CALINAUD Émile [CALINAUD Arnaud, dit]

Par Jean Maitron

Né le 30 décembre 1861 au Bugue (Dordogne), mort le 3 février 1956 à Bourganeuf (Creuse) ; artisan mécanicien-électricien ; militant socialiste dans la Creuse.

Fils d’un ouvrier chapelier Émile Calinaud fit ses études primaires à l’école de Bourganeuf, puis se rendit à Paris sur les conseils de Martin Nadaud et passa le concours d’entrée à l’École municipale d’apprentis d’où il sortit en 1879 avec un diplôme d’électricien. Il fut alors employé à la Compagnie des téléphones, servit épisodiquement de secrétaire à Martin Nadaud et travailla pour un assistant du chimiste Becquerel.
Incorporé en 1882, il accomplit son service militaire dans le Sud algérien, puis fut libéré en 1885. Revenu à Paris, il travailla chez Postel-Vinay, puis à la Thomson Houston comme « ingénieur chef de fabrication ». Après le décès de sa première femme, il revint en 1898 à Bourganeuf où il s’installa comme mécanicien-électricien et se maria pour la seconde fois. De la première union était née une fille Lucienne qui sera institutrice, de la seconde, deux fils dont l’un mourut adolescent ; le second, Paul, devint lui aussi mécanicien-électricien.
Militant socialiste dès 1905, Émile Calinaud fut élu conseiller municipal SFIO de Bourganeuf en 1907 et, la même année, conseiller d’arrondissement ; il le resta jusqu’en 1920. Propagandiste socialiste en vue, Calinaud fut opposé à Viviani à l’élection législative de 1910 dans la circonscription de Bourganeuf. Il obtint 1 298 voix sur 12 456 inscrits. Devenu adjoint au maire de la commune et conseiller d’arrondissement, il affronta à nouveau Viviani le 26 avril 1914 et obtint 2 401 voix.
Pendant la guerre, Calinaud, qui ne fut pas mobilisé, épaula Riffaterre. Il mit au point, en 1918, un appareil de son invention pour limiter les effets de la gelée qui fut adopté par le ministère de l’Agriculture.
On parla de sa candidature aux élections législatives en 1919. Dès le mois de mai, le sous-préfet signalait qu’il ne serait pas candidat et qu’il désirait se consacrer à son activité professionnelle. Pourtant, le congrès de la fédération de la SFIO à Guéret le désigna, le 24 août, comme troisième de la liste. Il refusa prétextant son état de santé et confirma ce refus lors du nouveau congrès le 4 octobre. Néanmoins, membre du comité électoral, il participa à la campagne des socialistes dans la région de Bourganeuf. Il porta même la contradiction à Viviani qui effectuait une tournée à la fin d’octobre.
De 1925 - succédant à Riffaterre - à 1928, Calinaud fut maire socialiste de Bourganeuf. Après que Riffaterre eût donné - postérieurement à son élection à la députation fin avril 1928 - son adhésion à la SFIO. Calinaud s’opposa à lui et notamment, lors de l’élection législative de 1932 en se présentant sous l’étiquette de « républicain socialiste » ou « socialiste indépendant » ! Dans sa circulaire, il attaquait avec virulence son ancien ami et affirmait : « Ma politique sera celle que Riffaterre abandonne. Elle lui a valu la sympathie des socialistes ; elle me vaudra, j’en suis sûr, les suffrages des électeurs ». Le 1er mai 1932, il arrivait en troisième position avec le score médiocre de 719 voix sur 13 366 inscrits.
Sur le plan coopératif, Calinaud appartint, de 1924 à 1939, au conseil d’administration de l’Union des coopérateurs de la Creuse dont le siège était à Guéret et participa aux congrès de Nîmes (1927), Vienne (1930) et Biarritz (1933).
En 1940, Calinaud plaça « beaucoup d’espoirs dans la révolution de Pétain. En 1944, tout en refusant de renier expressément cette position, il réparait les mitraillettes du maquis dans son atelier.
« Dans les dernières années de sa vie, il considérait que le Parti communiste était le plus proche du socialisme de sa jeunesse » (Notes de son petit-fils René, magistrat à Tahiti).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18410, notice CALINAUD Émile [CALINAUD Arnaud, dit] par Jean Maitron, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Dép. Creuse, 3 M 302, 3 M 320, 3 M 321. — Notes de J.-L. Broilliard, J. Girault, R. Calinaud.

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