YEGUIKIAN Achod

Par Astrig Atamian

Né en 1869 à Malatia dans le vilayet de Kharpert, Arménien originaire de l’Empire ottoman, peintre, révolutionnaire caucasien, au PC(b) en 1921, au Parti communiste français à Marseille en 1927, établi en Arménie soviétique en 1936.

Né au sein d’une famille de tisseurs, Achod Yéguikian passa la majeure partie de son enfance à Constantinople où sa famille avait émigré. En sortant de l’école primaire, il intégra une école d’art où il apprit la peinture. Il termina ses études de peinture en 1889. Sa première exposition eut lieu dans une église à Constantinople (Istanbul).
Il intégra le parti dachnak (Fédération Révolutionnaire Arménienne – IIe Internationale) dès sa création en 1890 et y milita pendant quinze ans.
En 1893, il partit à New York et y resta un an et demi avant de revenir à Constantinople. Il se rendit au Caucase en 1895. Arrêté à Tiflis (Géorgie, Empire russe), Achod Yéguikian passa trois mois en prison pour activités révolutionnaires. Il fut libéré sous condition de se rendre deux fois par semaine à la direction de la police.
Achod Yéguikian revint à Constantinople en 1896 et participa à la prise d’otages de la banque ottomane organisée par le parti dachnak. À l’issue de cette opération, il réussit à quitter le pays et retourna aux États-Unis. Il fut condamné à mort par contumace.
En 1898, il retourna au Caucase. En 1902, il fut envoyé à Moscou pour accomplir une action terroriste contre le banquier Tamgarian et une autre dans l’église arménienne de Moscou. Ses camarades furent arrêtés et condamnés à quinze ans de prison.
Il participa à l’attentat contre le Sultan Abdul Hamid en 1905. Son père et son frère moururent en prison. Achod Yéguikian fut condamné à mort une deuxième fois par un tribunal de Constantinople. À la suite de cet événement, Achod Yéguikian prit ses distances avec le parti dachnak.
Il partit en Égypte puis en Amérique du Sud, à Buenos Aires où il s’adonna à la peinture murale. Il fréquenta des sociaux-démocrates et participa en 1909-1910 aux nombreuses manifestations organisées par les socialistes et les anarchistes.
Il retourna ensuite à Constantinople et travailla pendant deux ans avant d’être obligé de quitter la ville une nouvelle fois.
En 1913, il se rendit à Odessa où il fut arrêté au bout de quelques mois. Il fut exilé à Libestk dans le gouvernorat de Tambov. Achod Yéguikian avait déjà été libéré au moment de la Révolution de février. Il fut accusé d’anarchisme par les dachnak. Il s’enrôla dans l’Armée rouge. Il retourna à Odessa et, jusqu’au départ des Anglais et des Français, ouvrit un petit commerce puis s’engagea dans la section orientale du Comité du gouvernorat composé de Tatars, de Turcs, d’Iraniens, d’Azéris, de Juifs et d’Arméniens. Jusqu’en 1921, il fut responsable du rayon arménien de cette section dirigée par Mikaïl Sérafimov. À cette date, il entra au parti bolchévique et se vit affecter au service maritime, ce qui lui donna l’occasion de se rendre à l’étranger à plusieurs reprises. Il passa ensuite aux renseignements militaires. Il fut enfin envoyé à Constantinople où il se rendit accompagné de sa famille. Il y supervisait les cadres des sections orientales et turques.
Une des pièces de son appartement permettait à l’ambassadeur en poste à Constantinople de recevoir en toute discrétion. Mais ses camarades le prévinrent que ce secret avait été éventé et lui conseillèrent de quitter la ville. Il voulut revenir à Odessa, mais ne reçut pas de visa.
Il arriva en France en 1927 et rejoignit les rangs du Parti communiste français à Marseille. Pendant trois ans, il fut le secrétaire du groupe arménien de Marseille. Il fut trésorier du HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921) à Marseille.
Il quitta la France en décembre 1932 pour l’Arménie soviétique et s’installa dans les environs d’Erevan à Nor Malatia (Nouvelle Malatia), où vivaient de nombreux réfugiés arméniens rapatriés.
Dans un courrier adressé au Parti communiste français datant de 1940, Achod Yéguikian se plaignait de ne pas réussir à intégrer le Parti communiste d’Arménie. En effet, en raison de son passé de dirigeant dachnak, il devait passer pour un élément très suspect.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183867, notice YEGUIKIAN Achod par Astrig Atamian, version mise en ligne le 21 août 2016, dernière modification le 7 juillet 2020.

Par Astrig Atamian

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 6825. – Archives nationales, Paris, F7 13 436.

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