CARRIER Victor, Louis, Aristide

Par Laurent Cardonnet, Dominique Tantin

Né le 2 janvier 1899 à La Frette (Isère), exécuté sommairement le 29 novembre 1943 à Saint-Marcellin (Isère) ; médecin ; membre du Parti radical-socialiste ; élu municipal et départemental ; résistant de Combat et de l’Armée secrète, homologué Forces françaises de l’Intérieur.

Docteur Victor Carrier
Docteur Victor Carrier
Mémorial GenWeb.

Victor, Louis, Aristide Carrier était le fils de François, Hippolyte, instituteur, et de Marie, Jospéhine, Victorine Espié.
Il passa sa jeunesse à Sillans (Isère). Il fut mobilisé le 19 mai 1918 et participa dans un régiment d’artillerie aux opérations jusqu’à l’armistice puis à l’occupation de la Rhénanie avant de servir au Maroc. Il reprit ses études en 1924 et fut diplômé de la faculté de Médecine de Lyon en 1931 (thèse : Le canal de Cloquet et la persistance de l’artère hyaloïdienne). Il installa son cabinet à Saint-Marcellin le 1er juin 1931. Son cabinet se trouvait dans la Grande-Rue, au n°46 actuel et son domicile privé, rue du Colombier au n°5. Il épousa une demoiselle Feugier, de Saint-André-en-Royans, et de cette union naquit un fils, Victor, en 1939.
Engagé dans la vie de la cité, il adhéra au parti radical-socialiste et devint même président de la section locale de ce parti. Il fut élu conseiller général du Canton de Pont-en-Royans de 1932 à 1939, et de mai 1935 à mars 1941, il fut conseiller municipal de Saint-Marcellin.
Hostile d’emblée au régime de Vichy, il entra dans la Résistance en 1941 sous le pseudonyme de Lafayette, au côté d’un ami, le Docteur Gaston Valois. Il aida ce dernier à recruter pour le réseau Carte-Frager du SOE. Ensemble, ils s’engagèrent dans le mouvement Combat. Il devint le chef du sous-secteur de Saint-Marcellin. Enfin, les deux médecins furent amenés à créer le secteur 3 de l’armée secrète de l’Isère et la formation du Bataillon de Chambaran.
Fin 1943, la répression se durcit après que l’occupation allemande eut succédé à celle des Italiens. La Sipo-SD trouvait un précieux soutien chez les collaborationnistes français. Victor Carrier fut victime de la "Saint Barthélémy" de la Résistance grenobloise du 25 au 29 novembre 1943. En cinq jours, des collaborationnistes du PPF, des Francistes et de la Milice assassinèrent les principaux dirigeants de la Résistance grenobloise, onze personnes au total. La Milice fit irruption à son domicile de Saint-Marcellin au matin du 29 novembre alors que le Docteur Carrier s’apprêtait à passer dans la clandestinité au lendemain de l’arrestation du Docteur Valois. Résolu à ne pas se laisser capturer vivant, Victor Carrier prit son révolver 6,35 et tira le premier, mais il fut abattu par une rafale de mitraillette tirée par Francis André, dit « gueule tordue », un ancien repris de justice, milicien et chef de bande du PPF, fusillé le 9 mars 1946. Sa femme et leur employée de maison furent emmenées au siège de la Gestapo.
Victor Carrier fut inhumé à Sillans. L’employée de maison fut vite relâchée, mais l’épouse du médecin fut transférée à la prison de Montluc à Lyon. Elle garda le silence sous la torture et décéda de ses séquelles le 20 mars 1945. Le petit Victor fut élevé par sa tante, Madame Cazeneuve.
Victor Carrier fut homologué membre des Forces françaises de l’Intérieur.
Il obtint la mention "Mort pour la France" et fut décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume.
Son nom figure sur les monuments aux morts de Saint-Marcellin et Sillans, sur le monument commémoratif du mouvement "France d’abord" à Longessaigne (Rhône), sur la plaque commémorative du camp de Chambarand à Viriville (Isère), sur la plaque commémorative du Mur des Martyrs de la Résistance, sur le monument aux victimes de la Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise et sur la plaque commémorative 1939-1945 de la Faculté de Médecine Paris-Descartes.
A Saint-Marcellin, une avenue, un stade et un gymnase portent son nom à proximité du monument qui fut élevé à sa mémoire. Une cérémonie a commémoré le 70e anniversaire de sa mort. Il existe également un place Victor Carrier à Sillans.


Voir : Grenoble (Isère), 25 au 29 novembre 1943, la Saint-Barthélémy grenobloise


Voir : Saint-Marcellin

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183667, notice CARRIER Victor, Louis, Aristide par Laurent Cardonnet, Dominique Tantin, version mise en ligne le 18 août 2016, dernière modification le 18 novembre 2021.

Par Laurent Cardonnet, Dominique Tantin

Docteur Victor Carrier
Docteur Victor Carrier
Mémorial GenWeb.

SOURCES : Arch. dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 500 — Arch. dép. Isère, RMM 11NUM/1R1605_04, p. 9 — SHD Vincennes GR 16 P 108858 (à consulter) — AVCC Caen, AC 21 P 38942 (à consulter) — Laurent Cardonnet, Contribution à l’étude des étudiants de médecine et des médecins Morts pour la France pendant la seconde guerre mondiale, thèse pour le doctorat de médecine, Paris Descartes, 2010, p. 79 — Mémoire des hommes — Mémorial GenWeb— [Saint-Barthélémy grenobloise, Wikipédia. — Commémoration du 70e anniversaire de la disparition du Docteur Carrier Intervention de Jean-Michel Revol, maire de Saint-Marcellin

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable