MINASSIAN Tigran

Par Astrig Atamian

Né en 1903 près d’Adabazar dans un village grec du sancak d’Ismit, Arménien originaire de l’Empire ottoman, orphelin, au Parti communiste français en 1932 à Nice, arrêté et incarcéré à plusieurs reprises, établi en Arménie soviétique en 1936.

Fils d’un maréchal-ferrant, Tigran Minassian fut déporté en 1915 au cours du génocide des Arméniens et perdit ses parents. Il erra ainsi pendant quatre ans et survécut en travaillant pour des agriculteurs et des commerçants turcs.
À la fin de la guerre, il rejoignit Constantinople et y retrouva un frère qui avait échappé à la déportation. Tigran Minassian travailla alors chez des commerçants et dans une briqueterie.
En 1920, en compagnie d’autres réfugiés arméniens, il se rendit dans la République d’Arménie. Mais ayant appris que Kars était tombée aux mains des Turcs, il y resta à peine deux jours. Il fuit en Géorgie et s’embarqua à Batoum pour Constantinople avec des réfugiés grecs. Il y reste deux ans, fut embauché sur des chantiers puis partit pour la Grèce en 1922 où il travailla comme porteur.
Tigran Minassian arriva en France en 1926, à Nice où il fut d’abord embauché sur des chantiers puis dans un salon de coiffure.
Il adhéra au HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921) en 1928 et en 1931 à l’Union de la jeunesse soviétique. Il organisa avec Torkom Vartabédian, la section arménienne du SRI.
Tigran Minassian devint membre du Parti communiste français en 1932 et organisa les réunions de sa cellule dans son appartement. Il hébergeait également des camarades arméniens ayant quitté la Grèce et la Bulgarie.
En 1933, il adhéra à l’Union ouvrière régionale et y fit de la propagande parmi les jeunes. Au moment des élections législatives de novembre 1934, il participa à l’organisation de meetings et de collectes d’argent. La police l’arrêta le 10 novembre 1934 alors qu’il rentrait d’un meeting avec cinq camarades français. Il était alors en possession de tracts. Il fit l’objet d’un arrêté d’expulsion lui notifiant de quitter la France sous trois jours.
En janvier 1935, le procureur prit en compte la situation familiale de Tigran Minassian, qui était marié et père de trois enfants, et ajourna son procès de trois mois. Tigran Minassian fut défendu par Domerchichvili, un avocat du SRI. Il écopa de dix jours de prison. Quarante jours après sa sortie, la police l’arrêta à son domicile. Il fut incarcéré pendant deux mois.
À sa libération, Tigran Minassian suivit les instructions du SRI et quitta Nice pour Marseille. Il y resta trois mois puis revint auprès de sa famille. Il travailla clandestinement chez un paysan à une heure de route de Nice. Les camarades de sa cellule subvenaient aux besoins de sa famille.
Tigran Minassian fut de nouveau dénoncé, passa neuf jours en prison et sortit en échange de son inscription sur les listes du rapatriement vers l’Arménie soviétique. Sa libération avait été ainsi négociée par Daniel Chahverdian, vieux bolchévique, représentant de la RSFST en Turquie puis vice-président du Sovnarkom d’Arménie, envoyé en France pour organiser le rapatriement des réfugiés arméniens vers l’Arménie soviétique et liquidé lors de la Grande Terreur en URSS.
Avec sa famille et quelque 1 800 Arméniens, Tigran Minassian quitta la France à bord du Sinaïa le 9 mai 1936 et partit s’installer en Arménie soviétique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183780, notice MINASSIAN Tigran par Astrig Atamian, version mise en ligne le 20 août 2016, dernière modification le 20 août 2016.

Par Astrig Atamian

SOURCES : ARA, Erevan, 1 67 73.

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