KIFFER Jean Paul

Par Jean Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Né le 1er octobre 1913 à Paris (XIIIe arr.) ; exécuté sommairement le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; directeur d’agence à Poitiers (Vienne) ; résistant réseau SR Alliance.

Jean Kiffer était le fils d’Alfred, tourneur, âgé de 30 ans et de Andrée Adèle Rouayrenc, sténodactylographe, âgée de 26 ans. Lieutenant de réserve, il participa à la campagne de France 1939 – 1940 au sein de son unité le 4ème GRDI (groupe de reconnaissance de division d’infanterie) appartenant à la 15ème DIM (division d’infanterie motorisée) du général Juin. Il combattit en Belgique (manœuvre Dyle), dans la région de Lille, put s’embarquer à Dunkerque avec son unité. Débarqué le 2 juin à Cherbourg, il suivit en combattant la retraite de l’armée française d’Evreux à Toulouse où il fut démobilisé. Il se maria le 6 août 1942 à Lignières-Sonneville (Charente) avec Denise Édith Girault institutrice, il était alors directeur commercial de la maison Japy.
Directeur de l’Agence Japy à Poitiers, située 187, Grand Rue, il s’engagea avec son épouse, dans la Résistance en août 1942, au sein du réseau Alliance pour la région Sud-Ouest "Hangar", et devint le chef du secteur de Poitiers avec le pseudonyme "Aspic". Ce groupe était principalement constitué autour d’un noyau familial constitué Edith Augustin, Albert Roquet et ses beaux-parents Eugène et Marie Tillet.
Il fut arrêté une première fois le 14 mars 1943 à Paris, chez un ami, Robert Bernadac, 54 rue Sabin. Rien n’ayant pu être retenu contre lui, il fut remis en liberté le 14 juin 1943. En septembre 1943, un agent double livra aux Allemands les noms de 200 résistants appartenant au réseau "Alliance", notamment les agents de la région sud-ouest. Les arrestations à Poitiers furent effectuées à partir de la mi-décembre. Jean Kiffer fut arrêté 87, Grand Rue à la fois son bureau et son domicile le 20 décembre 1943 par la SIPO-SD. D’abord incarcéré à la prison de la Pierre Levée il fut transféré avec tout le groupe de Poitiers le 29 février 1944 vers la prison de Fresnes et fut ensuite déporté à destination de Strasbourg puis du camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arriva par le convoi du 29 avril 1944. Il y fut interné au block 10 avec les autres hommes du réseau. Depuis le 17 avril il était accusé par la Gestapo de Strasbourg d’espionnage au profit d’une puissance ennemie et classé "NN" ("Nacht und Nebel"-"Nuit et Brouillard") par le Tribunal de guerre du Reich.
Devant l’avance alliée les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck, dont Jean Kiffer, furent sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d’une balle dans la nuque à la chambre d’exécution puis incinérés directement dans le four crématoire du camp, situé dans le même bâtiment.
Il obtint la mention "Mort pour la France" transcrite avec son acte de décès à Poitiers, le 30 octobre 1946.
Son nom figure sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183846, notice KIFFER Jean Paul par Jean Louis Ponnavoy, Michel Thébault, version mise en ligne le 21 août 2016, dernière modification le 23 novembre 2017.

Par Jean Louis Ponnavoy, Michel Thébault

SOURCES : Dossier DAVCC Caen — Marie-Madeleine Fourcade "L’Arche de ¨Noé", Fayard 1968 — Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque à Prague, éditions du Cherche-Midi, Paris 2014.— "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 2.— Mémorial de l’Alliance, 1948.— Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof" — Mémorial GenWeb.— État civil.

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