GUILLAUME Jean-Louis [pseudonymes dans la Résistance : Léo, Paul, CAVRET Yves]

Par Jean-Marie Guillon

Né le 20 août 1923 à Marseille (Bouches-du-Rhône), abattu le 27 décembre 1943 à Saint-Jean-en-Val (Puy-de-Dôme) ; ouvrier imprimeur ; responsable régional de la Jeunesse communiste (JC), Organisation spéciale (OS), résistant au sein de l’Organisation spéciale (OS) puis des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Né dans le milieu populaire de la Belle-de-Mai à Marseille, célibataire, ouvrier imprimeur, Jean-Louis Guillaume habitait chez ses parents, Marius et Élizabeth née Terelli. Il commença à militer en 1938. Il fut délégué au congrès régional de Marseille cette année-là. Son père qui était salarié aux Ateliers Terrin fut licencié après la grève du 30 novembre 1938 ce qui, d’après la police, le radicalisa. Membre du groupe de la JC du quartier de la Belle-de-Mai avant guerre, il serait resté inactif pendant cinq mois après la dissolution du PC, puis adhéra au Club des Lutteurs puis aux Enfants de Mistral où il trouva d’anciens militants de la JC (René Moreu, Canale, Laurence Fanucchi). Il fut sollicité par Pierre Georges pour s’engager dans l’action clandestine en mars 1940. Il fut désigné comme responsable JC de la Belle-de-Mai, puis fut coupé de l’organisation et aurait été mis à l’index par le PC, avant d’être « récupéré » grâce à René Moreu. Il intégra le bureau régional de la JC des Bouches-du-Rhône. Il faisait partie de son triangle de direction clandestin en novembre 1940, chargé par Pierre Georges de réorganiser la JC et pousser à l’action. Il aurait fixé un drapeau rouge et un drapeau tricolore sur le pont transbordeur lors de la visite du maréchal Pétain à Marseille début décembre 1940. Sans doute s’occupa-t-il un moment du Var où ses parents étaient venus s’installer. Il passa dans la clandestinité sous la fausse identité de Yves Cavret après l’arrestation du responsable des étudiants communistes en février 1941 et fut dès lors hébergé par un militant de Marseille, Marcel Deschanel, rue du Dr Sicard. Un mandat d’arrêt pour menées communistes fut lancé contre lui, le 18 mars 1941, alors que la JC régionale était démantelée par la répression. Il fut recherché en vain à Six-Fours (Var) chez son oncle où il s’était réfugié. Il aurait déclaré auparavant aux gendarmes aller travailler comme imprimeur à Roquevaire (Bouches-du-Rhône). Identifié comme Paul en fuite depuis février, il fit partie des inculpés du procès qui se tint devant la section spéciale du tribunal militaire de Marseille le 7 octobre 1941. La chute d’une partie de la direction de la JC (Jean Mérot, Albert Mencarelli, etc.) le rendit suspect aux yeux du parti, car soupçonné d’avoir trahi. Il resta sans liaison jusqu’en octobre 1941. Grâce à Deschanel et à un autre militant nommé Casazza, il fut contacté par un responsable, Jacques, qui lui aurait demandé d’accomplir une action d’éclat – un attentat contre la commission d’armistice italienne de Marseille - pour être tout à fait réhabilité. C’est en tout cas ce qu’il avoua à la police. Il est possible aussi qu’il soit passé à l’OS. Quoi qu’il en fut, il organisa ce qui fut la première tentative d’attentat par explosif à Marseille, le 29 novembre 1941, en lançant quatre cartouches de martinite – qui n’explosèrent pas - contre le car de la commission italienne d’armistice, esplanade de la Tourette, face au fort Saint-Jean. Les explosifs lui avaient été fournis par Jacques. L’attentat ayant échoué, celui-ci lui aurait demandé de faire une nouvelle tentative et lui remit d’autres explosifs peu avant la Noël 1941, alors qu’il était en instance de départ. Jean-Louis Guillaume fut arrêté le 12 janvier 1942. Ces explosifs furent retrouvés chez son logeur, Deschanel. La dynamite provenait de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône). Il fut condamné le 27 mai 1942 aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Marseille.
Alors qu’il se trouvait en prison, il figurait sur une liste noire du parti communiste datée du 5 septembre 1942, où diverses fautes lui étaient reprochées en tant que membre de la direction de la JC, notamment celle d’avoir fourni une ronéo au groupe communiste dissident de Joseph Pastor. Transféré à la prison du Puy (Haute-Loire), il fit partie du groupe de 80 évadés qui s’en échappa dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 1943. Il rejoignit alors le maquis FTP Gabriel-Péri qui stationnait alors dans le secteur de Sauxillanges (Puy-de-Dôme). Cette unité était très mobile pour éviter d’être repérée. C’est au cours d’un déplacement de Saint-Germain-l’Herm vers les bois de Fournol qu’elle fut interceptée par un barrage allemand, à Sarpoil, commune de Saint-Jean-en-Val (Puy-de-Dôme), le 27 décembre 1943. Jean-Louis Guillaume était avec trois hommes dans le véhicule de tête, une ambulance, du convoi du maquis de cette 1103e compagnie FTP. Après un accrochage avec le reste des maquisards qui avaient sauté de leur camion, les Allemands tuèrent trois résistants descendus de l’ambulance, Raymond Aurousset, Jean Guillaume et Paul Langlois quand le quatrième, Jean Casanova, resté dans le véhicule et blessé ou déjà mort, fut carbonisé dans le véhicule incendié.
Il a été homologué FFI et DIR, Mort pour la France, tué à l’ennemi. Sa durée de services homologués au sein des FTP du Puy-de-Dôme va du 1er octobre au 27 décembre 1943.
Son nom figure sur la stèle commémorative à Saint-Jean-en-Val.
La photo de son cadavre est conservée dans une archive privée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184632, notice GUILLAUME Jean-Louis [pseudonymes dans la Résistance : Léo, Paul, CAVRET Yves] par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 1er septembre 2016, dernière modification le 11 novembre 2021.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : AD Bouches-du-Rhône 1269 W 1, rapports de police judiciaire des 16 et 17 janvier 1942.— AD Var, 1W72, 3Z430, fonds du CDL.— Mémoire des Hommes SHD Caen DAVCC 21 P 198072 et 21 P 621687 , Vincennes GR 16 P 278029 (nc). —SHD Vincennes, dossier 19 P 63/5 : liste des membres de la formation Camp Gabriel-Péri ou 12e Bataillon .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état des morts ayant appartenu au Camp Gabriel-Péri .— Marcel-Pierre Bernard, Les communistes dans la Résistance. Marseille et sa région, Aix-en-Provence, Université Aix-Marseille I, thèse de doctorat de 3e cycle Histoire, 1982.— Léo Lorenzi, Pascal Posado, 1938-1945. Les communistes face à la tourmente dans les Bouches-du-Rhône, Marseille, Fédération du PCF des Bouches-du-Rhône, 1995.— Robert Mencherini, Midi rouge, ombres et lumière tome 2 Vichy en Provence (1940-1942) et tome 3 Résistance et occupation (1940-1944), Paris, Syllepse, 2009 et 2011 .— « C’était ainsi... Le combat de Sarpoil », Résistance d’Auvergne, n°5, janvier 1972 .— Archives municipales de Riom, fonds Georges Cathalifaud : Région FFI R 6 : état des morts ayant appartenu au camp Gabriel Péri .— MémorialGenWeb .— Archives Alphonse Rozier (photo). — Compléments par Eric Panthou.

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