VAN WOLPUT Albert, dit Bosman

Par Gilles Morin

Né le 24 mai 1889 à La Madeleine (Nord), mort le 7 avril 1979 à Lille (Nord) ; ouvrier devenu directeur d’usine, puis représentant ; militant socialiste du Nord ; résistant, fondateur de la Voix du Nord, responsable de Libération-Nord et Brutus ; délégué à l’Assemblée consultative provisoire ; membre du bureau fédéral SFIO ; adjoint au maire de Lille (1945-1947, 1955, 1958).

Fils d’un militant socialiste – qui tenait un café, siège de la section de la Madeleine-les-Lille –, (sur l’état civil Michel Van Wolput, tisserand, et de Délphine Van-Roy, ménagère), Albert Van Wolput se forma lui-même sans examen ni diplôme. Apprenti, puis ouvrier, appelé pour le service militaire, il refusa de suivre le peloton. Fervent admirateur de Gustave Hervé, il était abonné à la Guerre sociale et membre de la SFIO depuis 1909. Démobilisé, il devint contremaître. De nouveau mobilisé pour la Grande guerre en 1914, il quitta le front en 1916 pour diriger un atelier dans une usine d’armement. Ses convictions socialiste l’incitèrent à créer des délégués d’atelier, mais il fut nommé directeur d’usine. Il exerça cette fonction après l’armistice de 1918, dans une usine de matériel de l’Eure, puis à Lille. Il y fit appliquer la loi des 48 heures, un mois avant sa publication. En 1924, il décida d’abandonner cette situation pour devenir représentant en machines outils de firmes anglaises dans la région du Nord, fonction moins fatigante et plus rémunératrice. Il refusa la proposition de Roger Salengro de devenir un professionnel de la politique et se contenta de remplacer des orateurs défaillants lors de réunions. Il appartint au bureau de la section SFIO de Lille. Ayant participé aux cérémonies en hommage à son ami Salengro en 1936, il fut licencié par l’administrateur anglais de son entreprise. Il refusa cette sanction et, ayant gagné son procès aux Prud’hommes, fut réintégré.
Résidant à Lille durant la drôle de guerre, Van Wolput participa à l’exode et se retrouva à Béziers. En retournant à Lille, passant par Paris, il rencontra par hasard un officier anglais en civil qui était chargé de monter un réseau. Celui-ci le retrouva à Lille en novembre 1940 et l’engagea pour rassembler du renseignement militaire. À Lille, avec l’ancien maire révoqué par Vichy, Charles Saint-Venant et Augustin Laurent, il s’efforça de reconstruire la section socialiste, en dépit de l’opposition de Paul Dehove, nommé maire par les autorités d’occupation. Il fit ronéoter les tracts adressés au agents municipaux, aux élus et au personnel de police. Puis avec Jean Lebas, il participa en octobre 1940 au lancement d’un des tous premiers journal Clandestin, l’Homme libre, bulletin ronéoté pas ses soins. Ce « bulletin d’information ouvrière » était adressé « à tous ceux qui gardent leur confiance à la République [et] au socialisme ». Van Wolput joua le rôle d’agent de liaison entre les sections clandestines et participa aux premières réunions du Comité d’action socialiste du Nord qui se tenaient parfois chez lui. L’Homme libre, tenait-il à préciser en 1947, n’était pas alors un organe gaulliste mais un journal socialiste qui condamnait Vichy et les Occupants et appelait à l’action pour la Libération afin de restaurer les libertés républicaines et pour permettre au socialisme de reprendre son essor.
Toujours représentant technique, Van Wolput pouvait obtenir un permis de circuler et des ausweiss, lui permettant notamment d’entrer dans les arsenaux ce qui facilita son activité de renseignement. Fin 1941, son entreprise lui demanda de démissionner. Il emporta alors des papiers à en-tête et cachets qui lui permirent de poursuivre son activité. Puis, il rentra dans une fabrique de meules pour les industries mécaniques qui lui servit de façade, lui permettant de se consacrer à la Résistance. Selon Houriez, il aurait été chef départemental de Libération-Nord.
En 1941, Van Wolput fut contacté par des militants socialistes qui participaient à la Voix du Nord et, estimant qu’il fallait élargir son action vers le gaullisme, entra au Comité de direction du mouvement. Avec Lionel Alloy, il participa aussi à la direction de Libération-Nord, faisant des liaisons où il représentait les résistants de la région à Paris, ou à Lyon pour le Parti socialiste clandestin. En l’absence de Dumez, arrêté le 7 septembre 1942, le cofondateur Noutour de la Voix du Nord le délégua à une réunion à Lyon où, sous la présidence de Moulin, se trouvaient rassemblés nombre de représentants de la résistance. Après la présentation de la Voix du Nord et de son journal, Moulin en reconnu l’importance et s’engagea à verser les fonds nécessaires pour développer son action, afin d’éviter les souscriptions trop dangereuses. Le représentant de la France Libre demanda au représentant si le Mouvement était en mesure de grouper des éléments paramilitaires. Van Wolput qui ne pouvait répondre seul sur ce point, s’engagea à demander un rapport à ce sujet.
Traqué par la Gestapo, Van Wolput gagna par un avion de la RAF l’Angleterre le 15 juillet 1943, peu avant une vague d’arrestations qui devait ravager la résistance du Nord, touchant les réseaux Comète et Alliance, les mouvements OCM et Voix du Nord. Il y fut attaché au commissariat à l’Intérieur, puis rejoignit Alger où il fut nommé vice-président de l’Assemblée consultative sous le pseudonyme de Bosman. Il était encore vice-président de la commission des Finances. Il y assura aussi l’intérim du ministre de l’Information. En 1944, à Alger, il a été membre du comité central provisoire de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). En son absence, sa femme a été arrêtée le 31 mai 1943.
Rentré en France à la Libération, Van Wolput, a participé au congrès des fédérations socialistes reconstituée en novembre 1944. Il fut désigné pour présider la commission de la FSGT et était membre de la commission Sport de la SFIO en 1945-1947.
Député à l’Assemblée consultative provisoire siégeant à Paris, il appartint à la commission de la Défense nationale et à la sous-commission de l’Intérieur chargée de contrôler l’action des services secrets. Il fut reconduit comme vice-président de l’ACP.
Membre de la commission administrative de la fédération SFIO du Nord en 1945-1950, Albert Van Wolput était trésorier fédéral en 1946. Il a été élu conseiller municipal de Lille vingt ans, en 1945-1965, et occupait le poste d’adjoint au maire lorsque les socialistes dirigeaient la mairie. Candidat aux élections cantonales en 1949 et 1955, il fut élu conseiller général à une élection partielle le 6 octobre 1957. Van-Wolput-Bosman fut candidat à trois reprises aux élections législatives, il ne fut jamais en position éligible. Il était placé en 5e position sur la liste socialiste à la Première Assemblée nationale constituante en octobre 1945. Il ne se représenta pas en juin suivant, puis fut de nouveau candidat aux élections législatives en novembre 1946 (en 8e position non éligible sur la liste) et était candidat suppléant de Arthur Cornette en 1958.
Albert Van Wolput était habilité pour donner les attestations aux anciens clandestins de Libération-Nord en 1950 pour l’Aisne. Il anima le groupe des vétérans socialistes de Lille qui comptait 200 inscrits dans les années 1960.
Albert Van Wolput décéda en 1972 à l’âge de 83 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184395, notice VAN WOLPUT Albert, dit Bosman par Gilles Morin, version mise en ligne le 30 août 2016, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., 72/AJ70, témoignage personnel, 21 février 1947 ; 72/AJ/59, témoignage de Houriez ; F/1cII/112/B, 313, 562 ; 3AG/1/286, dossier 3. — Arch. Libération-Nord. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Rapports de congrès fédéraux du Nord, 1946-67. — Dumez Natalis, La Voix du Nord et du Pas-de-Calais, Lille, F. Plancart imprimeur, 1946, 190 p. — Site « Les français libres » : Albert Van Wolput. — État civil.

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