WANG Zhen 王震

Par Jacques Manent et Jean-Luc Domenach

Né le 11 avril 1908 dans le xian de Liuyang, près de Changsha, Hunan. Ancien syndicaliste des chemins de fer, vétéran de l’A.P.L., commandant de la région militaire du Xinjiang jusqu’en 1954, spécialiste de la mise en valeur des terres vierges du Nord-Ouest. Membre du C.C. depuis 1956, du B.P. depuis décembre 1978. Président de l’École centrale du Parti.

Wang Zhen demeure le symbole de l’« esprit de Nanniwan » qu’il contribua à forger au cours de la guerre sino-japonaise en menant à bien, avec une brigade de l’Armée rouge, une expérience pilote de défrichement en Chine du Nord. Son expérience dans ce domaine lui a valu d’occuper d’importantes fonctions dans le cadre du développement économique de la R.P.C.
Issu d’une famille de paysans pauvres dont le père et les dix enfants combattirent dans les rangs communistes, Wang Zhen quitte la terre à treize ans et trouve un emploi de domestique à Changsha. Son patron étant chef d’une gare importante sur la ligne de chemin de fer Pékin-Hankou, il se retrouve en 1924 dans le personnel roulant de la compagnie et adhère aussitôt au syndicat des ouvriers de la ligne que Xiang Ying (項英) vient de mettre sur pied. Le rôle joué par ce syndicat lors des grèves de 1925 lui dévoile la force du mouvement ouvrier organisé. En 1926 il adhère au G.M.D. et devient membre du comité exécutif du Syndicat général du Hunan. Il est à Changsha lorsque le 21 mai 1927 le général nationaliste He Jian fait massacrer des centaines de communistes et dissout le syndicat. Wang Zhen, qui vient d’adhérer au P.C.C., passe dans la clandestinité et participe à l’insurrection de la Moisson d’automne en sabotant les voies de chemin de fer par lesquelles le G.M.D. achemine ses troupes (voir Peng Gongda (彭公達)).
On le retrouve ensuite à Hankou où il exerce divers métiers au cours de l’année 1928-1929, servant même un moment dans l’Armée du Guangxi, sous Li Zongren. Il met ses connaissances militaires au service de la cause paysanne lorsque, en 1930, il rentre dans son xian natal pour réorganiser la branche locale du P.C.C. Au moment où triomphe la ligne Li Lisan (李立三), Wang a déjà réussi à constituer une « Avant-garde rouge » qu’il met au service de Peng Dehuai (彭德懷). L’échec de ce dernier devant Changsha contraint Wang à une’ retraite momentanée. Il reconstitue ses effectifs et regroupe, à la fin de 1931, plus de 4 000 guérilleros dans la région-frontière du Hunan-Jiangxi. Il est à Ruijin lors de la création de la République soviétique du Jiangxi par le premier congrès pan-chinois des soviets (novembre 1931) : on le nomme commissaire politique d’une division de la 6e armée de Xiao Ke et c’est à ce titre qu’il participe à la défense du soviet contre les campagnes d’encerclement du G.M.D. En août 1934 il fait partie de l’avant-garde de l’Armée rouge qui commence la Longue Marche et rejoint He Long (賀龍) en octobre. Le corps de Xiao Ke fusionne alors avec celui de He Long pour devenir la lre Armée de front. Wang conserve ses fonctions de commissaire politique jusqu’en 1937.
La guerre contre le Japon voit Wang Zhen accéder au commandement d’une brigade, la 359e, qui dépend de la 120e division de He Long. Il se distingue au Hebei de 1937 à 1939 mais c’est après 1939 que la 359e brigade et son chef acquièrent leur titre de gloire. Chargés d’assurer la défense avancée des Shenganning, les 10 000 hommes de Wang Zhen sont envoyés dans la région désolée de Nanniwan, au sud de Yan’an, pour y défricher de nouvelles terres. Leur, réussite est totale. En une année le travail de mise en valeur des terres vierges est mené à son terme, apportant ainsi une première solution aux problèmes de ravitaillement rencontrés par la région-frontière en 1941 et 1942. Citée depuis en exemple aux jeunes générations, l’expérience de Nanniwan a contribué par sa réussite à faire de Wang Zhen le grand spécialiste de la mise en valeur des terres en friche après 1949. Ses fonctions toutefois restent pendant un certain temps exclusivement militaires. Élu en janvier 1945 membre suppléant du C.C. au VIIe congrès, il est successivement chef d’état-major de la grande base rouge de Chine septentrionale (1946-1947) puis commandant de la 2e colonne de la Ire Armée de Peng Dehuai (1947-1948).
Lorsqu’en octobre 1949 le Xinjiang tombe aux mains des forces communistes de la Ire Armée, Peng Dehuai devient commandant et commissaire politique du nouveau district militaire du Xinjiang. En fait c’est son commandant en second, Wang Zhen, qui devait assumer la réalité du pouvoir et demeurer, jusqu’en 1954, la plus importante figure militaire de la province. Participant au développement économique de la région, Wang devient en même temps secrétaire du Bureau du P.C.C. et membre du comité administratif du Nord-Ouest, fonctions dans lesquelles il est appelé à renouveler des expériences similaires à celles qui l’avaient rendu célèbre pendant la guerre.
Wang Zhen est appelé à Pékin en février 1954 pour devenir commandant et commissaire politique du corps spécial des chemins de fer dans l’A.P.L. Il quitte l’armée à la fin de l’année 1955, avec l’un des grades les plus élevés de la hiérarchie militaire chinoise. En mai 1956, à l’occasion d’un remaniement gouvernemental partiel, on lui confie le ministère des Fermes d’État et du défrichement, poste qu’il a occupé jusqu’en 1966.
Attaqué par les Gardes rouges pendant la Révolution culturelle en raison de ses liens avec He Long et contraint de se soumettre à une autocritique, Wang Zhen a cependant été réélu au C.C. par les IXe et Xe congrès du P.C.C. et a conservé une réelle activité à Pékin : il a été nommé vice-premier ministre en janvier 1975 (mais a quitté ce poste en septembre 1980) puis membre du B.P. en décembre 1978 et de la Commission militaire du C.C. en novembre 1979. Il a reçu en mai 1980 la présidence de l’École centrale du parti et a conservé sa place au B.P. à l’issue du XIIe congrès du P.C.C. (septembre 1982).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184464, notice WANG Zhen 王震 par Jacques Manent et Jean-Luc Domenach, version mise en ligne le 24 janvier 2017, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Jacques Manent et Jean-Luc Domenach

SOURCES : Outre BH et KC, voir : Forman (1945). — Nym Wales (1952) et RMRB, 1978- 1983. — Dicomo, p. 692.

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