VEYRAT Jean, Pierre [Pseudonyme dans la Résistance : Raymond]

Par Robert Serre, Jean-Luc Marquer

Né le 14 janvier 1913 à Lyon (Rhône), mort en action le 1 août 1944 à Sassenage (Isère) ; cheminot ; résistant, homologué Forces françaises combattantes (FFC), réseau "Résistance Fer" et membre de l’Armée Secrète, homologué lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur.(FFI).

Tombe de Jean VEYRAT, Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère)
Tombe de Jean VEYRAT, Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère)
Photo : Thierry Pinel, Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

Jean, Pierre Veyrat était le fils de Charles, Victorin, chirurgien-dentiste, et de Fernande, Marguerite Darésis, son épouse.
Il épousa Joséphine, Henriette Favre d’Anne à Annecy (Haute-Savoie) le 5 mars 1934.
Il était employé des chemins de fer comme comptable à Grenoble (Isère).
Entré dans les Forces françaises combattantes, il devint "Raymond" au sein du réseau Résistance Fer.
Parallèlement, il fit partie du premier noyau de Résistance créé au café de la Rotonde à Grenoble avec Léon Martin et Eugène Chavant.
Le 6 janvier 1943, il guida les six premiers réfractaires de Grenoble à Ambel. Membre de Franc-Tireur, il fut arrêté début février 1943 par la police italienne, mais réussit à s’évader à l’automne 1943 de sa prison.
Il créa avec Louis Bouchier un Groupe Franc à Romans appelé Groupe Franc Vercors. Ils se réunissaient au café de l’Océan. Sa mission primordiale fut de procurer aux maquis du Vercors l’habillement, l’équipement, le matériel, les moyens de transport, les cartes de ravitaillement, et le tabac dont ils avaint besoin.
C’est lui qui aurait établi la première liaison entre la ville de Grenoble et la montagne. Il participa à la tentative de récupérer une partie des V1 à Portes-lès-Valence le 9 mai 1944. Après une première tentative avortée, il fut avec Chavant transporté à Alger par sous-marin dans la nuit du 21 au 22 mai 1944, en emportant un document capital : le plan, dérobé à l’organisation Todt, des défenses côtières allemandes sur la partie de la côte méditerranéenne qui intéressait le plus les Alliés. Veyrat remit les plans à un officier américain, André Pecquet (« Paray »). Également membre du secteur 8 (Vercors) de l’AS Isère, il seconda Jean Prévost (« Goderville ») dans les combats de Saint-Nizier-du_Moucherotte du 13 au 15 juin 1944.
Selon d’autres sources, le 16 juin 1944, il fut parachuté sur la Drôme et rejoignit aussitôt le commandant Azur, son patron.
Le 23 juillet 1944, avec notamment Lifschitz, Simon Nora, Léa Blain et « Goderville », ils furent huit, sans ressources et à bout de forces, à se replier sur une grotte, entre Saint-Agnan et Saint-Martin-en-Vercors, « un enfer d’une semaine ». Le 31 juillet 1944, ils quittèrent la grotte. Tandis que Rémy Lifschitz restait en arrière avec Léa Blain qui ne pouvait plus marcher (ils furent tués peu après, non sans avoir vendu chèrement leur peau), Simon Nora voulut retrouver ses parents cachés à Méaudre (Aujourd’hui Autrans-Méaudre-en-Vercors, Isère). Les cinq autres tentèrent de descendre sur Villard-de-Lans (Isère), puis les Côtes-de-Sassenage. Le 1er août 1944, ils furent surpris par une patrouille allemande et abattus à quelques centaines de mètres de la maison de Pierre Dalloz à Sassenage (Isère).
Le 3 août 1944, après le départ des Allemands, des habitants de Sassenage relevèrent les corps et les ramenèrent au village.
Les cinq corps anonymes numérotés et photographiés, ils furent inscrits sur les registres d’état civil de Sassenage puis inhumés dans le cimetière de la commune.
L’acte de décès n°17 du 3 août 1944 porte les indications suivantes : « Le 3 août 1944, à 9 heures, nous avons constaté au lieu-dit pont Charvet le décès d’un individu de sexe masculin, dont l’identité n’a pu être établie, dont la mort paraît remonter à deux jours, n°1 d’un groupe de cinq personnes. Signalement : âgé de trente-cinq ans environ, taille 1m70 environ, cheveux bruns, visage allongé, nez long, pantalon bleu foncé genre fuseau, veste tissu foncé, chassé d’espadrilles, signe particulier : une dent incisive supérieure en métal blanc. »
Ce n’est que quelques jours plus tard qu’ils furent identifiés.
Un jugement du tribunal civil de Grenoble (Isère) en date du 24 mars 1945, indiqua que cet acte de décès devait être attribué à Jean Veyrat.
Inhumé au cimetière Saint-Roch de Grenoble le 31 octobre 1944, carré 19, tombe 4968 il fut exhumé le 19 juillet 1950 pour être transféré dans la Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), tombe n°60.
Jean Veyrat obtint la mention "Mort pour la France" et fut homologué résistant, membre des Forces françaises combattantes, réseau "Résistance Fer" et lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur.
Il fut décoré de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance et élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume
Son nom figure sur le monument aux morts de Sassenage, sur le mémorial érigé au pont Charvet à Sassenage, sur la plaque commémorative des agents S.N.C.F apposée sur la façade de la gare de Grenoble et sur le monument commémoratif des Bataillons de Chasseurs Alpins à Varces-Allières-et-Risset (Isère).
Une rue de Grenoble porte son nom.


Notice provisoire


Voir : Pont Charvet, Sassenage
Voir : Nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184347, notice VEYRAT Jean, Pierre [Pseudonyme dans la Résistance : Raymond] par Robert Serre, Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 29 août 2016, dernière modification le 4 août 2021.

Par Robert Serre, Jean-Luc Marquer

Tombe de Jean VEYRAT, Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère)
Tombe de Jean VEYRAT, Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère)
Photo : Thierry Pinel, Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

SOURCES : Arch. Dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 406 — SHD Vincennes, GR 16 P 591637 (à consulter) ; GR 19 P 38/16— AVCC, Caen AC 21 P 167716 (à consulter) — Patrick Martin, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940-1944, thèse Université Paris IV Sorbonne, 2001, base de données noms. — Arch. Dép. Drôme, fonds Vincent-Beaume, 9J4, lettre Farge à Dalloz 1948. Drôme Nord, 119, 124, 243, 420-421.— P. Dreyfus, "Vercors citadelle..", p. 115. Dreyfus Histoire de la Résistance en Vercors, p. 114. — AD Bouches du Rhône 500 U 290, dossier "affaire du cap Lardier". — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, thèse d’État, p. 451. Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu, p. 122, récit de Gilbert François. — Escolan Patrice, Ratel Lucien, Guide-mémorial du Vercors résistant, Le cherche-midi éditeur, Paris, 1994, p. 34, 56, 59, 69, 234 à 236, 252, 305, 307, 319, 359 — Mémoire des hommes. — État civil

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