SAIFUDING 賽福鼎 (SAIFUDIN, Saifuddin Azizi)

Par Jean-Luc Domenach

Né le 12 mars 1915, mort le 24 novembre 2003. D’origine ouighoure. Dirigeant du Turkestan chinois (Xinjiang), membre suppléant du BP de 1973 à 1982 et vice-président du comité permanent de l’A.N.P. depuis 1978.

Saifudin est l’un des rares non-Han qui aient reçu d’importantes fonctions en Chine populaire. Né dans une famille de commerçants de Kashgar, il va étudier en U.R.S.S où il adhère au communisme. De 1933 à 1949, il semble bien avoir joué à plusieurs reprises un rôle d’agent pour le compte des Soviétiques à l’intérieur des mouvements séparatistes de sa province. Il a été ministre de la République de Kuldja en 1944-1945.
Déclarant que la rébellion de Kuldja avait été un « mouvement de libération » contre l’oppresseur nationaliste et non une insurrection irrédentiste, Saifudin adhère au nouveau régime en 1949 et entre au P.C.C. en 1950. Rapidement, le « Centre », c’est-à-dire Pékin, confie à ce « bon minoritaire » des postes en vue à Urumqi comme à Pékin. Il demeurera de 1955 à 1968 président de la région autonome ouighoure du Xinjiang et secrétaire du comité provincial du P.C.C., soit le deuxième personnage de la région autonome sous l’autorité du tout-puissant général Wang Enmao : on peut se demander quel était alors son véritable pouvoir. Il sera aussi, de par son passé comme de par son origine ethnique, l’homme des associations d’amitié avec l’étranger.
Sa fidélité (ou sa docilité) à l’égard du Centre ne s’est jamais démentie avant la Révolution culturelle, en matière de politique des minorités comme de relations avec l’U.R.S.S. (il est même devenu un contempteur attitré du « social-impérialisme »). C’est pourquoi il fut très vivement attaqué par les Gardes rouges. Malgré la discrète protection du clan maoïste, il connut une éclipse pendant les années les plus chaudes de la Révolution culturelle. Cette éclipse s’interrompit toutefois en septembre 1968, quand il reçut la vice-présidence du comité révolutionnaire de la région autonome sous l’autorité de Long Shuqin, un militaire proche de Lin Biao (林彪).
Par la suite, sa position s’est améliorée. Réélu au C.C. par le IXe congrès du P.C.C. (1969), il a apparemment renforcé son pouvoir local après l’élimination du maréchal félon, devenant rapidement premier secrétaire, président du comité révolutionnaire et premier commissaire politique du Xinjiang (1973). A ces postes, cependant, il était étroitement surveillé par un militaire chinois, Yang Yong, son second. De plus, la relative faveur dont il jouit dans ces années a causé son remplacement en juillet 1977 par un autre Chinois, Wang Feng. L’heure étant aux concessions à l’égard des minorités nationales, la mise à l’écart de Saifudin fut déguisée en une affectation au Centre, où Saifudin remplit de façon très publique des fonctions de membre suppléant du B.P. (1977) et de vice-président du comité permanent de l’A.N.P. (1978) qui ne lui donnaient en fait aucun pouvoir réel. A l’issue du XIIe congrès du P.C.C., Saifudin a été réélu au C.C. mais a perdu son poste au B.P. (septembre 1982). C’est au titre de vice-président du comité permanent de l’A.N.P. (confirmé par la première session de la VIe A.N.P. en juillet 1983) qu’il exerce encore des activités publiques, principalement protocolaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184407, notice SAIFUDING 賽福鼎 (SAIFUDIN, Saifuddin Azizi) par Jean-Luc Domenach, version mise en ligne le 10 janvier 2017, dernière modification le 10 janvier 2017.

Par Jean-Luc Domenach

ŒUVRE : Parmi les nombreux articles rédigés par Saifudin, voir en particulier ceux du RMRB (25 octobre 1959 et 27 juillet 1960).

SOURCES : Outre KC, voir ŒUVRE, RMRB, 4 juillet 1973 et China Directory (1981 et 1983).

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