XIAO Chunü 蕭楚女

Par Lucien Bianco

Né en 1891, 1893 ou 1894 dans le xian de Hanyang (Hubei), tué le 18 avril 1927 à Canton. Communiste, dirigeant de la Ligue des Jeunesses socialistes, propagandiste et agitateur paysan en Chine centrale et méridionale.

Xiao Chunü
Xiao Chunü

Orphelin dès son enfance, Xiao Chunü a dû gagner sa vie de bonne heure. Il n’est jamais allé à l’école, ce qui n’a pas empêché cet autodidacte d’enseigner et d’écrire beaucoup durant sa brève existence. Instituteur à Wuhan à l’époque du 4 mai, Xiao participe au mouvement en faveur de la « nouvelle culture » et édite en 1919 le Da Han bao (Journal Grand Han), dont il est bientôt renvoyé en raison de son activité politique. Il va alors enseigner à l’école normale provinciale de Xiangyang, dans le nord-ouest du Hubei, mais ne conserve pas ce poste plus longtemps que le précédent. Comme la révocation est cette fois assortie d’un mandat d’arrêt, Xiao revient se réfugier à Wuhan, où il participe aux activités de la société du Bien Public (voir Yun Daiying (惲代英)). A la fin de l’été 1921, il accompagne Yun à Luzhou, dans le sud du Sichuan, où ils militent et enseignent de conserve à l’école normale locale, puis se rend à Chungking. Toujours enseignant, Xiao y participe à la fondation d’une section de la Ligue des Jeunesses socialistes, qui compte une trentaine de membres, et édite le Xin Shu ribao (Journal du Nouveau Sichuan). Xiao répand la bonne parole socialiste dans ce journal et d’autres journaux locaux jusqu’à l’automne 1923, date à laquelle il est affecté au C.C. de la Ligue des Jeunesses socialistes à Shanghai. Il y retrouve Yun Daiying, collabore à la revue Zhongguo qingnian (La Jeunesse chinoise) dirigée par Yun et enseigne avec lui à Shangda (voir Qu Qiubai (瞿秋白)). Dès l’année suivante, nouveau transfert : Xiao est nommé instructeur politique à l’Académie militaire de Huangpu (voir Blücher) qui vient d’être fondée. Lorsqu’il séjournait à Wuhan, Xiao Chunü s’était initié à l’agitation rurale à Huanggang, dans l’est du Hubei. En 1924, il collabore avec Peng Pai (澎湃) à la mise sur pied des premières associations paysannes de la région de Canton, puis s’en va diriger avec deux autres communistes, Dong Biwu (董必武) et Chen Tanqiu (陳潭秋), le mouvement paysan du xian de Jinzhai, aux confins de l’Anhui, du Henan et du Hubei. L’année suivante, Xiao découvre Haifeng, la citadelle méridionale du mouvement paysan (voir Peng Pai (澎湃)), à l’occasion de la première Expédition de la rivière de l’Est (voir Blücher). Peu de temps après, au lendemain du mouvement du 30 mai, on retrouve sa trace dans le Henan, à l’état-major de la Guominjun : grâce à l’éphémère coopération entre Feng Yuxiang, P.C.C. et Soviétiques (voir Blücheret Chen Bilan (陳碧蘭)), il tente de gagner soldats et officiers à la lutte anti-impérialiste et à la révolution. La même année, il co-édite Zhongguo Qingnian (La Jeunesse chinoise) avec Yun Daiying.
L’errance militante de Xiao Chunü s’achève avec son retour à Canton, où il participe au second Congrès du G.M.D. en janvier 1926. Membre du Département de la propagande (dirigé par un autre communiste, Mao Tse-tung (毛澤東)) du C.E.C. du G.M.D., Xiao enseigne l’histoire de la pensée sociale européenne du XIXe siècle à l’institut des Sciences sociales de l’Université du Guangdong (future Zhongshan daxue, Université Sun Yat-sen). A partir .de février 1926, Xiao appartient également, toujours avec Mao, au comité des mouvements paysans du Département paysan du C.E.C. du G.M.D. Après avoir un temps collaboré avec le pionnier du mouvement paysan (Peng Pai), Xiao Chunü devient pendant la dernière année de sa vie l’adjoint apprécié du futur animateur des soviets ruraux du Jiangxi : Mao Tse-tung. Tout en reprenant du service à Huangpu en tant qu’instructeur politique, Xiao consacre en effet le plus clair de son temps à l’institut des cadres du mouvement paysan. Il ne fait pas moins de trois cours aux élèves de la sixième promotion, dirigée par Mao : sur l’impérialisme, l’histoire du mouvement révolutionnaire du peuple chinois, la question sociale et le socialisme. Les cours à peine achevés, il emmène ses élèves à Haifeng : prévue pour une semaine, la visite, guidée par Peng Pai lui-même, se prolonge pendant quinze jours (août-septembre 1926). En dépit de ce pèlerinage mémorable, dûment magnifié par Xiao Chunü dans un rapport que Luo Qiyuan (羅綺園) utilisera pour son compte rendu des activités de la sixième promotion de l’institut (publié dans Zhongguo nongmin, le Paysan chinois, du 1er novembre 1926), Xiao et Mao ont transformé l’institut en une sorte d’« Université paysanne » plus proche d’un véritable établissement scolaire (dont Mao n’eût pas manqué de dénoncer l’élitisme quarante ans plus tard) que de l’école des cadres initialement organisée par un Peng Pai plus soucieux de formation pratique et d’entraînement militaire que d’enseignement théorique.
Tombé malade au début de l’année 1927, Xiao Chunü se fait soigner à l’hôpital de l’Université Sun Yat-sen. Lorsque le général Li Jishen décide de réserver aux communistes cantonais le sort que les hommes de Chiang Kai-shek viennent de faire subir aux communistes shanghaïens, Xiao incapable de s’enfuir est abattu sur place le 18 avril : quelques jours après l’exécution de Liu Ersong (劉爾崧), quelques jours avant celle de Li Qihan (李啓漢)...

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184529, notice XIAO Chunü 蕭楚女 par Lucien Bianco, version mise en ligne le 8 février 2017, dernière modification le 12 novembre 2019.

Par Lucien Bianco

Xiao Chunü
Xiao Chunü

ŒUVRE : Outre les nombreux articles parus dans les périodiques mentionnés ci-dessus et dans Wuhan xingqi pinglun (La critique hebdomadaire de Wuhan), fondée en 1921 à Hankou, Xiao a collaboré à un volume collectif publié après sa mort par l’institut des cadres du mouvement paysan ; trois autres ouvrages lui sont attribués (détails in KC, 1, 328).

SOURCES : KC et Galbiati (1981). Voir aussi Chang Kuo-t’ao (Zhang Guotao), I (1971) et Wilbur (1983).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable