CALMANOVIC Louis [CALMANOVIC Salomon, dit]

Par Lynda Khayat

Né le 19 mai 1915 à Paris (XIIe arr.), fusillé le 22 janvier 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé de bureau ; militant des Jeunesses communistes de Pavillons-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis), délégué des Jeunesses au comité central ; à partir d’août 1941, agent de liaison entre la direction de la région parisienne du Parti communiste clandestin et le triangle de direction de la région Paris-Est ; résistant du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.

Salomon Calmanovic
Salomon Calmanovic

Issu d’une famille d’immigrés juifs roumains de six enfants, arrivée en France en 1911 et installée à Paris rue Petit (XIXe arr.), où son père tenait une échoppe de cordonnier, Salomon Calmanovic se faisait prénommer Louis. Il acquit la nationalité française par déclaration en 1924, avant la naturalisation de ses parents et de ses plus jeunes sœurs en décembre 1925. Ils s’installèrent alors boulevard Pasteur à Pavillons-sous-Bois, tandis que son père exerçait le métier de brocanteur en vieilles chaussures sur le marché Vernaison à Saint-Ouen.
Sympathisant des Jeunesses socialistes puis militant des Jeunesses communistes en 1934, d’abord secrétaire de cercle, il fut désigné en 1935 comme délégué des Jeunesses au comité central, en qualité de membre suppléant. Titulaire de la première partie du baccalauréat, tenté un temps par des études d’histoire, employé de bureau, membre de la section de Pavillons-sous-Bois du PCF, il fut incorporé, en 1936, pour sa période légale de service militaire et renvoyé dans ses foyers en octobre 1938 comme soldat de 2e classe. Mobilisé en septembre 1939 dans l’artillerie de campagne, médaillé de la Croix de guerre 1939-1940, de retour à Paris après sa démobilisation le 31 juillet 1940, dépourvu de travail et non inscrit au fond de chômage, il reprit contact avec un responsable du Parti communiste clandestin, Jean Baillet, qu’il avait rencontré durant la période de légalité du PCF, secrétaire alors de la région Paris-Ouest. Louis Calmanovic refusa de se conformer à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 portant recensement des Juifs. Connu par les services de police comme militant des Jeunesses communistes de Pavillons-sous-Bois, il passa dans la clandestinité, muni de faux papiers établis au nom de Robert Houzet, correspondant à l’identité d’un camarade de Pavillons-sous-Bois, commis de mairie, et changea de domicile avec sa femme Renée, demeurant successivement rue Saint-Blaise à Paris (XXe arr.), puis rue de la Gare à Cachan (Seine, Val-de-Marne), pour échapper à d’éventuelles arrestations.
Mis en relation avec les membres de la direction de la région Paris-Est, Pierre Nève, responsable à la propagande, Charles Roth, responsable politique et Marcel Daveau, responsable aux organisations de masse, il aurait été chargé de leur liaison avec l’échelon supérieur de l’appareil clandestin du Parti communiste, leur transmettant les directives politiques et les mots d’ordre. C’est ainsi qu’au moment du recul de l’Armée rouge, il les enjoignit « d’exhorter les masses à ne pas se laisser aller au découragement et à considérer ce recul comme un repli stratégique ». Les inspecteurs de la brigade spéciale l’ayant repéré lors d’un rendez-vous clandestin le 23 octobre 1941, il fut pris en filature à partir du 2 novembre suivant. Il perdit alors le contact avec les militants avec lesquels il était en relation, ignorant ce qui s’était passé exactement ; la direction de la région Paris-Est et vingt-deux autres militants étaient tombés dans les mains des inspecteurs de la brigade spéciale. Supposant qu’ils avaient été arrêtés, il quitta, par mesure de sécurité, son logement à Cachan. Après s’être réfugié pendant quelques jours chez un camarade boulevard de la Marne à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), il rejoignit le domicile de ses parents à Pavillons-sous-Bois. Dans la matinée du 11 décembre 1941, suivi jusqu’au métro Cité à Paris (IVe arr.) par des inspecteurs de la police, il fut arrêté et conduit dans les services des brigades spéciales de la préfecture, afin que l’on procédât à son interrogatoire. Inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 pour activité communiste, il fut emmené le 15 décembre 1941 au dépôt de la préfecture et mis à la disposition du procureur de la République. Au cours de la perquisition effectuée à son domicile, un poste de TSF fut découvert en infraction à l’ordonnance allemande du 13 août 1941 faisant interdiction aux Juifs de détenir des appareils de télégraphie sans fil ; une procédure séparée fut alors transmise au chef de l’administration militaire allemande. Incarcéré par mandat de dépôt à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.) le 16 décembre 1941, il fut entendu par le juge d’instruction du tribunal de 1re instance du département de la Seine pour interrogatoire et confrontation, le 18 décembre.
Livré aux autorités occupantes, transféré à la section allemande de la prison de la Santé le 23 du même mois, il fut condamné à mort le 15 janvier 1942 par jugement d’un tribunal militaire allemand et fusillé le 22 janvier 1942 au Mont-Valérien.
Louis Calmanovic fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 22 janvier 1942 division 39, ligne 1, n°6 puis transféré le 18 mai 1945 au cimetière de Pavillons-sous-Bois.
L’action publique éteinte, une ordonnance de non-lieu fut rendue par le juge d’instruction du parquet du tribunal de la Seine.
Son épouse Renée donna naissance deux mois plus tard à leur fils, Jean-Marc, né le 21 mars 1942 à Paris (XIVe arr.) ; l’enfant fut caché par les soins de sa mère dans une famille en Normandie, puis dans la région bordelaise.
Renée Calmanovic fut entendue à la Libération par la Commission d’épuration de la préfecture de police et fit état des tortures qui furent infligées à son mari par les inspecteurs de la brigade spéciale.
Membre des « Bataillons de la jeunesse », Louis Calmanovic fut promu à la Libération, à titre posthume, au grade de lieutenant FFI et homologué Interné résistant (DIR). La mention Mort pour la France lui fut attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 15 janvier 1946.
Le nom de Salomon Calmanovic figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur le monument aux morts de Pavillons-sous-Bois.
Une allée de la commune de Pavillons-sous-Bois porte le nom de Louis-Calmanovic.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18422, notice CALMANOVIC Louis [CALMANOVIC Salomon, dit] par Lynda Khayat, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 24 août 2021.

Par Lynda Khayat

Salomon Calmanovic
Salomon Calmanovic
Salomon Calmanovic et son épouse
Salomon Calmanovic et son épouse
Fabrice Bourrée, Retracer le parcours d’un résistant, Archives Culture, 2020, p. 55.

SOURCES : RGASPI, 495 270 5679, autobiographie, Paris, 20 mars 1939, classée AS. — Arch. Nat. Natural. BB11 no 3 659 X 23 Calmanovici Pascal ; AJ 38 art. 2892 dos. no 3413/207 Calmanovici Pascal ; Z 4 art. 55 dos. 379 Instruction de la Section spéciale de la cour d’appel de Paris contre Salomon Calmanovic et tous autres (décembre 1941-juillet 1942). — Arch. PPo. BS1 GB 62 Affaire Calmanovic (15 décembre 1941) ; Dos. Épur. Pol. Delarue Alfred Robert, insp. de la BS1. — Arch. PPo. BA 2117. — Arch. Dép. Paris, 1 807 W 28 reg. d’écrou de la pris. de la Santé. — Notes et fonds photographique de Jean-Marc Calmanovic-Plescoff. — SHD Vincennes GR 16 P 101807 (nc). — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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