QIAO Guanhua 喬冠華

Par Yves Chevrier

Né en 1914 à Yencheng dans le Jiangsu ; mort en septembre 1983. Journaliste et diplomate ; vice-ministre des Affaires étrangères à partir de 1964 ; ministre de novembre 1974 à novembre 1976 ; élu au C.C. du P.C.C. lors du X » congrès (août 1973). Son éviction, au profit de Huang Hua est sans doute liée à l’épuration des partisans de la « Bande des Quatre ».

Après avoir étudié à l’Université Qinghua, Qiao obtint un doctorat en philosophie à l’Université de Tübingen en 1936. Son éducation cosmopolite et polyglotte le destinait au journalisme. Rentré en Chine au début de la guerre sino-japonaise, il organisa une agence de presse à Wuhan en liaison avec les services de propagande nationalistes. Dès cette époque il se fit remarquer par ses analyses de politique étrangère et, ayant adhéré au P.C.C. et connu Zhou Enlai (周恩來), il devient secrétaire de la délégation conduite par Zhou à Chungking en même temps que rédacteur de politique étrangère au quotidien Xinhua Ribao (La Chine nouvelle). Durant la guerre, il ajouta à ses activités journalistiques de nombreux contacts avec les services de propagande du Parti tout en consolidant ses liens avec Zhou Enlai, qui se l’attacha comme secrétaire particulier. Lors de la guerre civile (1946-1949), Qiao fut directeur de l’agence Chine Nouvelle à Hong Kong et membre du Bureau de Chine du Sud du P.C.C. Il devint ainsi l’une des personnalités communistes les mieux introduites auprès des correspondants et des diplomates étrangers.
Les fonctions qu’il a occupées à partir de la Libération reflètent bien cette situation (encore qu’il faille leur ajouter un certain nombre de participations « de rigueur » à des organisations de masse, comme l’Association pour l’amitié sino-soviétique). Il est nommé aux organismes dirigeants de l’Association pan-chinoise des journalistes, présidée par son homonyme de plume Hu Qiaomu (l’un et l’autre en effet, natifs du même xian, écrivent sous le nom de Qiaomu) ; il entre surtout au ministère des Affaires étrangères, dirigé par Zhou Enlai, en tant que vice-président du comité de politique étrangère. Parallèlement, il occupe la vice-présidence de l’institut populaire des Affaires étrangères, organisation para-gouvernementale qui permet d’entretenir certaines relations avec les pays qui ne reconnaissent pas la R.P.C. Qiao gravit ensuite les divers échelons de l’administration centrale. Il accompagne Zhou Enlai aux conférences de Genève (sur le Vietnam) et de Bandoung (1954-1955), et Chen Yi (陳毅) à la conférence de Genève sur le Laos (1961-1962). En octobre 1963 il entre au conseil de l’Association pour l’amitié sino-japonaise et accède au poste de vice-ministre en 1964. Après avoir traversé sans encombre les remous de la Révolution culturelle au ministère des Affaires étrangères (voir Chen Yi et Yao Dengshan (要登山)), il participe directement à l’exécution de la politique américaine de Mao Tse-tung (毛澤東) et de Zhou Enlai (secondé par Geng Biao (耿飈), chef du Département des liaisons extérieures du C.C. à partir de 1971). Ayant conduit la première délégation de la R.P.C. à l’assemblée générale des Nations Unies en novembre 1971, il prend part aux négociations de Pékin et de Shanghai avec Richard Nixon en 1972. Élu au C.C. en août 1973 (lors du Xe congrès du P.C.C.), il est un candidat naturel et attendu au poste de ministre des Affaires étrangères laissé vacant par Ji Pengfei (姬鵬飛) en novembre 1974. La promotion d’un proche collaborateur de Zhou Enlai est regardée comme un gage de continuité. Sa destitution en novembre 1976 est liée d’une façon encore mal connue à la chute de Jiang Qing (江青) avec laquelle sa deuxième femme, Zhang Hanzhi, était personnellement liée. Mais au-delà des querelles internes, la continuité de la politique étrangère n’est pas remise en cause avec la nomination de Huang Hua (黃華), autre spécialiste des relations avec l’Amérique, dont la carrière est identique à celle de son prédécesseur. Arrêté puis emprisonné, Qiao est libéré en 1979 grâce à l’application d’une nouvelle réglementation sur les arrestations.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184397, notice QIAO Guanhua 喬冠華 par Yves Chevrier, version mise en ligne le 10 janvier 2017, dernière modification le 10 janvier 2017.

Par Yves Chevrier

ŒUVRE : Qiao Guanhua laisse une œuvre de propagandiste et de journaliste très abondante mais sans originalité.

SOURCES : Outre KC, voir Issues and Studies, vol. XI, n° 1, janvier 1975 et vol. XIII, n° 1, janvier 1977 et les propos de Rong Yiren sur la situation chinoise in Paris-Pékin, n° 3.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable