PAQUIEN André ,Louis [Pseudonyme dans la Résistance : Babylus]

Par Robert Serre, Jean-Luc Marquer

Né le 13 juin 1927 à Romans-sur-Isère (Drôme), exécuté sommairement le 8 mars 1944 à Toulaud (Ardèche) ; ouvrier en chaussures ; résistant FTPF, homologué Forces françaises de l’Intérieur, et interné résistant (DIR).

Originaire de Romans-sur-Isère (Drôme) où il était ouvrier en chaussures, André, Louis Paquien s’engagea dans la Résistance et rejoignit les rangs de la 7101e compagnie de FTPF de l’Ardèche. Ses services sont homologués à partir du 10 mars 1943.
Ferdinand Janvier, directeur des carrosseries Besset à Annonay, futur commandant de l’Armée Secrète, hébergeait depuis l’été 1943 de jeunes ouvriers de son entreprise réfractaires au STO et employés à des coupes de bois dans une des deux fermes qu’il possédait à Toulaud (Ardèche) quartier de Juventin, l’autre étant occupée par la famille Perrier.
Peu après, à proximité, s’installèrent des maquis FTPF. dans des bâtisses abandonnées, à Lardois puis Tracol. Les deux mouvements s’entraidaient.
Les maquis d’action FTPF, facilement accessibles à pied depuis Saint-Péray, étaient soutenus par tout un réseau d’amis sûrs dans les populations locales (notamment d’origine protestante) de Toulaud, Boffres (Ardèche), Alboussière (Ardèche). Ils furent particulièrement efficaces pendant plus de six mois !
Mais la milice et la Gestapo finirent par soudoyer quelques indicateurs avec des primes alléchantes.
Le 8 mars 1944, un détachement de soldats allemands d’environ 200 hommes, conduit par des policiers allemands en civil, investit la commune de Toulaud pour tenter d’arrêter les résistants qui s’y trouvaient.
Ceux-ci, prévenus, avaient déjà décroché et entrepris une nomadisation vers l’arrière-pays ardéchois.
Se rendant tout d’abord au hameau de Biguet, ils arrêtèrent tous les hommes.
En perquisitionnant ils découvrirent dans une cave viticole des couvertures et et des vêtements civils. Se rendant au domicile du propriétaire alors absent ils malmenèrent et questionnèrent sa femme et sa fille. Puis, après l’avoir pillée, ils incendièrent la maison puis la firent exploser. Ils détruisirent la cave de la même façon après avoir emporté 50 hl de vin.
Une partie du détachement s’était rendue au hameau de Tracol. Les soldats détruisirent deux maisons inhabitées qui avaient servi de refuge aux maquisards et arrêtèrent André Paquien, alors atteint de pleurésie et soigné par les Perrier.
Puis ils se rendirent à Juventin et investirent les fermes. Les policiers allemands interrogèrent et maltraitèrent Pierre Perrier et son épouse, qui prise de frayeur, parvint à s’échapper avec ses deux enfants. Se trouvaient également présents deux employés, René Vialle et Joseph Gachet, qui subirent le même traitement.
Joseph Gachet, qui avait été envoyé chercher le troupeau de moutons, revint au moment où les Allemands exécutaient Pierre Perrier, René Vial et André Paquien. Il témoigna pour le Mémorial de l’oppression : « ...Arrivé à trois cents mètres de celle-ci (La ferme), je vis de mes propres yeux Perrier, le réfractaire (André Paquien) et Vialle l’un derrière l’autre suivis par quelques Allemands qui se dirigeaient vers un chemin de terre lorsque quelques coups de mitraillette retentirent et tous trois tombèrent mortellement. Cela ne suffisaient pas, ils arrosèrent encore abondamment leurs victimes étendues sur le sol avec leurs mitraillettes... ».
Le 10 mars 1944, dans l’après-midi, les trois corps furent découverts par un habitant venu constater les dégâts commis par les Allemands.
Pierre Perrier et René Vialle, domicilié à Leyraud, commune d’Alboussière, furent immédiatement identifiés. Le troisième était le jeune homme qui avait été arrêté à Tracol, André Paquien, qui ne fut identifié que plus tard, mais avant octobre 1944.
Les obsèques furent célébrées le 12 mars 1944 au hameau de Saint-Didier, commune d’Alboussière. Selon les gendarmes, 3000 personnes y auraient participé.
André Paquien est enterré au cimetière de Saint-Didier à Alboussière.
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué résistant, membre des Forces françaises de l’Intérieur, et interné résistant (DIR).
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume par décret du 3 juin 1960 paru au JO du 10 juin 1960.
Son nom figure sur une stèle érigée à Juventin, commune de Toulaud, sur la plaque commémorative apposée dans l’escalier d’honneur de la mairie de Romans-sur-Isère et sur le monument commémoratif départemental à Saulce-sur-Rhône-Mirmande (Drôme).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183929, notice PAQUIEN André ,Louis [Pseudonyme dans la Résistance : Babylus] par Robert Serre, Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 22 août 2016, dernière modification le 17 juillet 2022.

Par Robert Serre, Jean-Luc Marquer

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 385858 et AC 21 P 658205 (nc). — SHD, Vincennes GR 16 P 457197 (nc) ; GR 19 P 7/2, p. 5. — Arch. Dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 230. — Mémorial de Résistance en Ardèche, p. 75. — Archives remises à l’AERD par le fils d’André Vincent-Baume, puis déposées aux Arch. Dép. Drôme. — Arch. Dép. Drôme, 132 J 1. — Mémoire des hommes. — Geneanet. — Mémorial GenWeb. — Musée de la Résistance en ligne

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