QlU Jin 秋瑾 [femme]

Par Claude Widor

Née le 8 novembre 1875 ou en 1879 suivant d’autres sources dans le Fujian ; exécutée à Shaoxing (Zhejiang) le 15 juillet 1907. Militante nationaliste opposée aux Mandchous ; l’une des premières inspiratrices du féminisme chinois.

Qiu Jin est issue d’une famille de lettrés de Shanyin (Shaoxing), dans le Zhejiang. En 1896 elle épousa le fils d’un riche marchand de Xiangtan (Hunan) et l’accompagna bientôt à Pékin où celui-ci avait acheté une charge officielle. C’est dans la capitale, en 1903-1904, que Qiu Jin décida de rompre définitivement avec son passé et de quitter son mari et ses enfants pour aller étudier au Japon.
Ce séjour japonais fut bref (du printemps 1904 à la fin de l’année 1905 — à peine plus d’un an si l’on tient compte d’un premier retour en Chine en 1905), mais précipita une évolution qui se dessinait déjà à Pékin : Qiu Jin sera désormais une « révolutionnaire professionnelle », vouée à un double engagement féministe et nationaliste. Féministe, elle adopta à Tokyo un nouveau zi, Jingxiong (« Rivale des hommes »), contribua à la fondation en 1904 d’une Société pour l’exercice de l’éloquence (Yanshuo lianxi hui) qui publia six numéros d’un magazine, Baihuabao (le Journal en langue parlée), acquis à la cause de l’émancipation féminine, et réorganisa, fin 1905, la Société d’amour universel (Gong’aihui) qui militait pour l’indépendance économique des femmes. Nationaliste, on la trouve peu après son arrivée au Japon dans une société secrète, le Groupe des dix (Shirenhui), puis, à l’automne 1904, dans la Triade (Sanhehui) de Yokohama, branche locale de la plus importante des sociétés secrètes chinoises que les révolutionnaires s’efforçaient de pénétrer. Enfin Qiu Jin fut l’une des premières adhérentes de la Ligue Jurée (Tongmenghui) de Sun Yat-sen (孫逸仙) : elle fut nommée responsable du comité provincial du Zhejiang et membre du département législatif de la Ligue, honneur qu’elle ne partageait avec aucune autre femme. A l’automne 1905 éclata la grande grève des étudiants chinois au Japon qui allait écourter brutalement ses études à l’École pratique féminine (Jissen jo gakkô). Qiu Jin, que son tempérament portait aux solutions radicales, joua un rôle dirigeant dans la fraction extrémiste qui préconisait un retour en masse en Chine.
A Shanghai, Qiu Jin revint un moment à ses préoccupations féministes en créant le Zhongguo nübao (Le Journal des femmes chinoises) dont la première livraison est datée du 14 janvier 1907 et la seconde et dernière du 4 février. Quoi qu’en dise la légende, ce n’était pas « le premier journal féminin en Chine », et les thèmes développés (l’opposition aux pieds bandés, la lutte pour l’instruction féminine, et la revendication de l’indépendance économique) étaient communs à toute une génération. En 1907, Qiu Jin songeait avant tout à organiser une insurrection contre la dynastie mandchoue. Elle réorganisa dans cette intention la Société pour la restauration (Guangfuhui) sur un modèle militaire et s’assura la collaboration des sociétés secrètes du Zhejiang. L’éclatement de soulèvements prématurés fit échouer ce projet audacieux. Xu Xilin, qui devait intervenir parallèlement dans la capitale de l’Anhui, à Anqing, assassina bien le gouverneur de la province le 6 juillet 1907, mais les autorités étaient désormais alertées. Qiu Jin, qui fut avertie de l’approche des forces gouvernementales, choisit de ne pas survivre à cet échec. Elle fut arrêtée le 13 juillet et décapitée le surlendemain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184399, notice QlU Jin 秋瑾 [femme] par Claude Widor, version mise en ligne le 10 janvier 2017, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Claude Widor

ŒUVRE : Qiu Jin Ji (Recueil des écrits de Qiu Jin), Shanghai, 1960, réédition rev. et augm., 1965. — Le tanci écrit par Qiu Jin est traduit in : Gipoulon, Catherine, Qiu Jin. Pierres de l’oiseau jingwei, Paris, 1976.

SOURCES : Bellefroid (1979).

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