WU Guixian 吳桂顯

Par Jean-Luc Domenach

Née au début des années 1930 (1933 ?). Ouvrière du Shenxi, devenue dirigeante provinciale lors de la Révolution culturelle, membre du C.C. en 1969 et membre suppléante du B.P. en 1973. A disparu de la scène en 1977.

La vie de Wu Guixian est si mal connue que sa rapide promotion reste difficile à expliquer. Sa famille, sans doute paysanne, aurait été chassée du Henan par la famine en 1939. Apprentie dans une usine du Shenxi vers 1949, elle entre en 1951 à l’usine de cotonnades no. 1 de la ville de Xianyang. Par la suite, elle se serait signalée (comme Ni Zhifu (倪志福)) par la mise au point de techniques nouvelles et aurait adhéré au P.C.C.
D’après nos sources, elle ne s’est vraiment mise en évidence que dans les années 1963-1964 : dirigeant un groupe d’élite de son usine, elle reçoit en 1963 le titre de « modèle dans l’étude et l’application vivantes de la pensée mao-tse-tung » ; en 1964, elle s’oppose à la politique des stimulants matériels pratiqués par les dirigeants de son usine. Mais c’est à la Révolution culturelle que Wu doit sa promotion politique. On ne sait pas quel a été son rôle exact dans les « organisations de masse » du Shenxi. Selon la légende officielle des années 1972-1973, elle aurait participé à la « prise du pouvoir » mais se serait opposée aux excès « de gauche » de ceux qui voulaient arrêter la production. Son rôle n’a probablement pas été négligeable car elle a reçu à plusieurs reprises l’insigne honneur d’être présentée au « président Mao » dans cette période.
Quoi qu’il en soit, en mai 1968, elle devient membre du comité révolutionnaire provincial et publie un article dans le Quotidien du Peuple. Elle entre au C.C. lors du IXe congrès (avril 1969) puis devient secrétaire adjointe du nouveau comité du Parti du Shenxi. Dans l’été 1973 survient une promotion étonnante : elle entre au B.P. (comme suppléante).
La minceur de nos informations ne permet pas de déterminer si Wu Guixian a également exercé un rôle politique réel. Il est en tout cas certain que sa promotion, comme celle d’autres ouvrières modèles (voir Wang Xiuzhen (王秀珍)), revêt un sens symbolique. Avec Wu Guixian, on a promu une femme (la seule à l’époque, avec Jiang Qing (江青) au B.P.) encore jeune, une militante ouvrière (comme Ni Zhifu, autre recrue du Xe congrès) et un cadre qui a su conserver une grande popularité dans son usine tout en appliquant fidèlement la politique du Parti. Wu Guixian, c’est, pour la propagande, le cadre féminin idéal. Travaillant et vivant encore comme une ouvrière, n’hésitant pas à payer de sa personne afin de réorganiser un atelier retardataire ou pour aller étudier des innovations techniques à l’extérieur, elle présentait ses succès comme des exemples d’application de la pensée de Mao (1969), puis de l’étude des œuvres marxistes-léninistes (1972). Docilité ou opportunisme ? Elle s’est en tout cas attiré la faveur du Président et a reçu en janvier 1975 un poste de vice-premier ministre auquel elle ne paraît pas avoir donné beaucoup d’éclat.
Car le personnage politique paraît au total médiocre ; il manquait en outre de liens avec les autres dirigeants de la gauche maoïste : ainsi s’explique sans doute que Wu Guixian ait été atteinte plus tardivement (mais tout de même avant Chen Yonggui (陳永貴)) et moins durement que bien d’autres modèles maoïstes par les changements politiques qui ont suivi la mort de Mao. Après s’être maintenue en place pendant les premiers mois au cours desquels Hua Guofeng (華囯鋒) joua son va-tout, elle a perdu sa position dirigeante au Centre et au Shenxi à l’issue du XIe congrès du P.C.C. (août 1977). Mais Wu a conservé sa place (toute théorique, il est vrai, car elle a disparu de la scène) au C.C., jusqu’au XIIe congrès du P.C.C., qui ne l’a pas réélue (septembre 1982).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184500, notice WU Guixian 吳桂顯 par Jean-Luc Domenach, version mise en ligne le 24 janvier 2017, dernière modification le 24 janvier 2017.

Par Jean-Luc Domenach

ŒUVRE : On connaît trois articles de Wu Guixian : in RMRB, 19 mai 1966 et Hongqi (Le Drapeau rouge), janvier 1970 et décembre 1972.

SOURCES : Outre WWCC, voir : Pékin Information, 6 novembre 1972. — RMRB, 12 juillet 1973 et Biographical Service, no. 1622.

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