MAISTO Dominique [pseudonyme dans la Résistance : Remember]

Par Jean-Marie Guillon, Louis Botella

Né le 12 juin 1898 à Maison-Carrée (Algérie), exécuté sommairement le 26 juillet 1944 à Bayons (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; chauffeur d’auto ; syndicaliste CGTU puis CGT de la Métallurgie puis des Transports à Arles (Bouches-du-Rhône) ; maquisard Francs-tireurs et partisans (FTP).

Né en Algérie, fils de Vincent Maisto et de Françoise Palombo, marchands de primeurs, Dominique Maisto était issu d’une famille originaire des environs de Naples qui avait émigré en Algérie avant de s’installer à Arles. Résidant rue Condorcet, marié le 6 juin 1932 à Albertine Tourame, père d’un fils né la même année, divorcé en 1935, il était chauffeur d’autos.
Dominique Maisto était le responsable d’une cellule du Parti communiste arlésien avant la guerre. Il était, en 1935, secrétaire adjoint du syndicat unitaire [CGTU] des ouvriers métallurgistes d’Arles, puis, en 1938 et 1939, il fut signalé comme étant le secrétaire général du syndicat CGT des Transports (chauffeurs) de cette ville. Il avait été actif lors des grèves de 1936, arrêtant la circulation sur le pont de Trinquetaille d’après la police. En avril 1939, il était secrétaire adjoint de la Bourse du travail d’Arles.
Alors qu’il était sous-officier dans la Marine, il fut arrêté en août 1939 par la police française à Toulon pour avoir distribué le tract « Au service de la paix », favorable au pacte germano-soviétique. Il fut condamné par le tribunal correctionnel de Tarascon le 23 janvier 1940 à un an de prison pour distribution de tracts.
Cette peine fut suspendue le 31 mars et il rejoignit l’armée. Démobilisé le 12 juillet 1940, il fut suspecté de participer à la reconstitution du parti communiste clandestin. Son domicile arlésien fut perquisitionné le 21 novembre 1940.
Il fut interné par un arrêté du 27 novembre et envoyé au camp de Chibron (commune de Signes, Var), puis transféré dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) en février 1941. Il figurait le 8 janvier 1941 sur une liste des communistes des Bouches-du-Rhône considérés comme dangereux. Le 12 octobre 1942, sa situation à Saint-Sulpice fut examinée mais le chef de camp donna un avis défavorable à sa libération, car, par trois fois, il avait refusé de renier le parti communiste, de se tenir à écart de l’activité illégale de ce parti, ou de signer un acte loyalisme. Il fit sans doute partie des internés « dangereux » transférés de Saint-Sulpice à la centrale d’Eysses, puis à la citadelle de Sisteron (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) dans la nuit du 23 au 24 décembre 1943 (plutôt qu’en février 1944 comme il est parfois indiqué). Il s’en évada au cours des évasions collectives organisées par les FTP, soit dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, soit, plus probablement, le 21 juillet suivant.
Quoi qu’il en soit, il rejoignit le maquis FTP où il fut immatriculé sous le numéro 62 955 et avait pris le pseudonyme de Remember (plus vraisemblable que celui de Rominber qui lui est parfois attribué). Il fut tué lors de l’attaque des 12e et 17e compagnies FTP à Bayons par le groupe de chasse allemand du capitaine Staudacker et des éléments de la 8e compagnie Brandebourg.
Il fut d’abord inhumé avec ses camarades au cimetière de Bayons, puis à Arles où il eut droit aux honneurs militaires. Son nom a été donné à une rue d’Arles dès le 18 novembre 1944. Il figure aussi sur le Mémorial aux héros et martyrs de la Résistance des Bouches-du-Rhône sur le plateau Sainte-Anne (Lambesc). Il reçut la mention de « Mort pour la France ».
Une stèle a été érigée à la mémoire des vingt quatre maquisards et internés évadés tués le 26 juillet sur les lieux du drame.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184088, notice MAISTO Dominique [pseudonyme dans la Résistance : Remember] par Jean-Marie Guillon, Louis Botella, version mise en ligne le 25 août 2016, dernière modification le 13 décembre 2021.

Par Jean-Marie Guillon, Louis Botella

SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 5 W 198, 76 W 160. — Arch. Dép. Var, 4 M 291. ⎯ Arch. mun. Arles, 7 F 4 n° 139, n°140. — Arch. Pétré, Livre noir pour la XVe Région, Service des recherches de crimes de guerre ennemis, 4 juillet 1945.— Témoignage Gustave Chauviré (Documents, Témoignages, recherches, « Les compagnies de travailleurs et les camps d’internement, », Nice, MRA).— Association du Musée de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du pays d’Arles, Résister en pays d’Arles, 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération, Arles, Actes Sud/AMRPA, 2014.— Louis Gazagnaire, Le peuple héros de la Résistance. Témoignages de patriotes de Provence, Paris, Éd. Sociales, 1971.— Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre Mondiale dans les Basses-Alpes, Digne, Secrétariat aux Anciens Combattants–CDIHP des Alpes-de-Haute-Provence, 1992.— Jean-Christophe Labadie, La répression allemande, Basses-Alpes 1943-1944, Digne, Arch. Dép. des Alpes-de-Haute-Provence, 2014.— Annie Tuloup-Smith, Rues d’Arles, qui êtes-vous ?, Arles, Les Amis du Vieil Arles, 2001.— Etat civil de la France d’Outre-mer à Aix-en-Provence.

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