MELKONIAN Sarkis (Le François, Tcherkeze)

Par Astrig Atamian

Né le 4 mai 1905 à Rodosto en Thrace, Arménien originaire de l’Empire ottoman, ouvrier, au Parti communiste français en 1925 à Paris, menacé par une procédure d’expulsion, parti en Arménie soviétique en 1934.

Né dans une famille de cordonniers qui s’installa à Constantinople avant la Première Guerre mondiale, Sarkis Melkonian quitta très jeune l’école et commença à travailler avec son père.
Il arriva en France en 1924 et se fit embaucher dans une société de mécanique à Clichy comme aide-ajusteur. Il commença à militer avec son collègue Zaven Mikaelian, le secrétaire du groupe de langue arménienne du Parti communiste français. Sur les recommandations de ce dernier, Sarkis Melkonian adhéra au Parti communiste français au début de l’année 1925.
Il fut délégué au IVe Congrès du Parti communiste français qui se déroula à Clichy du 17 au 21 janvier 1925. Il appartenait à la section arménienne du SRI.
À la suite d’une grève, Sarkis Melkonian perdit son travail. Il entra chez Panhard & Levasseur d’où il se fit licencier au bout de quatre jours, puis chez Donnat-Zedel où il fut également mis à la porte. Il fut ensuite embauché chez Renault. Il milita dans la cellule n°1 avec Garabed Bedrossian et d’autres Arméniens. Il forma une section du HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921). Il ambitionnait d’expliquer aux ouvriers arméniens leurs devoirs de classe. En 1926, Sarkis Melkonian fut le Secrétaire du groupe de langue arménienne à Billancourt.
À la suite d’une dénonciation, il fut renvoyé. Et ainsi que d’autres camarades arméniens renvoyés de Renault au même moment, Sarkis Melkonian fut embauché chez Citroën (d’autres encore entrèrent chez Gévelot ou restèrent au chômage). Ensemble, ils recréèrent un groupe arménien et Sarkis Melkonian en devint le Secrétaire. Sept d’entre eux étaient membres du Parti communiste français et 95, membres du HOK. Leurs réunions se déroulaient à Issy-les-Moulineaux.
À la suite d’une grève, Sarkis Melkonian perdit de nouveau son travail.
Fin 1927, des policiers fouillèrent son logement en son absence. Afin d’éviter une arrestation, Sarkis Melkonian partit dans le Loiret, à Coulons. À Montargis, il travailla à l’usine Hutchinson. Il y fit de la propagande auprès des nombreux Russes qui y travaillaient. Sarkis Melkonian revint à Paris et entra à la Compagnie Nationale des radiateurs à Clichy. Il se fit licencier et trouva du travail dans une petite entreprise à Billancourt. Il y constitua la section de Billancourt du HOK. Un jour, en défendant l’un de ses camarades, il se fit arrêter en possession de journaux communistes. Il écopa d’un mois de prison à la Santé. À sa sortie en 1928, il fut embauché chez Voisin à Issy-les-Moulineaux et fréquenta la cellule de l’usine.
Bien qu’il fût en conflit avec Anouchavan Djidédjian, le secrétaire du groupe de langue arménienne, Sarkis Melkonian jouissait de la considération de ses camarades. Il occupa diverses responsabilités, de la distribution des tracts à la vente des journaux et à l’organisation des fêtes. Il fut tour à tour secrétaire de groupe, responsable du travail syndical, représentant du groupe au rayon d’Issy-les-Moulineaux.
Sarkis Melkonian fut arrêté en février 1932 lors d’une descente de police dans l’imprimerie arménienne Sévan à Paris qui continuait de publier l’organe du HOK Mer Oughine (Notre Voie) venant d’être interdit. Il ne se rendit pas à la convocation de la Préfecture et entra dans l’illégalité à Alfortville où il resta deux mois, tandis que son camarade arrêté le même jour se fit expulser de France. Les membres de la cellule 1314 d’Alfortville et de la sous-section arménienne proposèrent alors à Sarkis Melkonian de partir en URSS muni de l’autorisation de la MOI. Mais Sarkis Melkonian refusa. Il affirmait vouloir travailler pour son parti depuis l’étranger. Il s’inscrivit au chômage et œuvra au sein du comité de chômeurs en tant que responsable des Arméniens.
En août 1933, il fut embauché chez Delachausse à Gennevilliers où il tenta de monter une cellule. Mais la Préfecture retrouva sa piste. Sarkis Melkonian fut mis à la porte de l’usine et entra de nouveau dans l’illégalité à partir du 1er octobre 1933. Il fit son possible pour rester en France et sollicita en vain l’aide du SRI. Il continua de travailler pour le parti et fut à la charge de ses camarades.
Il finit par quitter la France le 14 juin 1934 et partit s’installer en Arménie soviétique.
Depuis Moscou, Sarkis Melkonian chercha à contacter Albert Vassart, l’ancien Secrétaire du Parti communiste français devenu depuis peu le représentant du Parti communiste français auprès de l’IC. Mêlé pendant des années aux luttes internes qui divisaient la sous-section arménienne du Parti communiste français, Sarkis Melkonian tenait à lui exposer les difficultés du groupe arménien. Selon lui, son mauvais fonctionnement était la conséquence de l’ingérence du Parti communiste d’Arménie et de la « double direction » qui en découlait.
Sarkis Melkonian entreprit des démarches pour intégrer le PC(b).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183777, notice MELKONIAN Sarkis (Le François, Tcherkeze) par Astrig Atamian, version mise en ligne le 20 août 2016, dernière modification le 20 août 2016.

Par Astrig Atamian

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 1103.

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