DADOURIAN/TATOURIAN Chahé/Zadig

Par Astrig Atamian

Né en 1911, Arménien originaire de l’Empire ottoman, exclu du PC syrien, en France en 1936, résistant, établi en Arménie soviétique en 1947.

Chahé Dadourian commença à militer dans les JC du PC syrien à l’âge de 14 ans. Il fut considéré comme un opposant en raison de son hostilité à l’arabisation du PC syrien.
Incarcéré à plusieurs reprises, il quitta la Syrie sur ordre du PC le 28 juin 1933 et se rendit en Palestine où il poursuivit ses activités partisanes. Arrêté le 26 avril 1934 alors qu’il préparait les manifestations du 1er mai, il fut condamné par le tribunal de Jaffa à deux ans de prison. Deux mois plus tard, un de ses codétenus arméniens lui apprit son exclusion du PC syrien. Ayant bénéficié d’une libération anticipée à la suite d’une grève de la faim qu’il avait entamée avec d’autres détenus communistes, il sortit de détention en août 1935. Il entreprit des démarches auprès du PC syrien afin de comprendre son éviction. En effet, il avait reconnu ses fautes devant le Comité central du PC syrien élargi en plénum à un représentant du Komintern, et en avait été absout. Il bénéficia alors du soutien du PC palestinien dont il avait sollicité l’avis en prison.
Face aux refus du PC syrien de le réintégrer ou d’organiser une confrontation, Chahé Dadourian sollicita l’aide du Parti communiste français. Certains de ses camarades lui avaient même conseillé de solliciter un visa soviétique via le Parti communiste français afin de plaider sa cause à Moscou ou de faire transiter sa requête au Komintern par la Commission coloniale du Parti communiste français. Une loterie fut organisée pour financer le voyage de Chahé Dadourian jusqu’à Paris. Il arriva en mai 1936 - juste après le départ à bord du Sinaïa de 1 800 communistes et sympathisants de la communauté arménienne vers l’Arménie soviétique. En France, ses requêtes se soldèrent toutes par des échecs. De juin 1936 à février 1937, Chahé Dadourian multiplia les démarches, s’adressa personnellement à Maurice Thorez et écrivit au CC. Abandonnant ses projets de réintégrer le PC syrien ou de se rendre à Moscou, il s’adressa à la sous-section arménienne le 9 novembre 1936 et demanda à l’intégrer. Une semaine plus tard, une note, émanant de la direction de la MOI, le signala comme « très suspect ». Mais Chahé Dadourian ne l’apprit que le 18 décembre 1936 à la lecture du n°82 de la revue prosoviétique arménienne Zangou.
Malgré ses déboires avec les directions des PC syrien et français, Chahé Dadourian jouissait d’une certaine estime parmi les communistes et les prosoviétiques de Syrie. Outre ses camarades s’étant mobilisés pour sa venue en France, les sections du HOK à Beyrouth lancèrent une pétition en sa faveur et récoltèrent 234 signatures. Dans une lettre ouverte adressée le 11 janvier 1937 à la rédaction de Zangou et au CC du Parti communiste français, les secrétaires des différentes sections du HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921) signataires de cette pétition accusèrent Madoyan (l’un des fondateurs du PC syro-libanais) d’être responsable de la mise au ban de Chahé Dadourian.
En février 1937, la MOI le signalait comme trotskyste et priait la direction du parti de l’inscrire sur la liste noire.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Chahé Dadourian rejoignit la Résistance en se rapprochant de ceux qui avaient rejeté sa candidature à la sous-section arménienne du Parti communiste français avant-guerre.
En 1947, il partit s’installer en Arménie soviétique où il s’opposa à diverses reprises à Vahé Atamian, un autre rapatrié de la diaspora arménienne (ancien des Brigades internationales, résistant pendant la guerre en zone Sud, responsable du Front national arménien puis organisateur du rapatriement des Arméniens vers l’Arménie soviétique, parti à bord du Rossia en septembre 1947).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183678, notice DADOURIAN/TATOURIAN Chahé/Zadig par Astrig Atamian, version mise en ligne le 18 août 2016, dernière modification le 14 juin 2019.

Par Astrig Atamian

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 7087 et 669. – ARA, Erevan, 1536 1 18.

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