MOUSSAÏAN Kévork/Yervant (Édouard)

Par Astrig Atamian

Né le 17 janvier 1904 à Ordou dans le vilayet de Kastamonou, Arménien originaire de l’Empire ottoman, orphelin, ouvrier puis cordonnier, correspondant ouvrier, à la CGTU alimentation et au Parti communiste français en 1929, à la CGTU Cuirs et Peaux en 1931.

Fils d’un artisan noyé dans la mer Noire par les Turcs en 1915, Kévork Moussaïan fut placé à l’orphelinat arménien de Constantinople. Fin 1922, l’orphelinat fut transféré à Corfou et début 1923, les orphelins furent envoyés travailler en Macédoine. De juin 1923 à juillet 1924, Kévork Moussaïan travailla chez des paysans dans la culture du tabac. C’est à cette époque qu’il devint un sympathisant du régime soviétique.
Il arriva en France et travailla en Indre-et-Loire chez un propriétaire terrien à Sainte-Maure-la-Touraine de novembre 1924 à juin 1925, puis dans une ferme à Chambray-les-Tours jusqu’en juin 1926.
Kévork Moussaïan devint un lecteur de la revue prosoviétique arménienne Erivan (Paris, 1925-1930) et de L’Humanité.
Fin 1926, il se fit embaucher aux Grands Moulins à Pantin où il travailla jusqu’en 1929. En 1928, dès le début de la campagne de correspondance ouvrière et paysanne lancée par L’Humanité, il devint un rabcor régulier du journal, le n°3005. Ses correspondances parurent dans L’Humanité de la fin 1928 au début 1929. Il entreprit alors de rejoindre le Parti communiste français, mais se vit demander de militer dans un premier temps au sein de la CGTU alimentation.
Le 24 mars 1929, il fut arrêté et amené au poste par des policiers en civil à la sortie de la salle du Reflut à Clichy où il avait été délégué en tant que rabcor à la réunion organisée par le Parti communiste français. N’ayant officiellement pas adhéré au Parti communiste français, Kévork Moussaïan fut relâché. Toutefois, démasqué en tant que rabcor, il fut mis à la porte des Grands Moulins et se fit engager comme apprenti monteur en cordonnerie dans les ateliers de Belleville. Il travailla chez son cousin et chez Monteux Raoul. Il ne reçut sa carte du Parti communiste français qu’au cours du deuxième trimestre de l’année 1929. Maintenu loin de l’usine jusqu’en juillet 1930, il ne militait que dans le groupe de langue arménienne de Belleville. Quand à la fin de l’année 1929, la MOI prit la décision de dissoudre la sous-section arménienne en raison de son mauvais fonctionnement, Kévork Moussaïan tenta de remédier au désordre régnant parmi les groupes de travail arméniens. Critiqué par l’ancienne direction arménienne, il lança un appel pour la création d’une nouvelle sous-section.
Composée des signataires de cet appel, celle-ci fut mise sur pieds en juillet 1930. Kévork Moussaïan se vit confier le secrétariat du groupe de Belleville par Legrand, le nouveau secrétaire de la sous-section arménienne, venu de province. Il fut également recommandé à la cellule 183 du 19e rayon par la MOI.
Kévork Moussaïan fut chargé par la sous-section arménienne et la CGTU-MOI du travail syndical. Pendant six mois, il fut membre du conseil syndical puis, surchargé de travail, fut contraint de le quitter. Il contribua au travail de recrutement et prit la tête d’une modeste grève dans un atelier de chaussures.
Fin 1931, Kévork Moussaïan fut licencié de chez Monteux et resta au chômage jusqu’en avril 1933. Il assuma alors des responsabilités parmi les chômeurs arméniens. Il écrivait également dans la presse communiste arménienne publiée à Paris à partir d’informations transmises par ses camarades restés chez Monteux.
Kévork Moussaïan avait adhéré à la CGTU Cuirs et Peaux et au HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921) où il fut membre du Comité central pendant deux ans. En 1932, il fut par deux fois délégué par la CGTU, le parti et la sous-section centrale arménienne pour œuvrer à la réorganisation du travail des groupes de la région lyonnaise.
Au cours de sa première tournée, à Saint-Chamond en février 1932, alors qu’il devait intervenir pour promouvoir Mer Oughine (Notre Voie), l’organe du HOK, Kévork Moussaïan constata la présence de la police dans la salle et s’abstint de prendre la parole. La publication fut interdite par les autorités françaises quelques jours plus tard.
Kévork Moussaïan occupa ensuite pendant six mois la charge de trésorier du journal Archav (Course), le titre remplaçant Mer Oughine. De février à juillet 1933, il fut le trésorier de la sous-section arménienne du Parti communiste français.
En janvier 1933, Kévork Moussaïan fit l’objet d’une bonne évaluation par la Commission des cadres du Parti communiste français. Il reçut toutefois un avertissement le 20 mars 1935 pour avoir maintenu des relations avec deux exclus de la sous-section arménienne, dont Daronatsi, un ancien membre influent du parti dachnak (Fédération Révolutionnaire Arménienne – IIe Internationale).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183794, notice MOUSSAÏAN Kévork/Yervant (Édouard) par Astrig Atamian, version mise en ligne le 20 août 2016, dernière modification le 20 août 2016.

Par Astrig Atamian

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 1118. – Archives nationales, Paris, F7 13 436.

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