VIDAL Marcel

Par Olivier Dedieu

Né le 7 mars 1940 à Montpellier (Hérault), mort le 8 juillet 2016 dans la même ville ; employé du crédit agricole, viticulteur, oléiculteur, militant socialiste, maire de Nébian (1967-1971) puis de Clermont-l’Hérault (1971-2001), conseiller général de Clermont-l’Hérault (1967-2004), sénateur de l’Hérault (1980-2006).

Fils de Joseph Vidal, Marcel Vidal reçut une éducation marquée par la laïcité et l’engagement politique de son père. S’il ne découvrit qu’à sa mort que son père était franc-maçon, il accompagnait ce dernier aux réunions de la libre pensée et dans ses activités politiques. Non baptisé, il se définissait lui-aussi comme un militant laïque, antimilitariste et socialiste. De même, il reçut de son père une éducation culturelle importante.

Après le lycée à Clermont-l’Hérault, Marcel Vidal commença ses études universitaires à Montpellier. Alors maître d’internat au lycée de Pézenas, il adhéra, en 1959 aux jeunesses socialistes et fut secrétaire adjoint du groupe créé dans la ville l’année suivante. À la mort de son père, en 1967, il lui succéda à la mairie suite à l’élection municipale complémentaire consécutive à ce décès. Cette même année eurent lieu les élections cantonales. Lors du congrès préparatoire de la SFIO, il annonça sa candidature. Le parti, et notamment le député de la circonscription Gilbert Sénès, choisirent de soutenir le radical Rouaud, maire de Clermont-l’Hérault sous le label de la F.G.D.S. Marcel Vidal refusa de soutenir ce candidat, Rouaud étant l’ennemi politique de son père. Il décida alors de se présenter sans étiquette, sans vraiment croire en ses chances de victoire. Finalement, grâce à une campagne dynamique et à l’usure politique du sortant, il fut élu au deuxième tour conseiller général du canton de Clermont. Suite à cet épisode, Marcel Vidal ne fut pas exclu mais il décida de ne pas reprendre sa carte et siégea, dans un premier temps avec les socialistes indépendants au conseil général. Ses relations avec Gilbert Sénès, qui avait fait la campagne de Jean Rouaud, furent très distantes durant cette période. Pour autant, au conseil général, dont il était le benjamin, il fut accueilli par des élus qui étaient souvent de la génération de son père et, pour certains, des amis de ce dernier à la SFIO ou dans la Résistance. C’est ainsi que le président du conseil général, Jean Bene (voir ce nom), le prit sous son aile et lui fit son apprentissage d’élu départemental.

Agent du crédit agricole depuis 1963, Marcel Vidal décida, après ses deux victoires électorales, de démissionner de son emploi. Il choisit de se consacrer à ses deux mandats et à l’exploitation viticole d’une quinzaine d’hectares héritée de son père.

En 1968, il choisit de ne pas participer à la campagne des législatives qui vit la défaite du député sortant, Gilbert Sénès. En 1971, il quitta la mairie de Nébian et alla défier, victorieusement, le successeur de Jean Rouaud à la mairie de Lodève. En 1973, Gilbert Sénès lui demanda d’être son suppléant aux élections législatives, fonction qu’il accepta. C’est à cette période qu’il repris sa carte du parti socialiste. Réélu conseiller général de Clermont avec l’investiture du parti socialiste, Marcel Vidal se vit proposer la présidence de la commission de l’agriculture et de l’industrie du département.

Fils de notable, « homme pondéré et administrateur sérieux » selon le portrait que dresse le préfet en 1979, Marcel Vidal fut, durant cette période de renouvellement générationnel des années 1970, le candidat privilégié de la vieille garde des élus du département. Comme le reconnut Marcel Vidal lui-même, des élus de sa génération, notamment le conseiller général Guy Couderc le traitaient de « chouchou des vieux ». De l’aveu même de Marcel Vidal, Jean Bene et Charles Alliès, président et président de la commission des finances du département lui demandèrent de réfléchir à l’éventualité d’une candidature à la présidence du département. De même, Jean Péridier, sénateur, lui proposa, dès 1975, sa succession au Sénat, lui annonçant qu’il ne souhaitait pas se représenter en 1980.

Il ne cessa, dès lors, de cumuler les attributs de la notabilité. Maire et conseiller général, député suppléant, il devint conseiller régional lors de la création de la Région. Maintenu président de la commission de l’agriculture, il était, en 1979, secrétaire de l’association départementale des maires, président de la SICA de l’habitat rural, président de l’association forestière de l’Hérault, président de la SA languedocienne de crédit immobilier dès 1974 (devenu FDI Habitat). Au sein du PS, il fut membre de la commission exécutive fédérale et, dès 1975, secrétaire fédéral. En 1979, la défaite surprise de Jean Bene aux élections cantonales ne lui permit pas de postuler pour la présidence du département qui échut à Gérard Saumade. Par contre, en 1980, il sollicita l’investiture pour les sénatoriales et obtint le 2e meilleur score, derrière Gérard Delfau alors responsable de la fédération. Il fut élu au premier tour de l’élection sénatoriale.

Soutien de Mitterrand durant sa jeunesse, il se rallia, en 1980, à la candidature de Michel Rocard comme nombre de conseillers généraux du département. Il resta fidèle à ce choix par la suite puisqu’il resta son soutien lors du congrès de Rennes. Elu sénateur, il quitte sa vice-présidence à l’agriculture au département. En 1982, jean Bene et Gérard Saumade lui demandent de prendre la présidence de la S.A.D.H, la société d’aménagement du département. Réélu sénateur au premier tour en 1989, il développe l’intercommunalité sur son territoire et sera, après la création du district du Clermontais, président fondateur, en 2001, de la communauté de communes du Clermontais.

Au Sénat, Marcel Vidal siéga à la commission des affaires culturelles. Président, de 1998 à 2002, du conseil d’orientation du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, il fut aussi membre du conseil d’administration du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (1986-2006) représentant du Parlement pour les Communauté européennes (1992-1998) et membre, de 2005 à sa mort, de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages.

Localement, Marcel Vidal se construisit, pendant plus de trente ans, une position politique forte sur son territoire. Peu clivant politiquement et développant son territoire, notamment en matière culturelle et autour de l’aménagement du lac du Salagou, il fut continuellement reconduit dans ses différents mandats électoraux. Peu adepte des querelles internes au PS, il participa de manière très mesurée aux querelles internes du parti socialiste. IL n’en défendit pas moins sa manière de faire la politique, connaissant des oppositions avec Gérard Saumade puis Georges Frêche*.

En 2005, il finit néanmoins par quitter le parti socialiste, en désaccord avec une partie de son groupe sur le projet de constitution européenne qu’il soutenait. Il resta néanmoins rattaché administrativement au groupe socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184324, notice VIDAL Marcel par Olivier Dedieu, version mise en ligne le 28 août 2016, dernière modification le 28 août 2016.

Par Olivier Dedieu

SOURCES : Arch. Dép. Hérault, 541 W 55, 785 W 20, 1003 W 25 et 36, 1068 W 108, 1506 W 171, 234, 248 et 249. – Arch. Fédération PS de l’Hérault. – Olivier Dedieu, « La campagne des notables : luttes et pouvoirs dans la fédération socialiste de l’Hérault », Pôle Sud, 1995, n° 2, pp. 101-120. — Entretiens Marcel Vidal, Gérard Saumade, Adolphe Benamour.

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