Par Lucien Bianco
Insurgé anti-japonais en Mandchourie de 1932 à 1937.
Chef d’une troupe qui a compté jusqu’à deux mille hommes, Wang Fangke a animé la résistance à l’occupation japonaise dans le sud-est du Liaoning aussitôt après l’établissement du protectorat du Manzhuguo (Mandchoukouo). Sa capture en mars 1937 fut jugée un succès assez important pour faire l’objet d’un rapport spécial à l’Empereur Hiro-Hito.
La publication dans le Hoten Mainishi Shimbun du 30 mars 1937 de la photo de Wang en haillons, visage renfrogné et farouche, était censée illustrer un des thèmes favoris de la propagande japonaise, qui assimilait les résistants à des bandits. L’assimilation était d’autant plus aisée que l’occupant et les collaborateurs n’étaient pas seuls à pâtir de l’action mal coordonnée de bandes pas toujours disciplinées (en 1936, Wang Fangke a gardé dix mois prisonnier un missionnaire américain, le Père Burns) et que la répression favorisait le développement du banditisme qu’elle combattait par ailleurs. Les Japonais concentraient la population rurale dans certains villages en expulsant les occupants des fermes isolées qu’ils brûlaient, afin que les « bandits » (bandits véritables ou résistants) ne pussent plus trouver de gîte dans une campagne déserte et dévastée. Contraints à perdre beaucoup de temps pour aller cultiver un champ éloigné de leur nouvelle résidence et à travailler loin de tous, au risque d’être volés, enlevés ou tués, d’assez nombreux paysans préféraient se faire eux-mêmes brigands.
Par Lucien Bianco
SOURCES : U.S. National Archives, Department of State, 893.108 Manchuria/44 (dépêche Ballantine du 7 mai 1936) ; 893.108 Manchuria/55 ; 893.108 Manchuria/62 (dépêche Langdon du 6 mai 1937).