SONG Qingling 宋慶齡

Par Yves Chevrier

Née à Shanghai en 1890 ; morte le 29 mai 1981. Veuve de Sun Yat-sen, vice-présidente de la R.P.C.

La vie de Song Qingling se confond avec les péripéties de la révolution chinoise ; la personnalité, l’action patriotique, l’hostilité à Chiang Kai-shek et l’engagement communiste de la veuve de Sun Yat-sen (孫逸仙) s’effacent derrière son rôle symbolique. Face aux nationalistes de Taiwan qui revendiquent pour eux seuls l’héritage et la légitimité de Sun, elle a incarné la continuité des orientations révolutionnaires différentes dont la République populaire s’est réclamée en 1949. Née dans la famille Song, l’une des « grandes familles » chinoises du XXe siècle, ouverte aux influences occidentales et nationalistes, elle fait des études aux États-Unis. Sur la route du retour, au cours d’une escale au Japon, elle rencontre Sun Yat-sen auréolé d’un immense prestige mais alors au plus bas de sa fortune politique. Le mariage a lieu le 25 octobre 1915, au Japon (selon toute probabilité). Song Qingling devient la secrétaire et l’interprète de son mari qu’elle accompagne dans les vicissitudes des gouvernements successifs qu’il tente de mettre sur pied à Canton (voir Sun Yat-sen). Lorsqu’il y parvient avec l’aide soviétique (voir Joffe, Maring) et la collaboration du P.C.C., Song Qingling prend le parti de la gauche nationaliste dans la querelle qui divise le G.M.D. sur la politique de Front uni (voir Liao Zhongkai (廖仲愷)). Cet engagement allait se révéler durable. Après avoir critiqué âprement la droite, qui tente de subjuguer le G.M.D. au lendemain de la mort de Sun (mars 1925), elle condamne le sanglant coup de force anticommuniste de Chiang Kai-shek à Shanghai (12 avril 1927) et, trois mois plus tard, la rupture du Front uni à Wuhan par Wang Jingwei (汪精衛). Elle s’exile alors en U.R.S.S. avec plusieurs personnalités du G.M.D. de gauche jusqu’en 1931. Le mariage de sa sœur Song Meiling avec Chiang Kai-shek fait d’elle la belle-sœur de son principal ennemi politique. Cette parenté lui permet toutefois de critiquer ouvertement et impunément le régime de Nankin après son retour, qui coïncide avec le début de l’agression japonaise. Au C.E. du G.M.D. (auquel elle appartient sans interruption depuis 1926), elle s’oppose à l’attentisme de Chiang ; publiquement, elle propose un programme très semblable à celui du P.C.C. et anime un grand nombre d’associations patriotiques et démocratiques orientées à gauche. La conclusion du second Front uni en 1937 — année de l’invasion japonaise — met une sourdine à ses critiques, qu’elle reprend en 1941 lorsque 1’ » incident de la 4e Armée nouvelle » (voir Ye Ting (葉挺), Xiang Ying (項英)) porte un coup presque mortel à l’union nationale. En 1948, son adhésion au Comité révolutionnaire du G.M.D. — l’un des « partis démocratiques » indépendants du P.C.C. les plus hostiles à Chiang Kai-shek — consacre sa rupture définitive avec le régime. Rien ne s’oppose plus à son ralliement au nouveau : elle siège à la C.P.C.P.C., dont elle devient vice-présidente en 1953.
Le rôle symbolique et honorifique de Song Qingling s’affirme par le cumul des vice-présidences : du Conseil de gouvernement populaire (en tant que représentante des « personnalités démocratiques »), du comité permanent de l’A.N.P., en attendant la vice-présidence de la République qui lui échoit lorsque Liu Shaoqi (劉少奇) succède à Mao Tse-tung (毛澤東) en 1959. Ce rôle tend à s’estomper à mesure que la Chine accomplit sa « transformation socialiste » (et que la santé de Song Qingling décline). Ses interventions publiques se font de plus en plus rares au début des années 1960, y compris dans le domaine social et en politique étrangère où elle avait déployé une grande activité. Cet effacement l’aide à franchir le cap de la Révolution culturelle, qui la prive cependant de sa vice-présidence du comité permanent de l’A.N.P., recouvrée en 1970. Après la chute de la Bande des Quatre (voir Jiang Qing (江青)), Song Qingling devient présidente honoraire de la Fédération pan-chinoise des femmes. Les successeurs de Mao et artisans de la démaoïsation exaltent avec discrétion la bonne veuve (celle de Sun) afin d’accentuer la noirceur de la mauvaise (celle du Grand Timonier). En 1981 ses funérailles, auxquelles est invitée sa famille taïwanaise (dont la veuve de Chiang Kai-shek, retirée aux États-Unis, et son fils, Jiang Jingguo, actuel dirigeant de Taiwan), renouent avec le symbolisme plus ancien de l’unité nationale à propos d’un problème toujours d’actualité : la question de Taiwan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184416, notice SONG Qingling 宋慶齡 par Yves Chevrier, version mise en ligne le 11 janvier 2017, dernière modification le 11 janvier 2017.

Par Yves Chevrier

SOURCES : Outre KC et BH, voir : Bartke (1981). — Wilbur (1976). — Xinhua, 29 mai 1981.

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