CAILLON Auguste, Adolphe. Pseudonyme : TALLOT

Par Rodolphe Prager

Né le 25 mai 1905 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 11 février 1960 à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) ; ouvrier métallurgiste (chaudronnier) ; militant syndicaliste et communiste, puis trotskyste.

Travaillant comme chaudronnier dans l’aviation, Auguste Caillon fut un syndicaliste actif dans l’usine Bloch à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine) qui, nationalisée, devint la SNCASO en 1937. Communiste oppositionnel au début des années 1930, il rallia le mouvement trotskyste et fut membre, en 1936, du rayon Puteaux-Suresnes du Parti communiste internationaliste dirigé par Pierre Frank* et Raymond Molinier*. Son activité s’exerça en premier lieu dans son entreprise et son syndicat. Il participa activement à la grève qui éclata chez Bloch le 14 mai 1936 et ne dura que 48 heures, toutes les revendications étant satisfaites, conflit précurseur de la vaste irruption de la fin mai.
Les opinions révolutionnaires développées par Caillon dans son syndicat lui attirèrent les réactions très hostiles des responsables appartenant au Parti communiste qui publièrent en mars 1937, dans Le Bombardier rouge, feuille d’entreprise de la cellule du parti, un article dénonçant les trotskystes en termes diffamatoires. En même temps, un vendeur de L’Exploité des métaux, édité par les métallos communistes internationalistes, fut agressé à la porte de l’usine. Pour exposer sa politique et répondre à ces attaques, le rayon Puteaux-Suresnes du PCI tint une réunion publique à Courbevoie, le 10 mars 1937, qui rassembla 300 travailleurs. Un contradicteur communiste fit valoir les liens des trotskystes « avec la Gestapo » et « leurs menées criminelles » en Espagne.
Caillon poursuivit néanmoins son action au sein de la CGT et fut conduit à s’opposer, en novembre 1937, à la proposition d’une grève de 24 heures. La motion en faveur d’une grève illimitée qu’il soumit à une assemblée de travailleurs recueillit 206 voix contre 556 voix favorables à la direction syndicale. Il se prononça encore, le 25 novembre 1937, contre la reprise du travail après l’intervention la veille des gardes mobiles contre les ouvriers en grève. Après deux votes défavorables à la reprise, celle-ci fut adoptée au troisième vote par 445 voix contre 232.
Au congrès du PCI de septembre 1937, Caillon fut élu au comité central de l’organisation. Il anima, avec Georges Chéron*, l’action dirigée vers les entreprises et la commission des métallurgistes qui publia l’Exploité des métaux dont Caillon fut l’un des rédacteurs. Il prit la parole « en tant que simple militant syndicaliste » au cours d’une réunion intercorporative organisée par le PCI, le 19 novembre 1937, en présence de 500 personnes. Constatant que tous les avantages acquis en juin 1936 avaient été rognés, il insista sur la vanité des grèves de 24 heures et sur la nécessité de recourir à une action d’envergure, illimitée. Il fut, en revanche, sous le nom de Tallo, aux côtés de Rémy (Chéron), l’orateur du PCI à une assemblée de métallurgistes convoquée par ce parti, le 6 avril 1938, afin d’établir un bilan de la grève de la métallurgie parisienne.
En décembre 1938, Caillon adhéra probablement au Parti socialiste ouvrier et paysan de Marceau Pivert*, suivant la décision prise dans ce sens par son organisation. Au début de la guerre, il fit partie du triangle de direction, avec Charles Margne* et André Gailledrat*, de l’ex-PCI devenu clandestin, jusqu’au transfert de son entreprise, en 1940, à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime). À son retour à Paris sous l’Occupation, il reprit son activité dans le groupe trotskyste clandestin reconstitué. Requis pour travailler en Allemagne, il partit à Berlin en accord avec son organisation dans le but d’œuvrer à l’action des travailleurs français sur place et d’établir des contacts avec les ouvriers et les militants de gauche allemands. Il reçut la mission particulière de faire évader un prisonnier de guerre, membre du PCI, Camille Januel*.
L’affaire ne se déroula pas au mieux. Muni des papiers maquillés de Caillon, Januel parvint à se rendre à Paris. Mais Caillon, voulant rentrer à son tour, se fit arrêter en cours de route à Duisbourg, le 23 mai 1942, et se trouva bientôt enfermé à la prison de Moabit à Berlin. La police avait reconstitué les faits malgré les fermes dénégations de Caillon qui subit un long emprisonnement rendu très pénible et périlleux par les bombardements de plus en plus massifs des villes allemandes. Il sortit de l’épreuve très affecté et avec une santé ébranlée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18385, notice CAILLON Auguste, Adolphe. Pseudonyme : TALLOT par Rodolphe Prager, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Rodolphe Prager

SOURCES : La Commune 1937-1938. — Bulletins intérieurs du PCI de juin, août et octobre 1938. — Lettre de prison de Caillon du 26 juin 1942. — État-Civil.

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