGT-CGIL (Italie) pour l’action syndicale en direction du Marché commun et représenta la CGT au Bureau international du travail (BIT) à Genève en 1970. Il conduisit des délégations de la CGT dans de nombreux pays de tous les continents. Enfin il dirigea les délégations de la CGT à deux conférences internationales de soutien au peuple palestinien qui eurent lieu dans les années 1970 à Sofia et Karl-Marx Stadt. De 1975 à 1978, il fut responsable d’un nouveau secteur de la CGT pour la défense des droits et libertés notamment. Il anima une importante campagne de la CGT pour la liberté des travailleurs, en dénonçant la violence et les agissements du patronat, notamment dans les grandes usines de l’automobile. Marcel Caille écrivit deux livres sur les méthodes répressives du patronat, qui firent beaucoup de bruit : Les Truands du patronat et L’Assassin était chez Citroën. Il présenta le rapport sur les questions d’organisation dans la CGT aux congrès confédéraux de 1957 et 1965 et publia de nombreux articles de fond sur la « conception de masse et démocratique de la CGT » dans le journal Le Peuple. Il présenta un autre rapport sur « les questions de liberté » au congrès de la CGT en 1975 (Le Bourget). Il milita dans l’Association d’amitié franco-vietnamienne comme co-président pendant toute la deuxième guerre menée par les Américains au Viêt Nam, puis en démissionna en 1981.

Marcel Caille participa par ses écrits et interviews à plusieurs journaux et revues : l’Humanité, La Vie ouvrière, Le Peuple, Le Mouvement syndical mondial, France nouvelle, Les Cahiers du communisme, Troud (journal des syndicats soviétiques). Il donna également des interviews sur les ondes à de nombreuses reprises, en France et à l’étranger.

Dès la création de l’Institut CGT d’Histoire sociale de l’Aisne (IHS CGT), en décembre 2004, il accepta d’en devenir le président d’honneur avec son camarade Roger Roucoux. Dans ce cadre, il contribua notamment à la rédaction d’un chapitre du livre d’Alain Nice, La Guerre des partisans, paru en décembre 2011, retraçant les débuts de la résistance communiste dans l’Aisne.

Pendant l’été 1988, il fit partie du groupe de travail qui, s’appuyant sur le Manifeste des Reconstructeurs, rédigea la brochure « Qu’est-ce qu’un parti révolutionnaire dans la France de notre temps ? » (Initiative pour la reconstruction communiste, Paris, octobre 1988).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18364, notice CAILLE Marcel, Jérémie, César par Marie-Louise Goergen, Claude Pennetier, Guy Fontaine (IHS CGT Aisne), version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 avril 2022.

Par Marie-Louise Goergen, Claude Pennetier, Guy Fontaine (IHS CGT Aisne)

Marcel Caille
Marcel Caille
Coll. IHS-CGT

ŒUVRE : Les Truands du patronat, avec la collaboration de Dominique Decèze, préface de Georges Séguy, Éd. sociales, 1977, 305 p. — L’Assassin était chez Citroën, avec la collaboration de Dominique Decèze, Éd. sociales, 1978, 255 p.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Comptes rendus des congrès de la CGT. — Le Monde, 5 octobre 1988. — Les Études sociales et syndicales, n° 298, p. 21-22. — Témoignage écrit de Marcel Caille, 25 janvier 1983. — État civil. — IHS CGT Aisne.

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