SINCLAIR Jack, Andrew, Eugène [pseudonymes dans la Résistance : BERTHIER, Adalbert, Shoopkeeper]

Par Jean-Marie Guillon

Né le 17 septembre 1921 à Rouen (Seine-Maritime), disparu en avril 1944 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; officier du Special Operations Executive (SOE).

Né d’un père britannique et d’une mère française, Jack Sinclair avait passé sa jeunesse en France. Son père Andrew Daniel Sinclair, qui était un des cadres dirigeants de la Standard française des Pétroles, avait fait carrière d’abord à Rouen, puis à Dunkerque, Marseille/Port-de-Bouc (Bedford Petroleum Cy, en 1927) et Bordeaux jusqu’en 1940. Jack Sinclair s’était marié, résidait en Angleterre, dans l’Essex, et se destinait à être dessinateur.
Engagé au SOE, il fut homologué comme lieutenant. Son rapport de stage le décrivait comme « réservé et calme ». Il fut parachuté par le bureau SOE d’Alger dans la nuit du 6 au 7 mars 1944 dans le Var, sur la commune de Vinon-sur-Verdon. Il était chargé de reprendre en main le réseau SOE Monk, basé à Marseille, qui venait d’être détruit par l’équipe du Sonderkommando AS (SK AS) de la Sipo-SD, spécialisée dans l’infiltration des réseaux de résistance. Les conditions de son parachutage restent confuses, puisqu’il fut réceptionné par les hommes du SK AS. L’historien du SOE, Michael Food le dit « victime d’un affreux micmac de l’état-major lié à une opération de désinformation de l’OSS ». Il aurait été parachuté par erreur, non sur le terrain de Monk mais sur le terrain 304 Mayence du réseau Brown, de l’Office of Strategic Services, infiltré par le SK AS. En réalité, le réseau Monk était lui aussi infiltré et son opérateur radio retourné par les Allemands. Par ailleurs, les deux réseaux, Monk et Brown (poste Dartmouth), avaient été avisés de l’arrivée prochaine de Sinclair.
Celui-ci, parachuté avec du matériel et 600 000 francs, fut donc arrêté à son atterrissage et, peut-être conduit dans les locaux de la Sipo-SD à Marseille, à moins – autre hypothèse formulée dans le dossier constitué en 1945 pour rechercher sa trace - qu’il n’ait été trompé, puis exploité par le SK AS pendant quatorze jours. On sait grâce au témoignage d’un cadre de la Compagnie générale des Pétroles emprisonné à la prison marseillaise des Baumettes, qu’il y fut enfermé quelques jours en avril. Il disait avoir été bien traité, ayant déclaré aux policiers de la Sipo-SD qu’il était un officier britannique venu aider la Résistance.
Il aurait été extrait de sa cellule vers le 20-25 avril. Sa trace se perd à partir de là. Il fut vraisemblablement exécuté aux Baumettes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183895, notice SINCLAIR Jack, Andrew, Eugène [pseudonymes dans la Résistance : BERTHIER, Adalbert, Shoopkeeper] par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 22 août 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. nat. britanniques, fonds SOE HS 9-1365/4 (1939-1946). — Arch. dép. Bouches-du-Rhône 55W142 et 150. — Andrew Field, John Grehan, Martin Mace, Unearthing Churchill’s Secret Army. The Official List of SOE Casuelties and their Stories, casemate Publications, 2012. — Michael R. D. Foot, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance. Le service secret britannique d’action. SOE en France 1940-1944, Paris, Tallandier, 2008. — Renseignements Guillaume Vieira.

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