LAURET Pierre, Louis, Justin

Par André Balent

Né le 2 juillet 1913 à Rabouillet (Pyrénées-Orientales) ; mort au combat le 19 août 1944 à Perpignan ; marin (militaire, puis marine marchande) ; résistant ; maquis (AS / CFL) de Rabouillet

Perpignan, passerelle sur la Basse. Plaquecommémorative de la mort au combat de Pierre Lauret, 19 août 1944
Perpignan, passerelle sur la Basse. Plaquecommémorative de la mort au combat de Pierre Lauret, 19 août 1944
Cette plaque en a remplacé une posée antérieurement.
Photographie : André Balent, 4 septembre 2016

Pierre Lauret était originaire de Rabouillet, un petit village de moyenne montagne de la haute vallée de la Desix, en Fenouillèdes. Son père, prénommé également Justin, avait quarante-trois ans en 1913 et était cultivateur à Rabouillet. Sa mère, Lèocadie Dalbiez, était, à la même date, âgée de vingt-quatre ans.

En 1944, il était marié et père d’une fille, Danièle, née le 7 novembre 1943. Il avait effectué son service militaire dans la Marine à partir de 1930 et avait continué comme engagé dans cette arme. Mécanicien-chauffeur, en particulier sur les sous-marins "Le Tonnant" et "Le Requin", il accéda au grade quartier-maître de 1e classe. Il fut dégradé le 9 décembre 1936 pour avoir chanté L’Internationale. Ayant quitté la Marine, il fut embauché dans la marine marchande à La Compagnie de navigation mixte à compter du 2 juillet 1937. Il y resta jusqu’au 19 juillet 1944, date où il débarqua à Martigues (Bouches-du-Rhône) et revint à Rabouillet, son village natal. Dans un ouvrage qui connut une très large diffusion,Ramon Gual et Jean Larrieu (op.cit., 1998) ont signalé par erreur que, après novembre 1942, il faisait partie des quelques marins militaires maintenus en activité pour assurer l’entretien et la surveillance des installations. Ce fut après son retour dans son village natal qu’il intégra, officiellement le 1er août 1944, les rangs du maquis AS qui se formait près de Rabouillet sous la direction de Roger Gaigné.

La vallée de la Desix, boisée, était proche de celle de la Castellane en Conflent où la Résistance était déjà bien implantée au printemps de 1944 et où avaient été créés des maquis, en particulier un petit maquis de l’AS au col de Jau, un groupement de FTPF conflentais et un embryon de maquis de l’AGE (Agrupación de guerrilleros españoles).

Après le débarquement du 6 juin 1944, l’AS des Pyrénées-Orientales commandée par Dominique Cayrol décida de mettre rapidement en place un grand maquis dans la région voisine de Rabouillet. Ce maquis, commandé par Roger Gaigné, finit par rassembler jusqu’à cent cinquante hommes, la plupart des jeunes originaires du département, surtout de la plaine du Roussillon et des villages proches du Confllent et du Fenouillèdes.

Pierre Lauret, domicilié à proximité du lieu d’implantation de ce maquis l’intégra dès sa formation. Le maquis occupa le village de Rabouillet dès le 9 août et le chef-lieu de canton voisin, Sournia le 14 août. Ces localités furent les premières, dans les Pyrénées-Orientales, à être libérées. Roger Gaigné, confirma dans ses fonctions le maire SFIO de Sournia, pourtant compromis avec Vichy car, conseiller général, il avait accepté de faire partie du conseil départemental instauré par le régime.. de nombreux jeunes se joignirent alors au maquis réorganisé comme une compagnie d’infanterie avec trois sections et encadré principalement par d’anciens sous-officiers d’active. Le lendemain, le 15 août, Dominique Cayrol, venu de sa cachette perpignanaise installa le CLL de Sournia.

