YANG Mingzhai 楊明齋

Par Lucien Bianco

Né en 1882 dans le xian de Pingdu, au nord-est de la province du Shandong, mort en 1930 ou 1938 dans la région d’Irkoustk. Militant communiste de la première heure (et de la première heure seulement), instructeur et traducteur de russe à l’époque héroïque où le P.C.C. était en voie de formation (1920-21).

Grand gaillard du Shandong, Yang passe le plus clair de son adolescence en Russie tsariste, où il est venu chercher du travail en 1901 : d’abord en Sibérie, puis à Moscou durant une bonne dizaine d’années. Aussitôt après la révolution d’Octobre, il adhère au Parti bolchevik. Au printemps 1920, il accompagne en Chine l’un des premiers émissaires du Komintern, Voitinsky, auquel il sert d’interprète. Yang présente Voitinsky à Chen Duxiu, puis participe aux réunions où sont mises sur pied les premières organisations communistes antérieures à la fondation officielle du Parti en juillet 1921 : groupe communiste de Shanghai (voir Chen Duxiu (陳獨秀)) en mai 1920, cercle d’études marxistes shanghaïen durant l’été, Ligue de la Jeunesse socialiste en août, cercle d’études marxistes shanghaïen en septembre. Comme il parle et écrit le russe mieux que sa langue maternelle, on lui confie la responsabilité d’une Agence d’information sino-russe, qui publie des articles dans 31 journaux chinois tout en servant de couverture aux activités de Voitinsky. On lui confie aussi et surtout la direction d’une petite École des langues étrangères, installée au cœur de la concession française (6, Yuyangli) et financée par le Komintern. Cette école n’enseigne en fait que le russe et ses élèves sont tous des militants communistes, auxquels on donne une formation linguistique et idéologique sommaire avant de les envoyer à Moscou suivre les cours de l’Université communiste des travailleurs de l’Orient (voir Peng Shuzhi (彭述之)). Yang gère son école avec une indiscipline plus slave que chinoise, qui indispose certains de ses élèves, mais il est bon professeur et fervent communiste. C’est dans les locaux de l’École des Langues étrangères que le Hunanais Li Zhong (李中) (1897-1951), ouvrier au chantier naval du Jiangnan, crée le 3 octobre 1920 l’Union des ouvriers mécaniciens de Shanghai. Seuls les authentiques prolétaires peuvent adhérer à ce syndicat mais les membres honoraires Yang Mingzhai (楊明齋) et Chen Duxiu (陳獨秀) adressent des messages de bienvenue aux 70 à 80 ouvriers et ouvrières présents. La fondation de ce syndicat répond au souhait mainte fois formulé par Chen Duxiu : que les organes d’un authentique mouvement ouvrier supplantent les organisations traditionnelles peu fiables.
Après la fondation le 7 novembre 1920 (à l’occasion du troisième anniversaire de la révolution russe) de Gongchandang (Le Communiste), Yang traduit pour la revue les documents d’origine soviétique transmis par Voitinsky : rapport de Lénine au IXe congrès du Parti bolchevik, manifeste inaugural de la IIIe Internationale rédigé par Trotsky (tous deux de mars 1919), résolutions du IIe congrès de l’internationale (juillet-août 1920), etc. Au début de l’année 1921, il organise les voyages échelonnés de ses premiers élèves en direction de Moscou (voir Peng Shuzhi (彭述之)), puis dirige avec Dong Biwu (董必武) une commission de l’Éducation nouvellement créée, dont la tâche essentielle consiste à sélectionner les membres les plus prometteurs de la Ligue de la Jeunesse socialiste en vue de les envoyer se former à Moscou.
Le congrès de fondation du P.C.C. en juillet 1921 paraît avoir déçu Yang Mingzhai par la modicité de ses résultats et le faible niveau de ses débats. C’est du moins ce qu’il aurait confié à Peng Shuzhi à Irkoutsk dès le mois d’août. Selon Bao Huiseng (包惠僧), dont le témoignage s’accorde mal avec celui de Peng, Yang aurait été arrêté et détenu quelques jours par la police de la Concession française de Shanghai en compagnie de Chen Duxiu et de plusieurs autres communistes en septembre 1921. D’après Zhang Guotao (張囯燾), Yang s’est au cours des années suivantes violemment opposé à l’alliance du P.C.C. et du G.M.D., au point de solliciter son envoi en mission dans le lointain Gansu, trop dépourvu à l’époque d’organisations relevant tant du G.M.D. que du P.C.C. pour que le problème de la coopération avec les nationalistes s’y posât avec acuité. Dégoûté, Yang Mingzhai finit par quitter le P.C.C. à la fin de 1923 ou au début de 1924.
En dépit de leurs divergences relatives à l’activité et aux déplacements de Yang Mingzhai pendant la période postérieure au Ier congrès, la plupart des sources s’accordent à souligner sa franchise parfois brutale, son entêtement et sa fidélité quelque peu rigide aux principes. Certaines insistent en outre sur la générosité bourrue de ce Han slavisé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184545, notice YANG Mingzhai 楊明齋 par Lucien Bianco, version mise en ligne le 25 janvier 2017, dernière modification le 22 août 2017.

Par Lucien Bianco

ŒUVRE : Ping Zhongxi wenhua guan (Critique de conceptions relatives aux civilisations chinoise et occidentale), 1924 (ces conceptions sont celles qu’avaient exprimées Liang Qichao, Liang Shuming et Zhang Shizhao au cours de la célèbre controverse sur les civilisations orientale et occidentale).

SOURCES : Outre KC, voir : interviews de Peng Shuzhi. — Cadart/Cheng (1983). — Chang Kuo-t’ao (Zhang Guotao), I (1971). — Chow Tse-tsung (1960). — Kuo, I (1968). — Yeh (1996)- Ishikawa Yoshihiro (2013).

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