CALONNE Nestor

Par Yves Le Maner

Né le 22 juillet 1894 à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais), mort le 31 décembre 1979 à Nice (Alpes-Maritimes) ; ouvrier mineur ; militant syndicaliste et communiste du Pas-de-Calais, secrétaire régional du syndicat des mineurs CGT ; résistant ; député (1945-1946), conseiller de la République, puis sénateur (1946-1968).

[Sénat]

Issu d’une famille de mineurs, Nestor Calonne descendit très jeune à la mine où son esprit frondeur l’empêcha d’accepter les brimades de certains porions. À l’âge de dix-sept ans, il adhéra au Parti socialiste SFIO. La Première Guerre mondiale provoqua la dislocation de la famille Calonne composée de six garçons que leur mère avait dû élever seule en raison du décès du père, trois mois avant la naissance de son dernier enfant. Mobilisé au 41e régiment d’artillerie à Douai, Nestor Calonne passa quatre années au front, au cours desquelles il fut blessé à deux reprises, sur l’Yser puis sur le front de Champagne.

À sa démobilisation, il revint à Hénin-Liétard et fonda un foyer où devaient naître deux enfants. Embauché à la fosse 4 des mines de Bruay, il participa à la constitution d’un comité d’adhésion à la IIIe Internationale dans le courant de l’année 1920 qui devait se transformer en section communiste après le congrès de Tours. Calonne fut l’un des promoteurs les plus actifs de l’implantation du PC dans la région d’Hénin-Liétard, cœur du bassin minier du Pas-de-Calais. Membre fondateur de la section CGTU de son puits de travail, il participa à plusieurs mouvements de grève (notamment en 1923 lors de la campagne contre l’occupation de la Ruhr) qui entraînèrent son licenciement ainsi que celui de ses frères et de ses beaux-frères qui luttaient à ses côtés. Le « clan » Calonne parvint à trouver du travail à la fosse Dahomey et au 7 des mines de Courrières et, dès la fin de l’année 1924, Nestor Calonne fonda une cellule d’entreprise qui comptait une trentaine de membres de la fosse Dahomey et dont il prit les fonctions de secrétaire, assurant pendant quelques mois la parution d’un journal de puits. Membre du comité du rayon communiste de Lens dès sa création (1924), il y fut plus particulièrement chargé de « l’agit-prop. » et, lors de la constitution du rayon d’Hénin-Liétard, il fut nommé trésorier du groupement aux côtés du secrétaire, Henri Darras. Piètre orateur, Nestor Calonne savait par contre s’exprimer avec ses poings : déjà impliqué dans les combats de rues contre les syndicalistes confédérés qui eurent lieu lors du 1er mai 1929 à Lens, il fut révoqué par la compagnie de Courrières à l’issue des heurts qui se produisirent au cours de la grève des puits d’Hénin-Liétard en 1931. Cependant, sa qualité de délégué-mineur qu’il détenait depuis plusieurs années lui permit d’obtenir une rapide réintégration. Membre du comité exécutif du syndicat unitaire des mineurs du Pas-de-Calais, Calonne assista à plusieurs congrès de la Fédération CGTU des travailleurs du sous-sol, et en particulier au congrès de Lens du 7 au 12 octobre 1929. Il s’intéressa également à la coopération, dirigeant pendant plusieurs années la coopérative unitaire d’Hénin-Liétard. Homme d’action plutôt qu’homme d’appareil, Nestor Calonne s’engagea dans les Brigades internationales en 1937 et combattit en Espagne jusqu’à l’effondrement de l’armée républicaine. À son retour en 1938, à l’occasion d’élections partielles, il entra au conseil municipal de sa ville natale pour lequel il avait déjà fait acte de candidature (sans succès) en 1925, 1929 et 1935. La même année, il fut appelé par Auguste Lecœur au bureau de la Région communiste du Pas-de-Calais.

Resté fidèle au PC lors de la signature du Pacte germano-soviétique, Nestor Calonne fut démis de son mandat municipal et arrêté par la police française en février 1940. Interné au camp de Roybon (Isère), puis à Utelle (Alpes-Maritimes), il fut transféré au camp de Digne (Basses-Alpes) d’où il parvint à s’évader le 25 janvier 1941 et regagna le Pas-de-Calais avec Gustave Lecointe pour épauler Auguste Lecœur à la tête de l’organisation clandestine du PC. Dès son retour, il participa à la mise en place des syndicats clandestins et joua un rôle essentiel dans l’organisation de la grande grève patriotique des mineurs du Pas-de-Calais du 27 mai au 9 juin 1941 dont la première étincelle partit de la fosse Dahomey ; près de 100 000 mineurs refusèrent de descendre dans les puits. À l’issue de cette grève et de la terrible répression qui la suivit, Calonne reconstitua, avec K. Legros et G. Lecointe, la direction clandestine du PC dans le Pas-de-Calais et il assura la coordination des actes de résistance. Condamné par contumace à la peine de mort avec promesse d’une prime de 100 000 marks pour sa dénonciation, il fut nommé en 1943 interrégional FTP avec la responsabilité de l’Yonne, de la Marne, de la Côte-d’Or et de tout l’Est de la France.

Maire d’Hénin-Liétard de mai 1945 à octobre 1947, il fut nommé, en 1946, secrétaire général du syndicat des mineurs CGT du Pas-de-Calais. De 1945 à 1954, il appartint à la commission de contrôle financier du parti et, en 1954, fut membre du bureau de la fédération du Pas-de-Calais. Membre des deux Constituantes, puis conseiller de la République, il accéda ensuite au Sénat en 1954 où il siégea pendant de longues années avant de prendre sa retraite dans une petite bourgade de l’Yonne, puis à Nice.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18431, notice CALONNE Nestor par Yves Le Maner, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 novembre 2008.

Par Yves Le Maner

[Sénat]

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 092, F7/13 107. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5099, M 5221 et M 5304. — Liberté, 10 octobre 1944. — J.-M. Lemaire, mémoire de maîtrise, op. cit. — J.-M. Fossier, op. cit. — Renseignements fournis par la mairie d’Hénin-Liétard. — S. Courtois, Thèse, op. cit. — Correspondance avec N. Calonne, avril 1979. — Le Monde, 2 et 4 janvier 1980. — L’Humanité, 1er janvier 1980.

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