Le 19 août 1944, le maquis de Rabouillet appelé désormais maquis Louis-Torcatis reçut l’ordre de Dominique Cayrol récemment promu chef départemental des FFI, de faire mouvement vers Perpignan que quittaient les troupes allemandes. Des combats eurent lieu à Perpignan où les maquisards de Rabouillet arrivèrent vers 18 heures. Pierre Lauret participa aux combats localisés dans le secteur du Castillet, de la préfecture, et Nouvelles Galeries, le long des quais de la Basse. Défendant une passerelle franchissant ce cours d’eau, il servait une mitrailleuse. Il fut tué vers 22 heures 30 par les balles ennemies. Un premier projectile l’atteignit sans gravité. Une seconde balle le frappa mortellement dans la tête. Accompagnant un autre maquisard, Jean Sicard, il lui fournissait des munitions.

Sur la liste des victimes des combats de la Libération de Perpignan publiée dans Le Républicain (organe du CDL) du 26 août 1944, son nom est transcrit de façon erronée : « Pierre Lorette ». Le 22 août 1944, les corps des victimes des combats des 19 et 20 août 1944, reçurent l’absoute de l’évêque d’Elne et Perpignan en la cathédrale Saint-Jean Baptiste. Le cortège fut accompagné par une foule immense. Pierre Lauret fut enterré quelques jours plus tard à Rabouillet. De nombreux membres du maquis Louis-Torcatis l’accompagnèrent à se dernière demeure.

Le nom de Pierre Lauret figure sur la plaque commémorative des morts des deux guerres mondiales apposée dans la mairie de Rabouillet. Une plaque a été également apposée en 1946 à l’entrée de la passerelle franchissant la Basse, sur la rive droite de cette rivière, où il fut fauché par les balles allemandes. La plaque apposée initialement a, depuis, été remplacée. Elle portait l’inscription suivante : « Lauret Pierre Mort pour la Libération de Perpignan 19-8-1944 ». Sur celle qui l’a remplacée on peut lire : « À la mémoire de Lauret Pierre Maquis de Rabouillet Mort pour la Libération de Perpignan le 19 août 1944 ». Pierre Lauret obtint la mention "Mort pour la France". Il fut cité (4 septembre 1945) à l’ordre de l’Armée à titre posthume et homologué (5 octobre 1945) lieutenant des FFI.

Perpignan, combats de la Libération de la ville (19-20 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183809, notice LAURET Pierre, Louis, Justin par André Balent, version mise en ligne le 20 août 2016, dernière modification le 20 août 2018.

Par André Balent

Perpignan, passerelle sur la Basse. Plaquecommémorative de la mort au combat de Pierre Lauret, 19 août 1944
Perpignan, passerelle sur la Basse. Plaquecommémorative de la mort au combat de Pierre Lauret, 19 août 1944
Cette plaque en a remplacé une posée antérieurement.
Photographie : André Balent, 4 septembre 2016

SOURCES : Arch. com. Rabouillet, état civil, acte de naissance de Pierre Lauret. — Arch. privées de sa petite-fille, Barbara Catherine Duhamel.— Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, Iconographie : documents, photos, presse… De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, pp. 570, 577, 578, 579, 804, 922. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane , I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, 400 p. [p. 330, p. 352]. — Georges Sentis, Dictionnaire biographique des résistants et des civils des Pyrénées-Orientales tués par les Allemands et les collaborateurs, Perpignan, Éditions M/R, 2012, 28 p. [p. 23]. — Raoul Vignettes, Les rues qui nous interpellent, Saint-Estève, Imprimerie de la gare, 1999, 45 p. [p. 30]. — Cristià Xanxó, La Libération de Catalunya Nord ou le retrait allemand. Samedi 19 et dimanche 20 août 1944, Prades, Terra Nostra, 2015, 149 p. [pp. 94-95]. — L’Indépendant, 20 août 2016. — Site MemorialGenWeb, consulté le 20 août 2016. — Courriel de Barbara Catherine Duhamel, petite-fille de Pierre Lauret, 19 août 2018..

ICONOGRAPHIE : Gual & Larrieu, op. cit., p. 577.

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