KACZKA Maïer

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 2 mai 1898 à Jedrzejow (Pologne), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; nationalité polonaise ; commerçant fourreur ; victime civile.

Maïer (ou Majer) Kaczka était le fils de Jozef et Chai Suchecka, Il vécut à Malogoszcz (Pologne) jusqu’au 7 décembre 1921, date à laquelle il se maria à Kielce (Pologne) avec Szajndla Bojgen (ou Boogen). Ses deux filles, Chaja Sara (dite Sabine) et Tauba (dite Thérèse) naquirent en 1922 et 1924 à Kielce. En 1930, les Kaczka s’exilèrent en France pour fuir l’antisémitisme. Ils demeurèrent à Mulhouse (Haut-Rhin) du 16 juillet 1930 au 7 septembre 1939. Leur dernière adresse connue fut le 8 rue du Runtz. A Mulhouse, Maïer Kaczka exerça la profession de commerçant fourreur. Après la déclaration de la guerre, Maïer Kaczka et sa famille se réfugièrent à Bitshwiller-lès-Thann (Haut-Rhin). Maïer Kaczka y transporta ses marchandises et y loua deux pièces. En tant que juifs, les Kaczka furent expulsés d’Alsace le 17 juillet 1940. Ils partirent d’abord à Toulouse (Haute-Garonne) puis le 14 juin 1941, ils arrivèrent à Mâcon (Saône-et-Loire) venant de Beaubery (Saône-et-Loire). A Mâcon, ils demeurèrent au 119 rue Rambuteau. Étant malade, Maïer Kaczka ne put travailler. En 1943, les Kaczka furent recensés comme étrangers. En Alsace, leurs biens furent pillés pendant leur absence.
Le 13 août 1944, à Mâcon, Maïer Kaczka fut arrêté en tant que juif lors d’une rafle organisée par la Gestapo et la Milice en représailles des pertes subies par les troupes allemandes dans la région de Cluny (Saône-et-Loire). D’après la mémoire familiale, ce 13 août, Maïer Kaczka était parti se faire recenser comme juif. Il avait rencontré un ami et décidé de le suivre dans un autre bureau de recensement. Arrivé sur les lieux, il fut arrêté. Sa femme et ses filles furent interpellées le lendemain à Mâcon.
Les Kaczka furent conduits à la prison de Montluc (Lyon). Szajndla Bojgen fut incarcérée dans la cellule 8, Sabine Kaczka dans la cellule 12, Thérèse Kaczka dans la cellule 10 et Maïer Kaczka fut interné le 15 août dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Maïer Kaczka fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans la tête. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire que la fosse D contenait 21 victimes du 17 août et 1 victime du 18 août (Charles Schwartz). Maïer Kaczka fit donc vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.
Le corps de Maïer Kaczka fut décrit comme suit : 1m75, cheveux châtains légèrement grisonnants, « d’une assez forte corpulence ». Il fut d’abord enregistré sous le numéro 68 puis identifié le 5 octobre 1944 par sa fille, Sabine Kaczka, demeurant au centre d’accueil de Caluire-et-Cuire (Rhône). Il fut inhumé au cimetière de Lyon - La Mouche (VIIe arr.). Le statut d’interné politique lui fut accordé en 1953.
Szajndla, Thérèse et Sabine Kaczka furent libérées de la prison de Montluc le 24 août 1944. En 1944, elles logèrent 10 montée des Carmes à Lyon. Elles demeurèrent ensuite 15 rue Moncey à Lyon (IIIe arr.).

Voir Bron (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184422, notice KACZKA Maïer par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 30 août 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Maïer Kaczka.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W27, 3335W12, 3460W1, 3460W4, 182W132, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Témoignage de Michelle Solarz (petite-fille de Maïer Kaczka).— Yad Vashem

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